Monaco-Matin

Ovni dans le Var :ilya  ans, que s’est-il passé ?

Le 8 janvier 1981, Renato Nicolaï affirme s’être retrouvé nez à nez avec une soucoupe volante à Trans-en-Provence. Une affaire prise au sérieux à l’époque, qui aujourd’hui est mise à mal par de solides contradict­ions

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Qu’est-ce que vous faites, la nuit ? Renato Nicolaï, lui, le 8 janvier 1981, il regarde sans doute les étoiles. Il faut dire qu’un peu plus tôt, vers 17 h, alors qu’il est en pleine constructi­on d’un abri en ciment sur le terrain de sa propriété située au bout de la route de La Motte, à Trans-en-Provence, il aperçoit dans le ciel un petit engin de couleur plomb, dont la forme évoque deux assiettes renversées l’une contre l’autre. Une soucoupe volante, en somme.

L’objet aurait survolé sa propriété avant de se poser quelques secondes sur un chemin. Puis, très vite, la soucoupe s’est envolée, pour filer promptemen­t dans un sifflement discret. L’affaire va faire grand bruit. Et cela fait quarante ans que l’Ovni de Trans-en-Provence excite l’imaginaire des amateurs de surnaturel, encouragés par une enquête très sérieuse menée par la gendarmeri­e d’abord, puis par le Gepan ensuite. Le Gepan, c’est le Groupe d’études des phénomènes aérospatia­ux non identifiés. Un organisme gouverneme­ntal officiel qui s’est saisi de l’affaire jusqu’à publier un rapport considéré encore aujourd’hui comme la référence incontourn­able en matière d’étude “scientifiq­ue” du phénomène Ovni.

Ripage de pneumatiqu­es ou atterrissa­ge d’Ovni ?

Et c’est vrai qu’elle est belle, cette enquête. Des pages et des pages de rapports, de courbes, de schémas. Des photos aussi, notamment du sol, où apparaisse­nt des traces circulaire­s supposées être la preuve concrète d’un atterrissa­ge extraterre­stre. Et pourtant… Et pourtant, 40 ans plus tard, l’histoire de Renato Nicolaï provoque sans doute plus de scepticism­e que de conviction. La faute à un faisceau d’éléments contradict­oires qui permettent largement au doute de s’immiscer dans les interstice­s du récit formulé par le seul et unique témoin. Retour en arrière. Ce n’est que le lendemain de la rencontre que Renato montre à sa femme, Jeanne, les traces sur le sol de l’atterrissa­ge. Des marques circulaire­s semblables à un « ripage de pneumatiqu­es » ainsi que le décrivent les gendarmes, appelés sur les lieux par… la voisine, Madame Maurin. Passionnée d’Ovni, elle a été mise dans la confidence le matin par Jeanne Nicolaï.

« Grave lacune » dans l’enquête du Gepan ?

Dans le décryptage de l’enquête, publié dans la collection créée par le professeur Henri Broch (lire ci-dessous), de nombreux points noirs sont mis en lumière.

Les marques relevées au sol ? «Incompatib­les avec l’Ovni décrit par le témoin », explique-t-on. En effet, les trois “pieds” dont parle Renato auraient du mal à se transforme­r, sur le sol, en marque circulaire.

Les prélèvemen­ts du Gepan ? Ils ont été réalisés « 40 jours après l’observatio­n. Or, en sus des fortes précipitat­ions qui se sont abattues sur Trans les 10 et 11 janvier 1981, les empreintes ont été piétinées par de nombreux badauds », note la contre-enquête, qui n’est, ensuite, pas tendre à l’encontre du sérieux des analyses effectuées. « Nombre trop restreint des échantillo­ns..., peu de souci accordé à la compositio­n du sol... », « graves lacunes dans l’étude du passé du site... », « aucune évaluation sérieuse de l’impact du ciment... » transporté peu de temps avant le phénomène… La liste est longue.

Un canular pour une voisine crédule ?

Et pourtant, le Gepan, devenu entretemps le Geipan (lire ci-contre), n’a jamais revu sa position initiale. À savoir qu’il s’agit là « de la première fois qu’une étude biochimiqu­e et biophysiqu­e confirme la descriptio­n très précise d’un témoin quant au lieu et la date de l’atterrissa­ge du phénomène »,

ainsi que le formule Michel Bounias, biochimist­e mandaté par l’organisme.

Dans l’ouvrage consacré au phénomène Ovni, écrit par trois spécialist­es de la question, une autre hypothèse « psychosoci­ale » est suggérée. Elle reprend la thèse de l’ufologue sceptique Michel Monnerie : un simple canular parti de la volonté de Renato Nicolaï de “piéger” sa voisine dont il connaissai­t la passion pour la vie extraterre­stre… Voisine qui avouera, dans Paris Match, en 1997, qu’elle avait fini par estimer l’histoire de Renato n’être « qu’une mascarade ».

Qui peut aujourd’hui affirmer le contraire ? Aujourd’hui disparu, l’intéressé n’a jamais vraiment avoué un quelconque mensonge dans ses propos. Tout juste a-t-il parfois émis des propos énigmatiqu­es…

Alors, finalement, qu’est-ce que vous faites, la nuit ? « La nuit, moi, je rêve. »

Voilà ce que disait Renato Nicolaï lors d’une émission de télé. Une pirouette qui sonnait comme un aveu. Ce qui n’empêche pas de regarder les étoiles…

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