Marie-Odile Mergnac la généalogie .
Troisième loisir préféré des Français après le jardinage et le bricolage, la généalogie suscite un engouement sans précédent depuis le premier confinement. Mode d’emploi, avec Marie-Odile Mergnac, auteure du passionnant ouvrage Généalogie.
Prix de l’Académie des sciences morales et politiques pour ses travaux sur les noms de famille, Marie-Odile Mergnac est à l’origine des collections de généalogie, notamment chez Hachette Encyclopédie. Elle a créé le Grand salon annuel de généalogie à Paris et intervient régulièrement sur ce thème, qui la passionne depuis son adolescence, dans les médias. Un thème qui captive de plus en plus de personnes, tous profils confondus. Quels sont les éléments déclencheurs que l’on retrouve chez celles et ceux qui déploient une prodigieuse énergie à reconstituer leur arbre ? « Dominique Desjeux, qui est professeur de sociologie à Paris V, avait fait une enquête auprès de 11 000 généalogistes en 2011, révèle Marie-Odile Mergnac. Les secrets de famille n’étaient un élément moteur que dans 5 % des cas. Les trois principaux cas de figure étaient soit une réunion de famille où l’on retrouve un cousin sympa avec lequel on a oublié le lien de parenté qui nous relie ; la disparition de la génération précédente, moment où l’on doit vider une maison, trier des papiers, où l’on retrouve de vieilles photos, des documents anciens. On regrette de ne pas avoir interrogé, parce qu’il y a des visages qu’on ne reconnaît pas, des lettres qu’on ne comprend plus. Et la troisième raison, de plus en plus fréquente, c’est l’enfant qui revient de l’école primaire le soir à la maison avec un arbre généalogique à compléter. »
Rencontres à la clé
Source de liens inédits entre les générations au sein d’une famille, la généalogie est aussi une activité communautaire, les généalogistes formant une sorte de tribu informelle, très active sur les réseaux sociaux. « Que ce soit dans votre famille réelle ou dans cette communauté virtuelle, vous vous ferez vite des amis qui auront aussi bien le double que la moitié de votre âge »,
souligne Marie-Odile Mergnac. « Avec parfois d’étonnantes rencontres à la clé, comme cette neurochirurgienne qui a épousé un agriculteur, après s’être retrouvée dans le même avion que lui, en partance pour Salt Lake City, où ils allaient tous les deux consulter les bases généalogiques des Mormons ! »
Autre point positif : en redécouvrant tout ce que nos aïeux ont traversé, la généalogie nous rend optimistes ! « Quand on voit le nombre de victimes de la guerre de Trente ans, de celle de 14-18, le fait que des quantités de gens sont morts de faim en France en 1709, c’était l’équivalent du Biafra, ou qu’avant l’invention du prêt-à-porter, le textile était si cher que les gens les plus pauvres se contentaient d’un unique vêtement, qu’ils lavaient le dimanche en restant au lit, on se plaint un peu moins de la vie actuelle ! On oublie aussi que nous descendons tous de survivants, que dans une fratrie de sept enfants, il n’était pas rare que deux seulement parviennent à l’âge adulte. » À l’aune de tout cela, il n’est guère étonnant, donc, que la généalogie ait connu un véritable boom pendant le confinement, les services d’archives départementales ayant vu le nombre d’inscrits doubler. Sans compter le nombre de généalogistes ayant découvert durant cette période des sites comme Geneanet (base contributive à l’échelle nationale avec1,5 millions d’arbres en accès libre), Filae (sur abonnement) ou sur des logiciels payants comme Heredis ou CDIP... À vous de choisir la formule qui vous convient ! Afin de remonter votre arbre par Internet et de vous embarquer dans le voyage spatio-temporel le plus riche en surprises de votre vie... pour que vous vous découvriez un ancêtre illustre ou pas !
‘‘ La généalogie nous rend optimistes !”