Monaco-Matin

La scène comme acte de résistance

Suzanne Rault-Balet, qui a grandi dans le Var, se produit ce jeudi à l’Espace Cardin pour un spectacle en forme de soutien à la création qui n’en finit plus de voir ses scènes confisquée­s.

- Streaming. LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

La scène à tout prix. À tout corps. Comédienne, écrivaine, photograph­e, performeus­e... À vingt-sept ans, Suzanne RaultBalet c’est un package à prendre ou à laisser. Elle se (dé)livrera jeudi soir sur la scène de l’Espace Cardin à Paris (1), faisant fi de l’inertie qu’impose à tous les artistes la crise sanitaire, pour un spectacle musicalo-littéraire aux allures de manifeste. But : « soutenir la création et garder le lien ».

Une virée dans les « errances » au coeur de son premier recueil de poèmes Des frelons dans le coeur, paru en octobre dernier aux éditions L’Iconoclate (lire par ailleurs). Sélection d’écrits intimes qui ont jalonné son parcours depuis toujours.

Adolescent­e grandie à Cogolin (où vit toujours sa maman) avant de s’envoler vers la capitale pour assouvir ses pulsions théâtrales et s’inscrire au Cours Florent, Suzanne foule les planches avec diverses compagnies. Représenté­e par un agent, elle fraie rapidement avec le petit écran dans des séries « labellisés » Netflix ou OCS (Osmosis, Les Grands...). Au Festival de Cannes, elle est même distinguée Talents Adami 2018 avec le court-métrage de Charlotte Le Bon, Judith Hôtel.

Écrits de « haute voltige »

Mais sa performanc­e ce jeudi découle avant tout d’une révélation aux Trois Baudets, en 2019. Suzanne se rend alors aux Reading Wild Days, trois soirées où des artistes d’horizons variés prennent la scène pour des lectures musicales passionnée­s.

« Le troisième soir, elle est venue me voir tout intimidée à mon stand de livres, en me disant qu’elle écrivait mais ne connaissai­t pas les rouages du système pour être publiée... En abordant son parcours, une lueur s’est allumée dans ma tête. J’avais une nouvelle collection en cours de réflexion et elle s’inscrivait complèteme­nt dans le courant d’auteurs imaginés. Elle a mis un mois pour se décider à m’envoyer ses textes, plus de deuxcents pages foisonnant­es. De la haute voltige... J’ai flashé ! », raconte son co-éditeur, Alexandre Bord.

Le vertige, l’intéressée l’a aussi ressenti ce soir-là, lorsqu’elle brise le quatrième mur... « Théâtre, écriture, musique... Soudain tout s’est aligné. Je me suis sentie à ma place et je me suis levée pour, à mon tour monter sur scène, lire deux de mes poèmes. Tout s’est passé de manière impromptue. J’étais toute tremblante de ce que je venais de faire ! », se

Suzanne et son comparse musicien Thomas Gendronnea­u se produiront ce soir à  heures dans un Espace Cardin parisien à huis-clos, mais visible par le plus grand nombre en souvient-elle.

Marqué par ses fulgurance­s, Alexandre Bord reçoit également en pleine figure ses photos argentique­s. « À ce moment-là, nous avons tout remis à plat pour faire dialoguer textes et images dans le livre à venir. Je n’étais pas au bout de mes surprises puisque quelques mois plus tard j’ai aussi découvert qu’elle chantait ! », s’enthousias­me l’éditeur.

Pour cause de scène « confisquée » par la Covid, jusqu’ici ses talents n’ont été visibles qu’en décembre dernier, par écran interposé, lors d’un spectacle aux Trois Baudets, dont le directeur artistique, Mathias Malzieu, est aussi un compagnon de collection. Repérée ce soir-là par David Godevais, fondateur du Disquaire Day et ex « M. Culture » d’Anne Hidalgo, elle se voit proposer ce rendez-vous du 14 janvier, avec à la guitare, le camarade parisien de longue date, Thomas Gendronnea­u.

« Nous avons habillé mes mots en musique. Ce spectacle c’est la promesse d’une Culture qui résiste ! », promet Suzanne dont les « frelons » bourdonnen­t « entre berceuse et violence ».« Ils sont mon armée. À la fois contre moi et mes alliés », conclut celle dont les mots ont l’art de faire capituler les coeurs.

‘‘ Tout s’est aligné. J’étais à ma place !”

1. À voir en direct ce soir à 21 h ou en replay sur les pages YouTube et Facebook du Théâtre de la ville, des Trois Baudets ou de l’Iconoclast­e.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco