Monaco-Matin

Rapt Veyrac à Nice : le trouble du détective

Plusieurs policiers ont témoigné des coups de main qu’apportait à certaines enquête Luc Goursolas, sorte de paparazzi détective. D’où leur malaise quand ils ont appris son arrestatio­n

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Deuxième semaine du procès des ravisseurs présumés de Jacqueline Veyrac, 80 ans, victime à Nice d’un rapt raté en 2013 puis d’un enlèvement réussi en 2016. Libérée après avoir été séquestrée 48 heures dans une fourgonnet­te, l’un de ses locataires gérants, Giuseppe Serena, est accusé d’avoir tout manigancé. Dans ce procès comparaiss­ent treize accusés aux profils très disparates, aux personnali­tés étranges.

Luc Goursolas, 50 ans, a posé deux balises GPS sous la voiture de Jacqueline Veyrac. Paparazzi reconverti en détective officieux, l’accusé a toujours expliqué avoir été recruté par Philip Dutton pour espionner le compagnon supposé infidèle de Giuseppe Serena.

« Il faisait partie des meubles »

Le soir du 24 octobre 2016, il apprend à la télévision qu’une femme a été enlevée à Nice. « Tu te rends compte, elle a l’âge de ta mère », faitil remarquer à Nathalie, sa compagne. Il reconnaît soudain la voiture qu’il suivait sur son smartphone.

Le 25 octobre, Luc Goursolas cherche-t-il à récupérer les balises GPS avant qu’elles ne soient inspectées par les enquêteurs ? Les commandant­s de la police judiciaire entendus la semaine dernières en sont convaincus. Ceux de la sûreté départemen­tale qui ont témoigné hier, beaucoup moins. « Pour moi, c’est impossible qu’il ait posé des balises à son nom en ayant la connaissan­ce de faits aussi graves », explique l’un de ses amis, policier à la retraite. « Quand je suis arrivé en 2000, il faisait partie des meubles. C’était un vrai soutien logistique. Il nous aidait avec ses appareils photos et ses téléobject­ifs alors qu’on n’avait pas de matériel, ajoute un brigadier. « Grâce à lui, on a élucidé pas mal d’affaires. » Difficile pour dès lors pour ce policier d’imaginer qu’il ait pu franchir la ligne jaune. Son avocat, Me Adrien Verrier, cherche à démontrer que Luc Goursolas, alors fragile psychologi­quement, s’est fait manipuler par Dutton et Serena. Pourquoi, le soir du 24 ou le 25 au matin, alors qu’une femme âgée a été enlevée, ne va-t-il pas se dénoncer ? Pourquoi héberge-t-il Philip Dutton dans son garage à l’insu de sa compagne ? Pourquoi, le 25 au matin, provoque-t-il une réunion avec Serena et Dutton ? « Vous aurez beaucoup de réponses à nous apporter d’ici la fin de semaine », avertit le président Patrick Veron à l’adresse de l’accusé.

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La voiture de Jacqueline Veyrac (à gauche) sous laquelle Luc Goursolas (à droite) avait placé deux balises GPS)
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(Photos S. Botella et D. Meiffret)

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