« Rester positif et organiser l’après-crise sanitaire »
Jeanine Bruzzisi est la nouvelle directrice de Pôle emploi Menton Est Riviera. Entre la Covid-19 et la tempête Alex, de nombreux défis se profilent en ce début d’année 2021
Le 1er octobre, Jeanine Bruzzisi a pris les rênes du Pôle emploi de Menton Est Riviera (1). Elle succède à Gildas Brieau, parti à Toulon. Âgée de 56 ans et originaire de Vallauris, Jeanine Bruzzisi a commencé sa carrière en tant que travailleur social et particulièrement dans les services de la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS). « Je me suis spécialisée dans l’accompagnement et la formation des enfants en rupture familiale et des adultes sans solution », précise-t-elle.
Puis en 2002, Jeanine Bruzzisi a intégré le Pôle emploi de Cannes (anciennement ANPE) en tant que conseillère spécialisée sur les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Puis, elle s’est orientée vers l’expertise des services à la personne, ainsi que ceux de la santé. Quelques années plus tard, Jeanine est devenue responsable d’équipe « entreprise » à Nice puis à Grasse. Fin 2020, elle a rejoint le Pôle emploi de Menton. À son arrivée, la nouvelle directrice a dû gérer deux situations d’urgence : la crise sanitaire de la Covid-19 et la tempête Alex qui a dévasté la vallée de la Roya. On fait le point sur les défis qui s’annoncent ces prochains mois.
Quel regard portez-vous sur le secteur de Menton et sa région ?
C’est un territoire atypique et très intéressant, situé entre Monaco et l’Italie. Son arrière-pays est une vraie richesse qu’il faudra reconstruire et préserver. De plus, Pôle emploi Menton compte une équipe de personnes très engagées. Toutes ont un esprit de solidarité nécessaire en temps de crise. À ce jour, % des demandeurs d’emploi sont satisfaits de nos services et c’est une belle reconnaissance. L’objectif pour moi sera de continuer à proposer un accompagnement de qualité. Il faut rester positif et organiser dès aujourd’hui l’aprèscrise sanitaire.
Vous êtes arrivée le er octobre, la veille de la tempête Alex. Comment avez-vous géré cette crise ?
Il a fallu s’adapter et agir vite pour aider les demandeurs d’emploi de la Roya. Dès le mois d’octobre, nous avons actualisé – nous-même – la liste des inscrits. En effet, beaucoup de personnes n’avaient plus Internet ni de téléphone et elles ne pouvaient pas faire la mise à jour ellesmêmes. En novembre, nous avons rappelé tous les demandeurs d’emploi de la Roya pour faire un point sur leur situation. Dès octobre, nous avions également mis en place des permanences – en partenariat avec le Pôle emploi de La Trinité – deux fois par semaine à Breil-sur-Roya afin de gérer des situations d’urgence.
Ainsi, deux conseillers sont allés à la rencontre des habitants de la vallée. Depuis le mois de janvier, une permanence de Pôle emploi est organisée désormais tous les jeudis à Breil. Nous sommes en pourparlers, pour proposer une autre permanence sur Tende.
En pleine crise sanitaire, comment se porte l’emploi sur le secteur ?
Nous constatons une augmentation des inscrits. Fin novembre , nous avions demandeurs d’emploi, soit une hausse de % par rapport à . Petite nouveauté : les hommes sont aussi nombreux que les femmes à / (augmentation de %). Cette « parité » est clairement une conséquence de la crise sanitaire. Pour la plupart, ces hommes sont venus s’inscrire dans le cadre du chômage partiel. Côté offres d’emploi, nous constatons une baisse de % en un an. Cela concerne surtout l’hôtellerie, la restauration, le commerce ou le service à la personne. A contrario, nous notons une augmentation des offres d’emploi sur la Roya en ce qui concerne les métiers du bâtiment.
La Covid- et ses conséquences ontelles encouragé les reconversions ?
Oui, certaines personnes ont profité de la période pour changer de secteur, c’est le cas par exemple de l’hôtellerie et de la restauration.
Quelles tranches d’âge sont particulièrement concernées par la recherche d’emploi ?
Les jeunes sont les victimes de cette crise. Fin novembre , on comptabilisait demandeurs d’emploi (âgés de à ans), soit une augmentation de % par rapport à l’an dernier. Les seniors également (à partir de ans) ont augmenté de %.
Compte tenu de ces chiffres, quels défis attendent Pôle emploi Menton en ?
Dans un tel contexte, il faut développer davantage les partenariats avec la Mission locale ou la plateforme Initiative Menton Riviera, mais aussi avec Monaco ou l’Italie. Pour aider les jeunes, particulièrement touchés par la situation sanitaire, un conseiller vient de rejoindre notre équipe afin de proposer l’Accompagnement Intensif des Jeunes (AIJ). Ce dispositif permet de favoriser l’accès à l’emploi des - ans grâce à la construction d’un projet professionnel et la mise en place d’un plan d’action. Parallèlement, nous venons d’être équipés de deux casques virtuels qui permettent de visualiser métiers d’une façon ludique. Autre outil intéressant : le dispositif « Un parrain, un emploi » qui permet de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. À ce jour, les résultats sont très positifs. Pour les - ans et également les adultes, nous profitons de cette période de crise sanitaire pour former davantage les demandeurs d’emploi vers des métiers qui embaucheront une fois que la crise sera passée.
Quels seront ces métiers ?
Il s’agit de l’hôtellerie et la restauration, du tourisme, du bâtiment. Il y a également des métiers du numérique ou de l’environnement. Lorsque les entreprises pourront reprendre leur activité, l’embauche va redémarrer.
Habituellement, l’année est ponctuée par des moments forts comme le Forum de l’emploi. En pleine crise, comment garder le lien avec les demandeurs d’emploi et les entreprises qui recrutent ?
Il n’y aura peut-être pas de Forum « physique » mais nous continuerons à proposer des services et des rencontres via le web et particulièrement grâce à notre page Facebook « Pôle emploi Menton Est Riviera ». Par exemple dans jours, dans le cadre d’un « webinaire » le service de l’emploi de Monaco détaillera des entreprises qui recrutent. Nous organisons très régulièrement des visios avec des demandeurs d’emploi ou des partenaires. Bien souvent, les gens ont l’image d’un Pôle emploi qui a du mal à évoluer vers le numérique. En réalité, nous savons nous adapter très vite.
1. Le Pôle emploi englobe les villes de Beaulieu, Beausoleil, Breil-sur-Roya, Cap-d’Ail, Castellar, Castillon, Eze-sur-Mer, Fontan, Gorbio, Menton, Moulinet, Roquebrune-Cap-Martin, Sainte-Agnès, Saorge, Sospel, La Turbie, la Brigue et Tende.