Mirage ou miracle ?
L’information peut paraître anecdotique en pleine crise sanitaire. Elle masque en fait une évolution majeure. Peut-être même une révolution. En devenant le premier pays dans lequel les voitures neuves sont majoritairement électriques, la Norvège avance à toute vitesse vers la fin programmée des véhicules thermiques. Au pays des fjords, l’échéance est carrément gravée dans le marbre : dès , c’est écrit, toutes les autos neuves seront « zéro émission ». Une prouesse liée à un étonnant paradoxe norvégien qui fait que dans ce petit pays, les revenus tirés de la production du...pétrole rendent possible une politique fiscale très favorable aux voitures électriques : zéro taxe et jusqu’à € d’aide à l’achat. En France, où la fiscalité est moins avantageuse et bien plus fluctuante, l’électrique mettra plus de temps à s’imposer. Avec , % des ventes en , un chiffre certes plus de trois fois supérieur à celui de , il reste beaucoup de chemin à parcourir.
D’ailleurs, le tout électrique est-il souhaitable rapidement ? Pas si sûr. Sur l’ensemble de son cycle de vie, l’empreinte carbone d’un véhicule électrique n’est pas meilleure que celle d’un diesel. Ce ne sont pas des complotistes qui le disent, mais la très sérieuse Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Moins polluante lors de son utilisation, une auto électrique l’est davantage qu’un modèle thermique pendant sa fabrication. La conception des batteries nécessite l’emploi de métaux rares dont l’extraction n’est pas toujours respectueuse de l’environnement. Et quand on sait que le réseau de bornes de recharges est très insuffisant en France (contrairement à la Norvège), que l’autonomie de nombreux modèles est encore réduite et que le prix moyen de ces autos branchées n’est toujours pas à la portée de toutes les bourses, on se dit qu’il faudra attendre un peu avant que l’électrique tienne davantage du miracle que du mirage.