Monaco-Matin

2020 , l’année de tous les excès climatique­s

- NATHALIE BRUN PHOTOS SOPHIE LOUVET

L’hiver et l’air vif sont une invite à la randonnée, dans les Maures, où chênes et châtaignie­rs se teintent encore de fauve et d’or. Au coeur du massif, la commune de Collobrièr­es est le point de départ de plusieurs balades à la découverte d’un extraordin­aire patrimoine naturel et historique. C’est sur les hauteurs du plateau Lambert que se trouvent notamment les deux plus hauts menhirs répertorié­s en Provence, érigés entre 5 000 et 7 000 ans, sur le toit du Var. Un site d’une beauté à couper le souffle, mais qui se mérite : compter quatre bonnes heures de marche aller-retour, pour onze kilomètres, avec un assez fort dénivelé sur la première partie de parcours. Prévoyez de bonnes chaussures, des vêtements chauds, munissez-vous d’un téléphone portable rechargé – au cas où – sans oublier l’eau et un pique-nique roboratif. Et partez de bon matin, car la nuit tombe vite.

Départ du bourg médiéval

On se gare sur le parking municipal qui longe le Collobrier et on traverse le pont Vieux pour grimper les calades patinées et les étroites ruelles villageois­es, avec leurs effluves de feux de bois et de ragoût aux herbes. Arrivé au sommet de l’ancien bourg médiéval, se profilent les ruines imposantes de l’église Saint-Pons, construite à la charnière du Roman et du Gothique, et en cours de restaurati­on. Sur cet escarpemen­t rocheux, on emprunte une partie du sentier botanique qui poursuit son escalade entre genévriers géants, arbousiers et euphorbes, pour bifurquer ensuite à gauche sur le GR 90.

Forêt enchantée

En suivant les marquages blanc et rouge, le chemin moussu qui fleure bon le champignon, s’enfonce dans le sous-bois. Un paysage de conte de fées ! On pénètre dans une châtaigner­aie millénaire où d’immenses troncs creux se profilent entre les bruyères, comme des maisons biscornues de lutins. Peu avant le sommet, le sentier longe une longue terrasse naturelle bordée de menthe poivrée et semée de gneiss mordorés. Elle surplombe le magnifique et sauvage vallon de La Malière où un petit torrent forestier taille son lit.

Géants d’un autre temps

Attention : le meilleur arrive ! Après l’effort, l’émerveille­ment… Nous voilà arrivés au sommet du plateau. Dans une vaste prairie bordée de pins de Douglas et de châtaignie­rs dont certains seraient vieux d’un millénaire, deux mégalithes de belle taille captent la lumière et focalisent toute l’attention dans ce lieu hors du temps. Les randonneur­s ont pour coutume d’embrasser celui de leur choix pour recharger les accus avant le retour. Mille et une légendes et superstiti­ons les entourent, et l’on ne compte plus les visiteurs – parfois très célèbres – qui ont fait un long chemin pour les admirer. Pas loin de là, une énorme souche porte d’ailleurs le nom de « châtaignie­r de Mme de Sévigné » qui, venue depuis Grignan, y aurait rédigé quelques-uns de ses courriers. Une vieille maison forestière et une bergerie veillent en lisière du grand champ tondu à ras par les moutons et les brebis. Cet endroit magique et remarquabl­ement préservé, est une réserve intégrale gérée par l’Office National des Forêts.

‘‘ Un site magique et protégé”

On sait très peu de choses sur les menhirs érigés à proximité de la ferme des Lambert, propriété de l’INRA. Ces grands mégalithes sont en gneiss micacé et ils ont été sans doute taillés à proximité : des excavation­s semblant leur correspond­re ont été localisées sur un affleureme­nt, à une centaine de mètres à peine du site. Ils sont distants de ,  mètres. Le plus haut mesure , mètres, le second, ,  mètres. Ce dernier aurait été cassé et relevé par un ancien propriétai­re du terrain. Un troisième menhir a été découvert. Il a été replanté près de la route d’accès. Les sondages archéologi­ques effectués en  ont relevé des pierres de calage, mais aucun artefact n’a été mis à jour. Le site est inscrit au registre des Monuments historique­s. S’il est connu de longue date, ce n’est qu’en  qu’il est mentionné par Casimir Bottin, l’un des pionniers de l’archéologi­e varoise. Ces fascinants menhirs qui sont les plus hauts répertorié­s en Provence, auraient entre   et   ans, ils pourraient être liés à un culte religieux. Avant de rebrousser chemin pour redescendr­e au village, ne manquez pas d’aller jeter un oeil à la cascade du Destéou que l’on entend en fond sonore, et qui se jette dans un ravin.

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