Monaco-Matin

Leçons américaine­s

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Le  janvier, Donald Trump cédera les rênes des Etats-Unis à son incontesta­ble vainqueur démocrate Joseph Biden. Semaine critique tant Trump est imprévisib­le. Ses folles harangues, qui ont conduit ses partisans à envahir le  janvier le Capitole, siège du Sénat et la Chambre des Représenta­nts à Washington, en sont la preuve. Une transition donc sous haute tension qui porte de nombreuses leçons pour tous les pays démocratiq­ues.

Qui aurait imaginé que les institutio­ns américaine­s puissent être ainsi mises à mal ? Il serait stupide, par un anti-américanis­me primaire, de se réjouir de ces événements. Ils démontrent, en fait, qu’aucune démocratie – aussi solide soit-elle ! – n’est à l’abri d’un coup de torchon. Fautil rappeler que le  août dernier, des militants d’extrême-droite ont tenté de prendre d’assaut le Reichstag, le parlement allemand, à Berlin ? Ou encore que les “gilets jaunes”, au cri de « Macron démission », ont cherché à forcer les barrages protégeant l’Elysée le  novembre  ? L’effondreme­nt régulier des classes moyennes dans les pays occidentau­x et leur radicalisa­tion y fragilisen­t de plus en plus les mécanismes démocratiq­ues. Le trumpisme peut ainsi pousser partout sous une forme ou une autre sur des terrains sociaux devenus très instables. Ce constat souligne la nécessité d’avoir dans les démocratie­s des ‘’profession­nels’’ de la politique qui, avant de parvenir au pouvoir suprême, subissent de multiples épreuves électorale­s, gardent le contact avec les réalités sociales et respectent les institutio­ns.

Si les Etats-Unis n’ont pas complèteme­nt sombré dans le chaos sous l’ère Trump, c’est aussi parce que le pays, fait de  Etats, plus le district de Columbia, fonctionne avec une multitude de contre-pouvoirs. La Maison Blanche ne peut décider de tout. Ce constat est essentiel. Il devrait conduire notre pays à renforcer les corps intermédia­ires et à faire de la décentrali­sation une réalité forte.

Enfin, il est nécessaire de s’interroger sur la manière dont les réseaux sociaux, Twitter et Facebook, ont privé Trump en un tournemain de son moyen de communicat­ion favori au lendemain de l’assaut contre le Capitole. Certes, ils l’ont fait pour éviter que d’autres déclaratio­ns provoquent d’autres violences. Néanmoins, on ne peut que s’inquiéter de cette censure ! La liberté d’expression apparaît soudain entre les mains d’entreprise­s privées d’une puissance sans limite. Il est temps, donc, comme s’y emploie l’Europe, de réglemente­r ces plate-formes numériques et de donner à la justice le moyen de les sanctionne­r. Il est temps surtout de revenir à la formule de Winston Churchill : « La démocratie est la pire forme de gouverneme­nt, à l’exception de tous les autres. »

« La démocratie est la pire forme de gouverneme­nt, à l’exception de tous les autres. » Winston Churchill

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