Cellule de Menton : l’un des accusés planifiait une attaque au camion à Nice
Le Mentonnais Yannis Ziari était l’administrateur des comptes Telegram sur lesquels échangeaient les membres de la cellule. Radicalisé, il évoquait régulièrement des projets d’attaque terroriste d’ampleur
Au sein de la « cellule mentonnaise », il est celui qui a contribué à agréger les membres de ce groupe d’individus radicalisés, visé par un coup de filet mené par l’antiterrorisme le 7 novembre 2017 entre Menton, la Suisse et la région parisienne. Aujourd’hui âgé de 26 ans, Yannis Ziari est, après l’ex-légionnaire Frédéric Renet, le deuxième accusé mentonnais sur lequel la cour d’assises spéciale s’est penchée hier, à Paris.
Cheveu court, barbe fournie, tee-shirt noir, le jeune homme a répondu pendant quatre heures aux questions de la cour. D’une voix mal assurée, il a reconnu sans se dérober les faits qui lui sont reprochés. Il faut dire qu’il lui aurait été difficile de faire autrement face aux éléments réunis par les enquêteurs : traces écrites d’échanges menés au sein de divers groupes Telegram (un service de messagerie crypté très prisé des djihadistes), conversations enregistrées grâce à des micros placés dans sa voiture et même suivi en direct de l’utilisation de son téléphone via un logicielespion.
De cette masse d’informations, les enquêteurs ont bâti un dossier qui, s’il ne met en lumière que des intentions, fait froid dans le dos.
Prosélytisme radical
Radicalisé depuis plusieurs années, Yannis Ziari avait tenté sans succès, en 2015, de rejoindre la Syrie avec son frère et ses deux coaccusés mentonnais, les frères Benjamin et Jordan Lanvin.
Mais lorsque l’antiterrorisme s’intéresse de nouveau à lui, en 2017, c’est sur le terrain du djihad numérique que le jeune homme a choisi de s’exprimer. Sous le pseudonyme d’@AbuMuadh33, @OiseauVert ou @DakukalQatal, « Yannis Ziari s’illustrait par son prosélytisme radical, sa promotion du djihad et son incitation explicite à l’opération martyre », estiment les juges dans leur ordonnance de renvoi.
Non content d’administrer plusieurs comptes faisant l’apologie du djihad, Yannis Ziari participait également aux échanges avec une virulence assumée. En juin 2017, par exemple, le jeune Mentonnais fait la proposition suivante :
« Soit un frère rentre en force dans une maison et tue ses habitants, soit il entre en douce et place une bombe. »
Deux mois plus tard, alors qu’il roule en voiture avec son frère Sofiane, Yannis Ziari lui expose un projet d’attaque à Nice : «Jeconnais un endroit pour écraser les kouffars, qui est pas protégé. (…) Tu vas à midi quand c’est plein, soit tu prends un gros camion de la mairie, soit tu prends une voiture et tu fonces sur tout le monde. » Nous sommes alors treize mois après l‘attentat de la Promenade des Anglais.
Comme une fiche de bricolage
Dans les ordinateurs et téléphones saisis, les policiers découvriront un document de propagande intitulé « L’attaque au camion ». À la manière d’une fiche de bricolage, ce support explique comment louer ou acheter le véhicule, quel modèle choisir et quelles cibles viser. « Vous vous rendez compte que ce projet d’attaque à la voiture-bêlier paraît extrêmement réaliste ? », interroge le président. « À l’époque, j’étais dans cette idéologie, dans ce délire. Aujourd’hui, je réalise que c’était grave », répond l’accusé dans un souffle. Mais il l’assure : « On s’est monté la tête mais on est resté dans l’abstrait. C’était pas des discussions sérieuses. D’ailleurs, quand on demandait si quelqu’un voulait passer à l’action, personne ne le faisait. »