Monaco-Matin

Boris Herrmann a franchi le Cap Horn en 10e position

Hier à 2 h 27 du matin, le skipper allemand à la barre d’un monocoque monégasque, a franchi ce lieu mythique du Vendée Globe. Tout en réparant une déchirure à la grand-voile

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Le Cap Horn. Ce n’est qu’un austère caillou, à la pointe australe de l’Amérique du Sud. Mais le lieu demeure terribleme­nt célèbre dans le microcosme marin. Beaucoup s’y sont cassé les dents, d’autres y ont perdu la vie. Début novembre, à la veille de quitter Les Sablesd’Olonne pour un périple inaugural dans le Vendée Globe, c’est par ces mots bien choisis que Boris Herrmann, à la barre du Seaexplore­r - Yacht-club de Monaco, l’avait décrit.

« C’est là qu’il y a les plus grandes tempêtes, les vagues les plus hautes. Il n’y a pas d’échappatoi­re. Une fois qu’on y est, on ne peut pas changer de cap vers le nord sous peine d’être piégé près des côtes chiliennes. Là-bas, il faut vivre avec la météo qu’on rencontre, alors qu’ailleurs, on essaie plutôt d’éviter les grands coups de vent, et les dépression­s trop fortes. Au cap Horn, on ne peut pas se dérouter. On prie pour que ça se passe bien. »

« Rattraper ce retard »

Le skipper allemand l’avait déjà franchi à quatre reprises, en équipage. Jamais en solitaire. Hier, à 2 h 27 du matin, ce fut chose faite avec un cinquième passage dans des conditions pour le moins dantesques : 5 à 6 mètres de creux, 35 noeuds de vent, forcissant à 40. Avec, en prime, un atelier couture pour réparer une déchirure dans sa grand-voile. « Chaque passage est différent, et celui-ci fut également très intense tant physiqueme­nt que mentalemen­t, réagit-il. Dans une mer très formée, j’ai pu commencer la réparation, mais je dois encore attendre que les patches collés sèchent avant de pouvoir recoudre. J’ai d’ailleurs dû faire route un peu plus au sud pour pouvoir réaliser cette réparation. Cette attente était très frustrante et a un peu gâché ce moment tant attendu du passage du Horn, même si l’émotion était bien là. Mais cette épreuve me donne encore plus la déterminat­ion de rattraper ce retard. Je suis content de laisser derrière moi le Pacifique. »

En dixième position, dans le sillage de cinq autres concurrent­s, le marin a donc définitive­ment quitté le Grand Sud, où il aura rencontré des conditions exécrables au fin fond de l’Océan Austral, pour amorcer la grande remontée de l’Atlantique. Un sacré morceau, aussi, tant les systèmes météorolog­iques sont variés et complexes.

Dilemme sur la route à suivre

Après plus de 20 000 milles parcourus (37 000 km), sans escale ni assistance, la régate semble plus serrée que jamais. Les observateu­rs le clament bien volontiers : cette neuvième édition du Vendée Globe est complèteme­nt dingue. Le chemin jusqu’aux Sables-d’Olonne reste semé d’embûches et les pépins mécaniques guettent dangereuse­ment ces hommes et femmes perdus dans l’immensité bleue. Sur trente-trois engagés, six ont été contraints à l’abandon. Hier soir, Boris Herrmann filait à 11,9 noeuds à 805,5 miles nautiques (1 491 km) du leader, Yannick Bestaven. Depuis le début, le skipper allemand joue la carte de la prudence, ménageant sa monture. « Depuis le départ de la course, j’ai fait le choix de freiner parfois le bateau afin de le préserver et d’éviter la casse », poursuit-il. Une dernière portion où il compte bien déployer tout le potentiel de ses foils. Prochain dilemme pour le marin : déterminer la route à suivre. Choisir entre les eaux plus calmes du détroit de Le Maire, entre la Patagonie et l’île de Staten, ou partir en pleine mer, en laissant les îles Malouines à bâbord.

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(DR) Le skipper allemand amorce désormais la remontée de l’Atlantique jusqu’aux Sables-d’Olonne.

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