Monaco-Matin

Comment la Covid a obligé les pompiers à s’adapter

La vaccinatio­n des sapeurs-pompiers de plus de 50 ans a débuté au Sdis 06. Une nouveauté de plus. Depuis neuf mois, ses troupes ont dû repenser leurs interventi­ons et la vie en caserne

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Même pas mal ! L’adjudant-chef Fabien Lévêque, 50 ans, vient de recevoir sous nos yeux sa dose de vaccin antiCovid. Première impression :

« Une injection indolore. » Il est chargé de la prévention à la caserne Magnan à Nice. Normal que ce sapeur-pompier donne l’exemple. «Sion peut contribuer à arrêter cette pandémie au plus vite, ça fait aussi partie de nos missions du service public... »

Les soldats du feu partent en campagne pour la vaccinatio­n. À leur tour. Depuis vendredi, le Sdis 06 a entrepris de protéger les sapeurspom­piers de plus de 50 ans qui le souhaitent. Déjà 300 vaccinés sur 880 candidats potentiels. Bientôt 360.

« C’est une réussite, souligne Michaël Boué, infirmier-chef du Sdis 06. Se faire vacciner, c’est une sécurité pour nous, même si ça ne nous dispense pas des gestes barrières. »

Depuis neuf mois en effet, la pandémie a chamboulé, aussi, le quotidien des pompiers azuréens.

D’un côté, elle a fait chuter le nombre d’interventi­ons : 96 000 l’an passé, contre 110 000 en 2019. De l’autre, elle ne les a pas épargnés. Depuis le début de la crise, 250 des 4 000 pompiers azuréens ont été testés positifs.

Ambulance Covid

« Il a fallu se réorganise­r, témoigne le colonel René Dies, directeur du Sdis 06. Ona même inventé ce qu’on appelle dans notre jargon des « VSAV Covid ». » Autrement dit, des ambulances équipées spécialeme­nt pour secourir les victimes positives et accélérer le protocole de désinfecti­on.

Bien sûr, il a fallu adopter le masque, obligatoir­e dans le fourgon comme dans la rue. Mais la Covid a « aussi un impact sur la préparatio­n opérationn­elle. On a dû limiter les manoeuvres, ce travail de préparatio­n un peu mis de côté avec cette crise », regrette le lieutenant-colonel Olivier Pauletti, chef de la compagnie de Nice. Et puis, la Covid a « complèteme­nt modifié la vie en caserne » : masque, distanciat­ion, gel, nettoyage régulier des poignées... Certes, les pompiers étaient rompus à certains protocoles d’habillage. Pour les patients atteints de tuberculos­e, par exemple. « Simplement, au lieu de le faire trois fois par mois, ils le font trois fois par jour », remarque Michaël Boué. Les malaises cardiaques, eux, requièrent un luxe de précaution­s supplément­aires. « On a renforcé les insufflate­urs avec un filtre pour ces particules aériennes. Et on les tient à quatre mains pour renforcer l’étanchéité. »

« Message positif »

Pour autant, le capitaine Patrice Alberti admet : « Quand on est en interventi­on sur un incendie, on a d’autres choses à penser qu’au coronaviru­s. »

À 54 ans, l’adjoint au chef de compagnie de Nice s’est fait vacciner hier soir. Il a ainsi imité le lieutenant-colonel Olivier Riquier, 51 ans, premier pompier azuréen vacciné. « En tant que directeur opérationn­el du Sdis, je suis venu montrer aux pompiers qu’il n’y avait aucun risque à se faire vacciner ! »

Donner l’exemple. Aux siens comme aux autres. C’est le « message positif à la population » qu’espère passer le président du Sdis, CharlesAng­e Ginésy. Benoît Huber, nouveau directeur de cabinet du préfet des A.-M., acquiesce. « Les sapeurs-pompiers jouissent d’une notoriété méritée. Les voir se jeter sur cette vaccinatio­n, c’est un excellent message. »

 ?? (Photo Éric Ottino) ?? Les sapeurs-pompiers vaccinent leurs camarades et aînés, hier, à la caserne Magnan à Nice.
(Photo Éric Ottino) Les sapeurs-pompiers vaccinent leurs camarades et aînés, hier, à la caserne Magnan à Nice.
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