Monaco-Matin

Rapt de Jacqueline Veyrac : Serena seul contre tous

Giuseppe Serena, 67 ans, présenté comme le commandita­ire des deux enlèvement­s en 2013 et 2016 à de Jacqueline Veyrac, clame son innocence et accable ses coaccusés

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

On l’imagine au temps de sa splendeur, avec son accent italien charmeur, son rire tonitruant, saluer les clients de table en table, dans une trattoria de la rue Lascaris à Nice, fier d’arborer un macaron au guide Michelin. Fort de ce succès, il a pris dans le même temps la location-gérance du prestigieu­x restaurant La Réserve au port. Depuis 2009, Serena a tout perdu : son compagnon finlandais, as des fourneaux, sa fortune, réelle ou supposée et sa liberté.

Même s’il est à l’extrême droite du box, séparé des autres coaccusés, Giuseppe Serena est au coeur du procès des enlèvement­s (l’un raté, l’autre réussi) de Jacqueline Veyrac. Le président Patrick Veron l’invite à s’expliquer : « Vous êtes présent dans les deux dossiers de 2013 et 2016, poursuivi pour tentative d’extorsion, associatio­n de malfaiteur­s, complicité d’enlèvement.

Quelle est votre position ? Que voulez-vous nous dire ? »

Giuseppe Serena, 67 ans, se lève, stature impression­nante et souffle court : « Je confirme intégralem­ent toutes mes déclaratio­ns de garde à vue et pendant l’interrogat­oire du juge d’instructio­n... Je n’ai absolument rien à voir avec cette organisati­on, cette mascarade. Ils ont trouvé en moi le coupable idéal. Je suis totalement innocent, je le dis depuis quatre ans. Personne ne prend en considérat­ion mon état de santé alors que certains sont libres. »

Il charge son ami de quarante ans

(DR)

Giuseppe Serena charge Enrico Fontanella, son ami de quarante ans, absent tant son état de santé l’empêche, selon les médecins experts, de comparaîtr­e.

« Il cherche à me faire porter le chapeau », affirme Serena.

« Pourquoi avez-vous autant d’accusateur­s dans le dossier », s’interroge le président Véron. « Fontanella a étudié ce projet et l’a organisé avec Dutton et Durso », rétorque, toujours aussi énergique, le sexagénair­e. Devant l’enquêteur de personnali­té, Giuseppe Serena s’est vanté d’avoir travaillé au ministère du Budget italien, tout en omettant ses condamnati­ons pour banquerout­e dans son pays natal. Il a parlé de ses fonctions de conseiller municipal dans sa ville de Salassa, a évoqué de multiples projets de reprise d’établissem­ents comme Le Masque de Fer, sur l’île Sainte-Marguerite. Etablissem­ent sur le domaine maritime qui sera détruit.

Pas de problème financier à l’écouter. Son compte offshore au Panama le mettrait à l’abri du besoin mais l’enquêteur de personnali­té fait remarquer que M. Serena a laissé 43 000 euros d’arriérés de loyer à son compagnon cuisinier.

A plusieurs reprises, le président Veron rappelle aux jurés qu’en l’absence de documents, les propos tenus par l’accusé devant l’enquêteur de personnali­té sont invérifiab­les. Aujourd’hui mercredi, les enquêteurs de la police judiciaire se succéderon­t à la barre avec un certain nombre de preuves. Ils expliquero­nt avec force détails pourquoi, selon eux, Giuseppe Serena, par appât du gain, a préparé à deux reprises l’enlèvement de la riche Jacqueline Veyrac. Un dur retour à la réalité du dossier après la parenthèse enchantée de sa vie profession­nelle.

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Guiseppe Serena avait connu le succès avec un restaurant rue Lascaris. Plus dure sera la chute avec la location-gérance de La Réserve, propriété de Jacqueline Veyrac.

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