Le livre qui accuse Olivier Duhamel d’inceste
Dans un ouvrage à paraître demain, le politologue est accusé par sa belle-fille d’avoir abusé sexuellement de son frère. La famille avait ses habitudes à Sanary. Une enquête est ouverte
Un livre choc. Dans La Familia grande ,la juriste Camille Kouchner accuse le célèbre politologue et constitutionnaliste Olivier Duhamel d’avoir abusé de son frère jumeau alors qu’ils étaient adolescents. L’ouvrage a fait l’effet d’une bombe avant même sa parution aux éditions du Seuil, ce jeudi 7 janvier.
Le parquet de Paris a annoncé hier l’ouverture d’une enquête pour « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité ». Olivier Duhamel était devenu le beau-père de la fratrie Kouchner après son mariage avec Évelyne Pisier, excompagne de Bernard Kouchner.
Privé de médias
Dès lundi, alors que Le Monde révélait l’information, Olivier Duhamel a annoncé dans un tweet – avant de supprimer son compte Twitter hier – sa démission de la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques (Sciences Po). Le septuagénaire cesse également d’apparaître sur les antennes d’Europe 1 et de LCI où il intervenait régulièrement.
Dans son récit, Camille Kouchner affirme que son beau-père a entretenu des rapports incestueux avec son frère, à partir de la fin des années 80. Le secret lui aurait été confié par son jumeau alors âgé de 14 ans. « Mon beau-père entrait dans la chambre de mon frère. J’entendais ses pas dans le couloir et je savais qu’il le rejoignait. »
La gauche caviar dans le Var
Camille Kouchner, 45 ans, situe les faits à la fin des années 80, à Paris et à Sanary dans le Var où Olivier Duhamel dispose d’une « immense propriété » dans laquelle « La Grande famille » se retrouve chaque été : « Tous les ans au mois d’août, il y invitait les Niçois, Mario et Zazie. Les autres aussi, amis d’enfance, compagnons de lutte de ma mère, anciens maos, gars de la Ligue… La gauche reconvertie à Sanary .» Et même, au fil des années, des ministres. On plonge dans un univers libertaire ancré dans le Var : les virées à scooter avec l’actrice Marie-France Pisier (la tante des jumeaux) pour faire les boutiques sur le port de Bandol, le bar préféré d’Évelyne Pisier – Le Nautique à Sanary –, les sorties à l’Aqualand de Saint-Cyr… Mais aussi, dans le huis clos de la propriété de La Plaine du Roi, les jeux d’argent ou de mimes douteux (ou comment l’auteure a dû simuler le film La Chatte sur un toit brûlant), les débats d’intellos, le dortoir des enfants tapissé d’affiches de Mai-68, et la nudité. « À la piscine, mon beau-père rit et va se baigner. Comme en un rituel, il retire d’abord son porte-briquet, enlève son maillot. Puis, nu, il cherche un paréo. Je l’entends encore me prévenir : “C’est avec les petites carottes qu’on fait les meilleurs ragoûts, ma fille !”»
Des parents à l’index
Mais c’est surtout avec le poids de la révélation de son frère que Camille Kouchner a grandi. Devenue adulte, mère (« Je savais que Sanary, c’était terminé »), et accablée par le sentiment de culpabilité ( qui « fait son chemin, trace ses voies »), la jeune femme, malgré l’insistance de son frère pour ne rien dire, a fini par briser l’omerta dans le premier cercle familial. Elle n’a récolté que la réprobation de sa mère – décédée à Toulon en 2017 – à qui elle adresse une lettre poignante à la fin de son livre : « Ce sont les parents qui font taire leurs enfants. »
Le secret est ainsi devenu partagé, y compris sur un PV de police en 2011 (l’affaire avait été classée à la demande de la victime présumée) en marge des investigations sur la mort, à SaintCyr, de Marie-France Pisier dont les écrits avaient mis sur la piste les enquêteurs. Un secret. Jusqu’à la publication de La Familia grande.