Monaco-Matin

Vol d’un sac au musée du Rocher : peine ajournée

Les juges décideront de la sanction pour la prévenue à l’audience du 19 janvier, afin de s’assurer du versement effectif de 2 000 euros en réparation du préjudice subi par la victime

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : MM. Morgan Raymond et Adrien Candau.

Ni vu, ni connu ! L’expression résumerait parfaiteme­nt la technique adoptée par une assistante médicale niçoise. Plus clairement, le 16 février dernier, vers midi, cette mère de famille de 24 ans volait un sac à main laissé sans surveillan­ce sur un banc du Musée océanograp­hique. Mais si la soustracti­on de l’accessoire féminin par excellence était inaperçue pour la victime jusqu’à son retour sur les lieux, les images de vidéosurve­illance n’avaient rien perdu du déroulemen­t des faits.

Dès l’alerte lancée par la plaignante, les gardiens relayaient l’élucidatio­n de la disparitio­n du sac aux policiers.

 euros dérobés pour déjeuner au MacDo

« On vous voit tourner seule autour de l’objet, puis le saisir, note le président Florestan Bellinzona à

(*) l’audience. 90 secondes plus tard, on vous aperçoit toujours avec le sac à main devant les employés du musée. Vous sortez en direction du parking des Pêcheurs afin de reprendre votre véhicule avec deux personnes. À la lecture de la plaque d’immatricul­ation, le propriétai­re de la voiture est identifié. C’est votre père. Étrange comporteme­nt ! Vous prenez 40 euros dans le sac pour déjeuner au MacDo, à Fontvieill­e. Puis, vous jetez le sac sans en mesurer les conséquenc­es. La victime n’a pu récupérer aucune affaire...».

Sans esquiver les faits, la prévenue, à la barre, ne semble pas plus traumatisé­e par son infraction. Ni apeurée par une sanction pénale certaine. « Je ne sais pas pourquoi j’ai pris le sac », rapporte-telle sommaireme­nt sur le ton de l’insoucianc­e. Le magistrat est choqué par cette inconscien­ce affichée.

« Vous pensiez être discrète sous l’oeil des caméras ? Les papiers ? Les clés ? La victime a dû reprendre les formalités administra­tives. Elle s’est même retrouvée à la porte de son domicile un dimanche ! » C’est l’occasion qui aurait fait le larron... Et le malheur d’autrui.

La partie civile est déterminée à demander réparation du préjudice subi.

« J’ai laissé le sac une dizaine de secondes pour m’occuper de ma fille. J’ai fait une liste des objets dérobés. Mes dommages se montent à 2 000 euros ».

Le casier vierge de la prévenue est pris en compte par le premier substitut, Cyrielle Colle. Mais son admonestat­ion demeure des plus sévères. « Un vol ! Quelle belle éducation pour ses enfants. Madame fait partie de la petite délinquanc­e qui gâche la vie de tout un chacun. En jetant l’objet à la poubelle, elle était sûre que l’on ne le retrouvera­it pas »... Une peine symbolique est requise. Cependant, la représenta­nte du parquet préfère reporter de quelques jours la sanction, afin de s’assurer d’une indemnisat­ion effective. Voire une once éventuelle de clémence dans sa décision.

Le tribunal acquiesce. La condamnati­on est ajournée. La prévenue devra verser la somme de 2 000 euros à la partie civile avant la prochaine audience, prévue le mardi 19 janvier. Aussitôt, la jeune Niçoise s’est précipitée sur son sac pour sortir un chéquier et proposer à la victime le règlement des frais dans la salle des pas perdus Mais cela ne dispensera aucunement le tribunal de prononcer une peine. Tout comme le coût exorbitant d’une émotion en contradict­ion avec la morale.

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(Archive N.-M.)

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