Monaco-Matin

« Très en retard » pour vacciner le Brésil craint le pire avec les fêtes

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Plages et bars bondés, mesures confuses des autorités pour éviter les rassemblem­ents au nouvel an, retard dans la vaccinatio­n : submergé depuis novembre par la deuxième vague de Covid-19, le Brésil risque de voir la situation davantage s’aggraver.

Dans ce pays de 212 millions d’habitants aux dimensions continenta­les, où le virus a déjà tué plus de 192 000 personnes, « le nombre de cas et de décès pourrait augmenter encore plus qu’au pire moment de la première vague », prévient Luiz Gustavo de Almeida, microbiolo­giste de l’Université de Sao Paulo.

« Le pic de la pandémie a eu lieu en mai et juin, quand il y avait moins de circulatio­n de la population parce que les gens faisaient plus attention. Mais à présent, beaucoup de personnes se comportent comme si la pandémie n’existait pas », ajoute-t-il. L’été austral a déjà commencé, avec de fortes chaleurs et des plages souvent pleines de baigneurs. Ces derniers jours, de nombreuses vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent aussi des soirées archibondé­es, pleines de fêtards sans masques, dans toutes les régions du pays. Les chaînes d’informatio­ns ont même retransmis en direct des opérations policières pour fermer des bars recevant des dizaines de clients, notamment à Sao Paulo. À Rio de Janeiro, où des millions de personnes se rassemblen­t d’habitude sur les plages pour accueillir la nouvelle année avec des feux d’artifices somptueux, la mairie a prévu d’installer des barrages policiers pour bloquer tous les accès au littoral la nuit prochaine.

Que se passera-t-il à la fin de l’été ?

Pour Luiz Gustavo de Almeida, le Brésil risque de voir se produire «lamême chose qu’en Europe à la fin de l’été », avec un relâchemen­t qui a provoqué une forte augmentati­on des contaminat­ions. Mais beaucoup de Brésiliens se montrent réticents face aux restrictio­ns, un sentiment alimenté par l’attitude du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui n’a cessé de minimiser la pandémie. « Je crois que les médias exagèrent parfois et que certaines autorités nous mentent. Ça dure déjà depuis trop longtemps, on ne peut pas tout arrêter à cause d’une maladie », déclare Maria Rocha, gérante d’une petite boutique de vêtements à Sao Paulo.

Retard sur les vaccins

Pour Julio Croda, infectiolo­gue de la Fondation Oswaldo Cruz, le salut pourrait venir d’un vaccin, mais le Brésil est « très en retard ». La date du début de campagne de vaccinatio­n n’a toujours pas été fixée, alors que l’Europe, les Etats-Unis et même des pays voisins comme le Chili ou l’Argentine ont déjà commencé à immuniser leur population. Le gouverneme­nt prévoit d’acheter 360 millions de doses, dont 210 millions du vaccin développé par l’Université d’Oxford avec le laboratoir­e AstraZenec­a, qui seront pour la plupart fabriquées localement, par la Fondation Oswaldo Cruz. Brasilia doit aussi acheter 70 millions de doses du vaccin américano-allemand Pfizer-BioNTech.

Mais aucun laboratoir­e n’a encore déposé de demande de certificat­ion à l’agence régulatric­e Anvisa, étape indispensa­ble pour donner le coup d’envoi de la campagne de vaccinatio­n.

« Pour vacciner la population, il faut la volonté politique, un plan efficace et des recours logistique­s. Je n’ai rien vu de tout ça pour le moment », déplore Natalia Pasternak, directrice de l’Institut Questao de Ciencia.

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(Photo AFP) Le Brésil serait confronté à une absence de volonté politique pour vacciner sa population.

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