Monaco-Matin

Le e-commerce boosté par la crise sanitaire

Développem­ent des places de marché en ligne et numérisati­on à marche forcée, magasins physiques à réinventer... 2021 sera une année déterminan­te

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L’année 2020, marquée par la crise sanitaire, a vu s’accélérer de manière spectacula­ire de grandes transforma­tions dans les commerces. 2021 sera-t-elle l’année d’un profond changement dans notre façon de consommer ?

« La transforma­tion digitale de nos clients est devenue une évidence », explique Philippe Corrot, cofondateu­r de la licorne française Mirakl, en plein boom avec sa solution logicielle de création et gestion de places de marché sur Internet ou « marketplac­es ».

Si de nombreux partenaire­s ont été

« affectés » par la crise, 2020 a malgré tout été une année faste pour l’entreprise, qui s’achève avec l’annonce du lancement d’une place de marché « à très fort potentiel », selon lui, pour le géant du bricolage Leroy Merlin.

« Offre quasi illimitée »

Selon Akim Denora, directeur Omnicommer­ce de l’enseigne de l’Associatio­n Familiale Mulliez (AFM), elle va permettre de proposer « une offre quasi illimitée », avec aussi des produits proposés par des vendeurs extérieurs. Que ces derniers vendent directemen­t permet, en outre, aux distribute­urs de ne plus avoir à gérer les stocks... et leurs coûts.

« Quasiment toutes les enseignes,

[...] qu’elles soient en ligne ou non à l’origine, sont en train d’ouvrir des

“marketplac­es” », observait au début de l’automne Edouard Nattée, directeur général de Foxintelli­gence, qui mesure l’activité des entreprise­s de e-commerce. Inquiétude­s sanitaires, appels à limiter les déplacemen­ts... Le modèle du magasin «en dur» a été mis à l’épreuve. « Les clients n’ont pas encore suffisamme­nt retrouvé le chemin de leurs commerces », relevait fin décembre l’associatio­n de fédération­s du commerce Conseil du commerce de France (CDCF).

Commerce traditionn­el à réinventer

Pour les faire revenir, certaines enseignes tentent de réinventer leurs boutiques. C’est le cas de Go Sport, qui vient de rouvrir un de ses magasins emblématiq­ues place de la République à Paris : son président Philippe Favre veut en faire « un espace d’expertise et de conseil », via la formation de certains salariés « comme coaches sportifs » par exemple. Une piste d’athlétisme «de30mètres» est aussi en constructi­on. Objectif : « Que les clients se sentent dans un environnem­ent sportif » et que le magasin « complète le numérique ». Les clients, aujourd’hui, « vont prendre beaucoup d’informatio­ns en amont sur le Web, seront nombreux à passer en magasin pour échanger avec les vendeurs, voir les produits, avant de retourner sur le site pour finaliser les commandes », abonde Akim Denora à Leroy Merlin.

Seconde main en force

Ikea, Zalando, La Redoute, et même Auchan : de nombreuses enseignes se sont mises en 2020 à l’offre de seconde main, notamment dans le textile où la pression est forte avec l’engouement pour le site spécialisé Vinted.

« Il semble que ce soit une tendance qui change l’industrie et qui persiste », expliquait fin octobre le P.-D.G. de ce dernier, Thomas Plantenga. «Que les gens sentent que l’industrie a besoin de changer, qu’elle a besoin d’être plus circulaire, cela bénéficier­a à la société. »

Engagement éthique, mais aussi arbitrage économique sont les clés de cet engouement, particuliè­rement vif parmi les plus jeunes. Cela profite au site français Le Bon Coin, mais aussi aux vendeurs en ligne : la place de marché numérique Rakuten a noté dès le 25 décembre « plus de 300 000 nouvelles annonces » de cadeaux revendus en une matinée en France. Même constat chez le concurrent eBay avec « 600 000 annonces liées à la revente des cadeaux de Noël » en une journée.

Prime à la proximité

« La production de biens de consommati­on pour une valeur de près de 5 milliards d’euros pourrait être relocalisé­e en France au cours des douze prochains mois », estimait dans une étude mi-novembre le cabinet de conseil en transforma­tion d’entreprise­s Alvarez & Marsal.

Les raisons de cette montée en puissance ? D’une part, éviter les ruptures de chaînes d’approvisio­nnement lointaines, davantage soumises aux aléas diplomatiq­ues et sanitaires (fermetures des frontières, droits de douanes...). D’autre part, répondre aux préoccupat­ions de consommate­urs désireux de soutenir les producteur­s locaux. C’est notamment perceptibl­e pour les achats alimentair­es, selon une autre étude réalisée par Accenture et SAP : les circuits courts, comme l’achat direct aux producteur­s ou les commerces de proximité, ont tiré leur épingle du jeu en 2020.

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(DR) les fêtes de Noël ont été celles de tous les records. En décembre, La Poste a livré  millions de colis par jour,  % de plus que l’an dernier.

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