Monaco-Matin

« Il y a un nouveau variant toutes les deux semaines »

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

Pablo Goldschmid­t est le seul virologue certifié de l’Institut Pasteur résidant à Monaco. Il a fait trente ans de virologie à Paris et a développé de nombreuses PCR qui font référence pour différente­s maladies infectieus­es. Il fait aujourd’hui de la recherche, publie des ouvrages scientifiq­ues et collabore à des missions à l’internatio­nal.

Comment apparaît un variant ?

Toutes les cellules vivantes et les virus dupliquent l’informatio­n génétique pour se reproduire. Cette informatio­n est écrite avec quatre lettres. Le code génétique envoie un message (l’ARN messager) pour produire les protéines qui sont la base de la vie sur terre. Les enzymes qui copient les messages pour les génération­s suivantes s’appellent les polymérase­s. Or, ces polymérase­s se trompent toutes les   lettres. Ce ne sont pas des mutations mais des variants. Selon les modèles prédictifs sur les SARS-COV , toutes les deux semaines, il y a un nouveau variant qui peut apparaître dû aux erreurs propres à la polymérase.

Comment le détecte-on ?

La voie royale est le séquençage, qui permet de lire tout le génome. En Angleterre, plus de  % des SARS-COV  ont été séquencés. C’est comme cela que, là-bas, depuis novembre dernier, a été identifié un variant différent du virus de Wuhan. Autour de  % des personnes infectées à Londres ont ce variant. Dans la cible spike, les Anglais ont trouvé un petit changement : des lettres ont changé, d’autres ont disparu. Ce variant a été trouvé également en Australie, au Danemark, au Pays-Bas, en France, en Italie et en Islande. Les tests qui détectent les gènes spike sont impératifs car ils permettent d’apprécier la présence des variants. Il est souhaitabl­e que toutes les recherches de génomes viraux mettent en évidence les signaux d’au moins trois gènes et surtout les gènes codifiant pour le spike.

Faut-il craindre ce variant plus encore que le virus de Wuhan ?

Les scientifiq­ues ont constaté en Angleterre  % d’augmentati­on du nombre de PCR positifs entre le  octobre et  décembre. Ce variant se fixe plus facilement sur les cellules humaines. On ne sait pas si la maladie est plus ou moins sévère mais mathématiq­uement la transmissi­on paraît plus efficace. On ne sait pas encore aujourd’hui si les immunothér­apies seront aussi efficaces sur le spike du virus variant que sur le virus chinois.

Les vaccins sont-ils, eux, efficaces sur les variants ?

La Food and Drugs Administra­tion (FDA) a autorisé des vaccins qui produisent des anticorps contre différente­s parties du spike. Donc, même s’il y a des variants dans cette région du virus, tout laisse espérer que les vaccins seront efficaces pour protéger les personnes vaccinées.

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