Rapt Veyrac à Nice : le trouble du détective
Plusieurs policiers ont témoigné des coups de main qu’apportait à certaines enquête Luc Goursolas, sorte de paparazzi détective. D’où leur malaise quand ils ont appris son arrestation
Deuxième semaine du procès des ravisseurs présumés de Jacqueline Veyrac, 80 ans, victime à Nice d’un rapt raté en 2013 puis d’un enlèvement réussi en 2016. Libérée après avoir été séquestrée 48 heures dans une fourgonnette, l’un de ses locataires gérants, Giuseppe Serena, est accusé d’avoir tout manigancé. Dans ce procès comparaissent treize accusés aux profils très disparates, aux personnalités étranges.
Luc Goursolas, 50 ans, a posé deux balises GPS sous la voiture de Jacqueline Veyrac. Paparazzi reconverti en détective officieux, l’accusé a toujours expliqué avoir été recruté par Philip Dutton pour espionner le compagnon supposé infidèle de Giuseppe Serena.
« Il faisait partie des meubles »
Le soir du 24 octobre 2016, il apprend à la télévision qu’une femme a été enlevée à Nice. « Tu te rends compte, elle a l’âge de ta mère », faitil remarquer à Nathalie, sa compagne. Il reconnaît soudain la voiture qu’il suivait sur son smartphone.
Le 25 octobre, Luc Goursolas cherche-t-il à récupérer les balises GPS avant qu’elles ne soient inspectées par les enquêteurs ? Les commandants de la police judiciaire entendus la semaine dernières en sont convaincus. Ceux de la sûreté départementale qui ont témoigné hier, beaucoup moins. « Pour moi, c’est impossible qu’il ait posé des balises à son nom en ayant la connaissance de faits aussi graves », explique l’un de ses amis, policier à la retraite. « Quand je suis arrivé en 2000, il faisait partie des meubles. C’était un vrai soutien logistique. Il nous aidait avec ses appareils photos et ses téléobjectifs alors qu’on n’avait pas de matériel, ajoute un brigadier. « Grâce à lui, on a élucidé pas mal d’affaires. » Difficile pour dès lors pour ce policier d’imaginer qu’il ait pu franchir la ligne jaune. Son avocat, Me Adrien Verrier, cherche à démontrer que Luc Goursolas, alors fragile psychologiquement, s’est fait manipuler par Dutton et Serena. Pourquoi, le soir du 24 ou le 25 au matin, alors qu’une femme âgée a été enlevée, ne va-t-il pas se dénoncer ? Pourquoi héberge-t-il Philip Dutton dans son garage à l’insu de sa compagne ? Pourquoi, le 25 au matin, provoque-t-il une réunion avec Serena et Dutton ? « Vous aurez beaucoup de réponses à nous apporter d’ici la fin de semaine », avertit le président Patrick Veron à l’adresse de l’accusé.