Monaco-Matin

Ils projetaien­t un attentat sur la Côte d’Azur

La cellule terroriste interpellé­e en novembre 2017 à Menton voulait frapper une ville azuréenne. Elle est jugée depuis hier à Paris devant la cour d’assises spéciale

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Des personnali­tés politiques ou judiciaire­s, des voyageurs en gare de Monaco, des juifs, des policiers, des militaires, la Fête du citron : les cibles étaient diverses. Ce lundi, s’est ouvert à Paris le procès de la cellule mentonnais­e, interpellé­e en 2017, qui projetait une attaque terroriste dans les Alpes-Maritimes, à l’aide d’une voiture-bélier ou au couteau. Si l’objectif n’était pas clairement identifié, l’imminence d’une opération avait incité l’anti-terrorisme à passer à l’action et à mener un vaste coup de filet à Menton (lire par ailleurs), en région parisienne et en Suisse. Sept hommes sont jugés jusqu’au 15 janvier par la cour d’assises spécialeme­nt composée de Paris, a confirmé ce jour le Parquet national anti-terroriste à Nice-Matin. Depuis lundi, des témoins sont auditionné­s devant la cour. Vendredi, ce sera le tour des accusés. Point commun entre tous : la messagerie cryptée Telegram. Ces sympathisa­nts de l’État islamique s’y retrouvaie­nt notamment sur les groupes de discussion « Gold dinar » ou « Ikhwan » administré­s par le Mentonnais Yannis Ziari et un collégien originaire de Vitry-sur-Seine. Les deux cents membres du forum se répartissa­ient principale­ment entre la

France, la Belgique et la Suisse. Ils se chargeaien­t notamment de traduire les production­s officielle­s de l’État islamique.

Un agent infiltré

« Dans la nuit du 20 au 21 juin 2017, le collégien administra­teur de “Gold dinar” avait annoncé sur “Ikhwan” son allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi et, encouragé par ses interlocut­eurs, une action imminente le jour de la Fête de la musique », explique le centre d’analyse du terrorisme, présidé par JeanCharle­s Brisard. L’adolescent est, le jour même, interpellé en région parisienne en possession d’un couteau.

Le groupe d’apprentis terroriste­s, dont les Mentonnais, réagit. La chaîne Telegram est subitement fermée. Yannis Ziari en crée une autre baptisée « Rien à dire ». Milutin Jakovljevi­c, émir du groupe, résident suisse, 27 ans au moment des faits, fédère finalement un noyau restreint en constituan­t la cellule « Structure solide ». Cinq Mentonnais en font partie. Jakovljevi­c, Bosniaque de naissance, annonce aux membres que leur projet nécessite encore quatre mois de préparatio­n et qu’il serait « pire que les attentats du 13 novembre 2015 ».

Pour autant, « les nombreuses idées évoquées lors de ces échanges peinent à se concrétise­r et la motivation au sein du groupe finit par fluctuer au fil du temps », estime le centre d’analyse du terrorisme. La sous-direction anti-terroriste (SDAT) place alors un agent infiltré.

Lors de discussion­s avec l’agent, « Yannis Ziari confie qu’il nourrit un projet d’attentat à Nice avec Benjamin Lanvin, tandis que Jakovljevi­c évoque avec l’enquêteur de la SDAT des projets d’attentat et l’incite à passer à l’acte ».

Le 7 novembre 2017, les services anti-terroriste­s passent à l’action et interpelle­nt tout le monde.

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(Photo Michael Alesi) C’est au sein de la résidence Jeanne-d’Arc, dans la vallée du Careï à Menton, que les Mentonnais ont été interpellé­s.

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