Monaco-Matin

« On est condamné à voir les températur­es augmenter »

L’expert Hervé Le Treut, climatolog­ue à Toulon

- RECUEILLI PAR M. T.

2020, année la plus chaude en France depuis 1900. Pourquoi ?

Parce qu’on émet des gaz à effet de serre dans l’atmosphère qui réchauffen­t la planète. Mais c’est un problème mondial. Ces gaz ne connaissen­t pas de frontière. Au-dessus de nos têtes, on a des gaz qui viennent des Etats-Unis, de Chine. Nos gaz à nous contribuen­t au réchauffem­ent de la Nouvelle-Zélande, de l’autre côte de la planète, sauf que la contributi­on française c’est  % des gaz à effet de serre. Ces gaz sont mélangés parce qu’ils restent très longtemps dans l’atmosphère. Leur durée de vie est de l’ordre du siècle.

Doit-on redouter de nouveaux records de chaleur en 2021 ?

On va continuer à avoir un réchauffem­ent dans les décennies qui viennent. Ces records de chaleur on ne va peut-être pas les vivre tous les ans, car d’une année sur l’autre il y a des fluctuatio­ns. Mais globalemen­t on est condamné à voir les températur­es augmenter car tous les ans on rajoute du CO2.

Aujourd’hui, on ne parle plus d’empêcher le réchauffem­ent mais de l’atténuer. Si on veut stabiliser à 1,5° C il faut atteindre pratiqueme­nt le zéro carbone d’ici à 2050. C’est-à-dire supprimer l’usage du charbon, du pétrole, du gaz naturel qui sont les premiers facteurs d’émission de gaz à effet de serre.

Ça veut dire de se séparer, en trente ans, des voitures, des avions tels qu’on les connaît, à l’échelle mondiale.

L’événement climatique le plus marquant de 2020 dans la région est la tempête Alex. Est-ce lié au dérèglemen­t climatique ?

Un événement peut toujours survenir de manière naturelle. Mais on voit des événements de plus en plus fréquents et puissants partout sur la planète : inondation­s, sécheresse. Et c’est cette modificati­on globale du climat qui fait la preuve du changement.

Faut-il s’attendre à d’autres catastroph­es ?

Il faut s’attendre à des événements qui viendront par surprise. Mais on connaît les types de risque auxquels on est confrontés. Les vingt prochaines années sont largement dictées par ce qui a déjà été émis comme gaz à effet de serre. On doit anticiper de façon extrêmemen­t active, s’adapter car le danger est déjà là, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

La Côte d’Azur et le Var sont-ils des zones à risque ?

Oui, depuis longtemps. Dans la région méditerran­éenne, en fin d’été, on a des eaux qui restent chaudes tandis que la surface continenta­le a tendance à se refroidir. Cette différence de températur­e provoque une condensati­on avec des chutes d’eaux importante­s. Ce risque est fortement aggravé par la manière dont on gère le territoire.

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