Cancer du sein : désescalade thérapeutique
Plus de chimio, seulement une hormonothérapie, et les mêmes chances de guérison. C’est la conclusion d’une étude à laquelle a participé le Centre Lacassagne
Il n’y avait pas d’alternative jusqu’à ce jour : les femmes touchées par un cancer du sein dit hormonodépendant, avec envahissement ganglionnaire, se voient systématiquement prescrire une chimiothérapie. Un traitement redouté pour les effets secondaires importants associés : perte de cheveux, asthénie, etc.
Excellente nouvelle pour une majorité de ces femmes : elles pourront désormais se passer de chimiothérapie, et bénéficier d’une seule hormonothérapie, tout en conservant les mêmes chances de survie sans récidive du cancer, estimées à plus de 90 %.
C’est la conclusion très claire de l’étude internationale, présentée en décembre dernier lors de la grandmesse du cancer à San Antonio aux USA, étude à laquelle le Centre Antoine Lacassagne (CAL) de Nice a activement participé. Le Pr Jean-Marc Ferrero, chef du département d’oncologie médicale au CAL, et coauteur de l’étude, décrit le contexte avant de détailler le protocole. «On dispose de trois tests dits génomiques qui permettent de définir si une tumeur est de bon ou de mauvais pronostic (lire interview page suivante) et donc le bénéfice d’une chimiothérapie. Ces tests sont déjà proposés aux femmes souffrant d’un cancer du sein sensible aux hormones, mais sans envahissement ganglionnaire. Le fil rouge de l’étude que nous avons conduite sur deux années était le suivant : sur la base des résultats de tests – en l’occurrence Oncotype lors de cet essai – confirmant le bon pronostic, peut-on proposer à une patiente présentant 1 à 3 ganglions atteints par des cellules cancéreuses, une hormonothérapie comme seul traitement ? Environ 5 000 patientes volontaires âgées en moyenne de 50 ans ont participé à l’essai, dont 50 suivies au CAL. Deux tiers étaient en situation de ménopause, un tiers en préménopause. Une partie d’entre elles a été traitée par une combinaison d’hormonothérapie et de chimiothérapie, les autres ont bénéficié d’une seule hormonothérapie. » Les résultats sont des plus clairs pour ce qui concerne les femmes ménopausées : la chimiothérapie est inutile chez elles. « Il n’a été observé aucune différence en termes de survie sans rechute, entre les deux groupes : 92 % de guérison dans les deux cas. »
Femmes préménopausées : la chimio, toujours bénéfique
Pour les femmes préménopausées, les résultats sont moins francs. « Un petit bénéfice de la chimiothérapie est observé, avec environ 5 % de survie supplémentaire. Pas question donc pour l’instant de modifier le protocole de traitement pour ce type de patientes. »
Selon l’oncologue, les bénéfices associés à la chimiothérapie seraient indirects : « Ils pourraient être associés à la castration hormonale induite par ce traitement. » PourlePr Ferrero, il ne fait aucun doute que les femmes nouvellement diagnostiquées devront désormais toutes bénéficier de cette avancée. Mais des questions, plus économiques que médicales, restent posées, sachant que ces tests ne sont toujours pas pris en charge par l’Assurance maladie.
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