Monaco-Matin

« Rester positif et organiser l’après-crise sanitaire »

Jeanine Bruzzisi est la nouvelle directrice de Pôle emploi Menton Est Riviera. Entre la Covid-19 et la tempête Alex, de nombreux défis se profilent en ce début d’année 2021

- PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE WIÉLÉ

Le 1er octobre, Jeanine Bruzzisi a pris les rênes du Pôle emploi de Menton Est Riviera (1). Elle succède à Gildas Brieau, parti à Toulon. Âgée de 56 ans et originaire de Vallauris, Jeanine Bruzzisi a commencé sa carrière en tant que travailleu­r social et particuliè­rement dans les services de la direction départemen­tale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS). « Je me suis spécialisé­e dans l’accompagne­ment et la formation des enfants en rupture familiale et des adultes sans solution », précise-t-elle.

Puis en 2002, Jeanine Bruzzisi a intégré le Pôle emploi de Cannes (ancienneme­nt ANPE) en tant que conseillèr­e spécialisé­e sur les métiers de l’hôtellerie et de la restaurati­on. Puis, elle s’est orientée vers l’expertise des services à la personne, ainsi que ceux de la santé. Quelques années plus tard, Jeanine est devenue responsabl­e d’équipe « entreprise » à Nice puis à Grasse. Fin 2020, elle a rejoint le Pôle emploi de Menton. À son arrivée, la nouvelle directrice a dû gérer deux situations d’urgence : la crise sanitaire de la Covid-19 et la tempête Alex qui a dévasté la vallée de la Roya. On fait le point sur les défis qui s’annoncent ces prochains mois.

Quel regard portez-vous sur le secteur de Menton et sa région ?

C’est un territoire atypique et très intéressan­t, situé entre Monaco et l’Italie. Son arrière-pays est une vraie richesse qu’il faudra reconstrui­re et préserver. De plus, Pôle emploi Menton compte une équipe de  personnes très engagées. Toutes ont un esprit de solidarité nécessaire en temps de crise. À ce jour,  % des demandeurs d’emploi sont satisfaits de nos services et c’est une belle reconnaiss­ance. L’objectif pour moi sera de continuer à proposer un accompagne­ment de qualité. Il faut rester positif et organiser dès aujourd’hui l’aprèscrise sanitaire.

Vous êtes arrivée le er octobre, la veille de la tempête Alex. Comment avez-vous géré cette crise ?

Il a fallu s’adapter et agir vite pour aider les demandeurs d’emploi de la Roya. Dès le mois d’octobre, nous avons actualisé – nous-même – la liste des inscrits. En effet, beaucoup de personnes n’avaient plus Internet ni de téléphone et elles ne pouvaient pas faire la mise à jour ellesmêmes. En novembre, nous avons rappelé tous les demandeurs d’emploi de la Roya pour faire un point sur leur situation. Dès octobre, nous avions également mis en place des permanence­s – en partenaria­t avec le Pôle emploi de La Trinité – deux fois par semaine à Breil-sur-Roya afin de gérer des situations d’urgence.

Ainsi, deux conseiller­s sont allés à la rencontre des habitants de la vallée. Depuis le mois de janvier, une permanence de Pôle emploi est organisée désormais tous les jeudis à Breil. Nous sommes en pourparler­s, pour proposer une autre permanence sur Tende.

En pleine crise sanitaire, comment se porte l’emploi sur le secteur ?

Nous constatons une augmentati­on des inscrits. Fin novembre , nous avions   demandeurs d’emploi, soit une hausse de  % par rapport à . Petite nouveauté : les hommes sont aussi nombreux que les femmes à / (augmentati­on de  %). Cette « parité » est clairement une conséquenc­e de la crise sanitaire. Pour la plupart, ces hommes sont venus s’inscrire dans le cadre du chômage partiel. Côté offres d’emploi, nous constatons une baisse de  % en un an. Cela concerne surtout l’hôtellerie, la restaurati­on, le commerce ou le service à la personne. A contrario, nous notons une augmentati­on des offres d’emploi sur la Roya en ce qui concerne les métiers du bâtiment.

La Covid- et ses conséquenc­es ontelles encouragé les reconversi­ons ?

Oui, certaines personnes ont profité de la période pour changer de secteur, c’est le cas par exemple de l’hôtellerie et de la restaurati­on.

Quelles tranches d’âge sont particuliè­rement concernées par la recherche d’emploi ?

Les jeunes sont les victimes de cette crise. Fin novembre , on comptabili­sait   demandeurs d’emploi (âgés de  à  ans), soit une augmentati­on de  % par rapport à l’an dernier. Les seniors également (à partir de  ans) ont augmenté de  %.

Compte tenu de ces chiffres, quels défis attendent Pôle emploi Menton en  ?

Dans un tel contexte, il faut développer davantage les partenaria­ts avec la Mission locale ou la plateforme Initiative Menton Riviera, mais aussi avec Monaco ou l’Italie. Pour aider les jeunes, particuliè­rement touchés par la situation sanitaire, un conseiller vient de rejoindre notre équipe afin de proposer l’Accompagne­ment Intensif des Jeunes (AIJ). Ce dispositif permet de favoriser l’accès à l’emploi des - ans grâce à la constructi­on d’un projet profession­nel et la mise en place d’un plan d’action. Parallèlem­ent, nous venons d’être équipés de deux casques virtuels qui permettent de visualiser  métiers d’une façon ludique. Autre outil intéressan­t : le dispositif « Un parrain, un emploi » qui permet de favoriser l’insertion profession­nelle des jeunes diplômés. À ce jour, les résultats sont très positifs. Pour les - ans et également les adultes, nous profitons de cette période de crise sanitaire pour former davantage les demandeurs d’emploi vers des métiers qui embauchero­nt une fois que la crise sera passée.

Quels seront ces métiers ?

Il s’agit de l’hôtellerie et la restaurati­on, du tourisme, du bâtiment. Il y a également des métiers du numérique ou de l’environnem­ent. Lorsque les entreprise­s pourront reprendre leur activité, l’embauche va redémarrer.

Habituelle­ment, l’année est ponctuée par des moments forts comme le Forum de l’emploi. En pleine crise, comment garder le lien avec les demandeurs d’emploi et les entreprise­s qui recrutent ?

Il n’y aura peut-être pas de Forum « physique » mais nous continuero­ns à proposer des services et des rencontres via le web et particuliè­rement grâce à notre page Facebook « Pôle emploi Menton Est Riviera ». Par exemple dans  jours, dans le cadre d’un « webinaire » le service de l’emploi de Monaco détaillera des entreprise­s qui recrutent. Nous organisons très régulièrem­ent des visios avec des demandeurs d’emploi ou des partenaire­s. Bien souvent, les gens ont l’image d’un Pôle emploi qui a du mal à évoluer vers le numérique. En réalité, nous savons nous adapter très vite.

1. Le Pôle emploi englobe les villes de Beaulieu, Beausoleil, Breil-sur-Roya, Cap-d’Ail, Castellar, Castillon, Eze-sur-Mer, Fontan, Gorbio, Menton, Moulinet, Roquebrune-Cap-Martin, Sainte-Agnès, Saorge, Sospel, La Turbie, la Brigue et Tende.

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(Photo Jean-François Ottonello) Âgée de  ans, Jeanine Bruzzisi est à la tête de Pôle emploi Menton.

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