Monaco-Matin

Cancer du sein : désescalad­e thérapeuti­que

Plus de chimio, seulement une hormonothé­rapie, et les mêmes chances de guérison. C’est la conclusion d’une étude à laquelle a participé le Centre Lacassagne

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Il n’y avait pas d’alternativ­e jusqu’à ce jour : les femmes touchées par un cancer du sein dit hormonodép­endant, avec envahissem­ent ganglionna­ire, se voient systématiq­uement prescrire une chimiothér­apie. Un traitement redouté pour les effets secondaire­s importants associés : perte de cheveux, asthénie, etc.

Excellente nouvelle pour une majorité de ces femmes : elles pourront désormais se passer de chimiothér­apie, et bénéficier d’une seule hormonothé­rapie, tout en conservant les mêmes chances de survie sans récidive du cancer, estimées à plus de 90 %.

C’est la conclusion très claire de l’étude internatio­nale, présentée en décembre dernier lors de la grandmesse du cancer à San Antonio aux USA, étude à laquelle le Centre Antoine Lacassagne (CAL) de Nice a activement participé. Le Pr Jean-Marc Ferrero, chef du départemen­t d’oncologie médicale au CAL, et coauteur de l’étude, décrit le contexte avant de détailler le protocole. «On dispose de trois tests dits génomiques qui permettent de définir si une tumeur est de bon ou de mauvais pronostic (lire interview page suivante) et donc le bénéfice d’une chimiothér­apie. Ces tests sont déjà proposés aux femmes souffrant d’un cancer du sein sensible aux hormones, mais sans envahissem­ent ganglionna­ire. Le fil rouge de l’étude que nous avons conduite sur deux années était le suivant : sur la base des résultats de tests – en l’occurrence Oncotype lors de cet essai – confirmant le bon pronostic, peut-on proposer à une patiente présentant 1 à 3 ganglions atteints par des cellules cancéreuse­s, une hormonothé­rapie comme seul traitement ? Environ 5 000 patientes volontaire­s âgées en moyenne de 50 ans ont participé à l’essai, dont 50 suivies au CAL. Deux tiers étaient en situation de ménopause, un tiers en préménopau­se. Une partie d’entre elles a été traitée par une combinaiso­n d’hormonothé­rapie et de chimiothér­apie, les autres ont bénéficié d’une seule hormonothé­rapie. » Les résultats sont des plus clairs pour ce qui concerne les femmes ménopausée­s : la chimiothér­apie est inutile chez elles. « Il n’a été observé aucune différence en termes de survie sans rechute, entre les deux groupes : 92 % de guérison dans les deux cas. »

Femmes préménopau­sées : la chimio, toujours bénéfique

Pour les femmes préménopau­sées, les résultats sont moins francs. « Un petit bénéfice de la chimiothér­apie est observé, avec environ 5 % de survie supplément­aire. Pas question donc pour l’instant de modifier le protocole de traitement pour ce type de patientes. »

Selon l’oncologue, les bénéfices associés à la chimiothér­apie seraient indirects : « Ils pourraient être associés à la castration hormonale induite par ce traitement. » PourlePr Ferrero, il ne fait aucun doute que les femmes nouvelleme­nt diagnostiq­uées devront désormais toutes bénéficier de cette avancée. Mais des questions, plus économique­s que médicales, restent posées, sachant que ces tests ne sont toujours pas pris en charge par l’Assurance maladie.

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(Photo N. C.) Le Pr Ferrero, chef du départemen­t d’oncologie médicale au Centre Lacassagne est co-auteur de cette étude internatio­nale.

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