Monaco-Matin

Aubépine, comptine... retour sur les traditions du jour de l’An

Retrouvez comme chaque samedi, la rubrique d’art et d’histoire du pays Mentonnais

- JEAN-LOUIS CASERIO

Au XVe siècle, le seigneur de Menton Cathalan ordonna pour l'amour de Dieu qu'une aumône composée de pain, de vin et de fèves soit distribuée à ses sujets le jour de l'An.

Bien plus tard, le 31 décembre était marqué par la messe de fin d’année à l’issue de laquelle on échangeait joyeusemen­t les premiers souhaits : « Bonne Année » disaient les uns, « Bonne fin » répondaien­t les autres, « une de plus, une de moins », reprenaien­t les plus anciens.

Le jour de l’an, il était de bon augure de rencontrer un bossu ou bien d’accueillir une personne de sexe masculin comme premier visiteur de la maison. Ce jour-là, les enfants allaient demander étrennes, cadeaux et friandises à leurs parrains, en disant : « L’an neuf est né ce matin, bonne année et bonne fin. D’autres répondent : « Bonne Année, bien remplie, bien accompagné­e ». En on chantait cette comptine : « Un an tout neuf, Plein comme un oeuf, De beaux draps de soie, Une force de boeuf, De la viande dans les haricots, Et des sous… Quand il pleut. »

Le gui d’aubépine

Comme le gui, pendu à l’entrée de la maison est porteur de bons présages, l’aubépine, cette « épine blanche » est reconnue comme porte-bonheur depuis les temps les plus reculés. Cet arbrisseau aux belles fleurs blanches est dédié à la Sainte Vierge. Déjà, les Romains attachaien­t les branches d’aubépine sur les berceaux des nouveau-nés car, grâce à ses piquants, elles chassent les maladies et les mauvais sorts. L’épine blanche placée dans la maison écarte les humeurs du temps et éloigne la foudre du troupeau. C’est dans son bois très dur que l’on faisait le billot du bourreau !

Le gui collé sur le bois d’aubépine assure encore une meilleure protection. Dans la médecine populaire, il remédie aux coliques et aux états fébriles et serait efficace contre les cancers.

Les petites baies qui font le régal des oiseaux (merles et mésanges), une fois cuites donnent une colle fine et forte utilisée par les oiseleurs. Ainsi, les Mentonnais chassaient-ils autrefois les tarins à la glue à l’aide de petites brindilles enduites de colle et appelées gluau. Cette pratique est à l’origine d’une expression locale pour railler les nigauds et les niais ! « Celui-là veut attraper les cigognes à la glue » !

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(Photo yuris/RF) La fleur d’aubépine.

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