Rapt de Jacqueline Veyrac : Serena seul contre tous
Giuseppe Serena, 67 ans, présenté comme le commanditaire des deux enlèvements en 2013 et 2016 à de Jacqueline Veyrac, clame son innocence et accable ses coaccusés
On l’imagine au temps de sa splendeur, avec son accent italien charmeur, son rire tonitruant, saluer les clients de table en table, dans une trattoria de la rue Lascaris à Nice, fier d’arborer un macaron au guide Michelin. Fort de ce succès, il a pris dans le même temps la location-gérance du prestigieux restaurant La Réserve au port. Depuis 2009, Serena a tout perdu : son compagnon finlandais, as des fourneaux, sa fortune, réelle ou supposée et sa liberté.
Même s’il est à l’extrême droite du box, séparé des autres coaccusés, Giuseppe Serena est au coeur du procès des enlèvements (l’un raté, l’autre réussi) de Jacqueline Veyrac. Le président Patrick Veron l’invite à s’expliquer : « Vous êtes présent dans les deux dossiers de 2013 et 2016, poursuivi pour tentative d’extorsion, association de malfaiteurs, complicité d’enlèvement.
Quelle est votre position ? Que voulez-vous nous dire ? »
Giuseppe Serena, 67 ans, se lève, stature impressionnante et souffle court : « Je confirme intégralement toutes mes déclarations de garde à vue et pendant l’interrogatoire du juge d’instruction... Je n’ai absolument rien à voir avec cette organisation, cette mascarade. Ils ont trouvé en moi le coupable idéal. Je suis totalement innocent, je le dis depuis quatre ans. Personne ne prend en considération mon état de santé alors que certains sont libres. »
Il charge son ami de quarante ans
(DR)
Giuseppe Serena charge Enrico Fontanella, son ami de quarante ans, absent tant son état de santé l’empêche, selon les médecins experts, de comparaître.
« Il cherche à me faire porter le chapeau », affirme Serena.
« Pourquoi avez-vous autant d’accusateurs dans le dossier », s’interroge le président Véron. « Fontanella a étudié ce projet et l’a organisé avec Dutton et Durso », rétorque, toujours aussi énergique, le sexagénaire. Devant l’enquêteur de personnalité, Giuseppe Serena s’est vanté d’avoir travaillé au ministère du Budget italien, tout en omettant ses condamnations pour banqueroute dans son pays natal. Il a parlé de ses fonctions de conseiller municipal dans sa ville de Salassa, a évoqué de multiples projets de reprise d’établissements comme Le Masque de Fer, sur l’île Sainte-Marguerite. Etablissement sur le domaine maritime qui sera détruit.
Pas de problème financier à l’écouter. Son compte offshore au Panama le mettrait à l’abri du besoin mais l’enquêteur de personnalité fait remarquer que M. Serena a laissé 43 000 euros d’arriérés de loyer à son compagnon cuisinier.
A plusieurs reprises, le président Veron rappelle aux jurés qu’en l’absence de documents, les propos tenus par l’accusé devant l’enquêteur de personnalité sont invérifiables. Aujourd’hui mercredi, les enquêteurs de la police judiciaire se succéderont à la barre avec un certain nombre de preuves. Ils expliqueront avec force détails pourquoi, selon eux, Giuseppe Serena, par appât du gain, a préparé à deux reprises l’enlèvement de la riche Jacqueline Veyrac. Un dur retour à la réalité du dossier après la parenthèse enchantée de sa vie professionnelle.