Monaco-Matin

« Nos objectifs n’ont pas changé »

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Les supporters se plaignent de ne pas voir de jeu, ni d’identité ou de caractère. Il est vrai que cette équipe manque d’âme. Comprenez-vous leur colère ?

Je comprends et je suis assez d’accord là-dessus. Je suis parfois, moi-même, frustré.

Il y a des manques. Sur l’esprit d’équipe, je reviens à l’idée du onze de départ. Ça ne peut venir qu’avec la reconducti­on d’un noyau dur de titulaires à chaque match. C’est ainsi qu’on se construit une identité, pas en changeant de onze toutes les semaines. Avoir une équipe jeune implique aussi des failles. Je le reconnais. Les jeunes sont un peu plus fragiles mentalemen­t. C’est pour cela que nous avons pris Morgan Schneiderl­in. C’est le rôle des cadres d’amener de la force et de la confiance sur le terrain et dans le vestiaire. La mauvaise série de résultats n’a pas arrangé les choses.

Vous arrive-t-il de vous agacer face au jeu pratiqué ?

Ça m’arrive. Comme face à cet entêtement à vouloir repartir de l’arrière. Ça nous joue des tours. Même les meilleures équipes font le ménage. Même Kyle Walker (défenseur de Manchester City) dégage parfois le ballon en touche. Si ce n’est pas systématiq­ue, il n’y a rien de mal à ça. Une chose encore : si vous regardez statistiqu­ement, quand nous avions la possession c’est seulement dans notre propre moitié de terrain. Heureuseme­nt, nous avons déjà vu quelques améliorati­ons à ce niveau lors des derniers matchs.

Avez-vous conscience que sans huis clos, l’équipe serait encore plus exposée au mécontente­ment des supporters. La pression serait plus forte. Et les choses bien plus compliquée­s...

On pourrait penser que c’est plus facile pour une jeune équipe de jouer à huis clos, mais je ne suis pas d’accord. Je ne suis pas sûr que cette analyse soit bonne. Je pense que les supporters sont derrière l’équipe, quoi qu’il arrive, et que cela aurait fait du bien à tout le monde notamment dans les moments difficiles. Nos supporters nous manquent énormément. Il n’existe rien qui puisse les remplacer.

Quel est le regard de votre frère Jim sur la situation ?

J’ai passé Noël avec lui. Il est serein. Conscient que rien n’est perdu. Il peut encore se passer beaucoup de choses d’ici la fin du championna­t.

« Pour rivaliser, il ne suffit pas d’un chéquier » Vous avez beaucoup investi à Nice. Vous est-il arrivé de le regretter ?

Non, loin de là. Nous avons conscience de la qualité du club, de ses installati­ons, de ses supporters. Nous avons Jean-Pierre et Julien qui sont les personnes qui vont nous aider à faire progresser le club et c’est tout ce que nous recherchio­ns. Mon frère passe beaucoup de temps dans le sud de la France et prend toujours du plaisir à venir aux matchs.

INEOS football parle beaucoup de projet, c’est quoi le projet, et où doit-il mener le club ?

Le projet débute à peine. La première saison, nous nous sommes qualifiés en Ligue Europa. Je sais, on s’est fait sortir prématurém­ent, et personne n’est content de ça. Mais tout de même, on a joué l’Europe ! Le projet est aussi global. On voit Brazao et Guessand qui jouent à Lausanne et acquièrent l’expérience du foot pro dans un bon championna­t. Dans l’autre sens, le jeune Dan Ndoye pointe le bout de son nez avec beaucoup d’enthousias­me. On peut aussi noter la qualité des joueurs formés au RC Abidjan qui commencent a émerger, notamment à Lausanne. Vous l’avez compris : nos trois clubs collaboren­t. Il y a des passerelle­s, des buts communs. C’est ce que nous devons faire pour rivaliser avec les top-clubs. On ne peut pas le faire uniquement avec un chéquier. On doit miser sur nos jeunes joueurs, les pousser vers le haut, et certes parfois en vendre. Mais notre modèle ne repose pas sur le trading. Notre mission est de faire travailler les trois clubs ensemble pour développer des joueurs et en faire un projet pérenne.

Quand on vous a rencontré avant le rachat du club, vous nous aviez dit qu’en France, il y a de la place juste derrière le PSG. Peut-on jouer dans la cour des grands avec des jeunes comme Dan Ndoye ? Bref, votre discours est-il toujours de mise ?

Absolument, Ndoye est juste un exemple. On a aussi

Jeff Reine-Adelaide, Dolberg, Boudaoui. Si on regarde notre effectif, je crois que l’on a des joueurs exceptionn­els d’un point de vue du potentiel. Je n’oublie pas Gouiri, Atal, Claude-Maurice et tous les autres. Robson Bambu est critiqué, mais je pense qu’il deviendra un candidat sérieux à la Seleçao dans les prochaines années. Il a tous les atouts pour un top-défenseur. Pour lui, comme pour nous, il faut juste un peu de temps.

L’ambition d’être dans le top  n’a donc pas changé ?

Nos objectifs n’ont pas changé. Ce n’est que notre deuxième saison à la tête de l’OGCN. Aucun projet ne peut arriver à maturité si vite. Il faut être patient.

INEOS Sports, c’est aussi une équipe de cyclisme, avec des stars comme Egan Bernal, et un récent investisse­ment dans la F. On peut y voir un décalage avec le Gym et ses jeunes joueurs...

Les autres sports ne sont pas soumis au Fair-Play financier de l’UEFA. C’est une première chose. On est arrivé dans le cyclisme par Sky et dans la F par Mercedes : deux équipes déjà au top. Au sommet. Dans le football, ce n’est pas le cas. Alors, on essaie de construire quelque chose. C’est un vrai projet.

On en est au début. On ne va pas se mettre à acheter des grands noms, ça ne rendrait pas le modèle vertueux. Ça permettrai­t de faire quelques coups d’éclat, mais pas de construire quelque chose sur le long terme. On doit mettre de l’énergie sur notre formation. Préparer demain.

La Covid et l’effondreme­nt des Droits TV peuvent-ils mettre l’OGC Nice en danger ?

C’est un problème qu’on préférerai­t ne pas avoir. On fera avec. Tout le monde souffre de la Covid. Il n’y a plus de billetteri­e. Il faudra être vigilant. C’est un problème général au niveau du football. En France, il y a en plus la catastroph­e Mediapro. Mais là non plus, pas de panique. On fera face.

« Nice est le seul endroit au monde où on me demande des selfies » On sent un attachemen­t réel au club. Est-ce que l’OGCN est désormais votre club de coeur ?

Nice est le seul endroit au monde où on me demande des selfies. Rien que pour ça, cette ville est vraiment très spéciale dans mon coeur. (rires) Plus sérieuseme­nt, à chaque fois que mon frère ou moi venons à Nice, tout le monde est très positif. On ressent des bonnes ondes autour du club. On aime beaucoup l’accueil que la ville et les Niçois nous ont réservé. Donc oui, nous sommes désormais des grands supporters du Gym.

Nous entrons dans la période des voeux, qu’est-ce qu’on peut souhaiter à l’OGC Nice, et à vous en particulie­r ?

(Rires) La même chose dans les deux cas ! Améliorer nos résultats. Si on arrivait à terminer au même niveau que la saison dernière (e), ça nous rendrait très heureux. Personnell­ement, je souhaite voir nos supporters revenir rapidement au stade pour y voir des victoires et du beau football.

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