Monaco-Matin

Un doublé et Ben Yedder a chassé ses doutes

Auteur de ses huitième et neuvième buts de la saison, Wissam Ben Yedder a éteint les critiques dont il était la cible. Le capitaine compte désormais 90 buts en 201 matchs de L1

- CHRISTOPHE­R ROUX

La gorgone maléfique a été exécutée. Elle ne lui tenaille plus les chevilles de ses mains gonflées par le spleen et la malchance. Après une période de huit matchs sans but dans le jeu, cinq sans but tout court, Wissam Ben Yedder s’est délesté de la sinistrose pour reprendre sa marche en avant. La machine à buts de l’ASM a signé un doublé, vendredi soir à Montpellie­r (2-3), et rappelé une évidence : les grands buteurs marchent sur un fil, tombent par séquences, mais finissent toujours par se relever. « C’est la réaction, frérot, s’est amusé le natif de Sarcelles sur le compte Twitter de l’ASM. On continue, le travail paye. Il ne faut jamais abandonner et toujours croire en vos rêves les gars. Toujours. »

Courbis : « Avec la Covid, il a pris une drôle de droite dans la gueule »

« Wissam est fort mentalemen­t et il va le démontrer lors des prochains matchs », avait certifié Benoît Badiashile, la semaine passée après la victoire contre Angers (3-0). Il a vu juste. Et la réaction de son capitaine survient dans une période où il se débat encore avec les séquelles de la Covid qu’il avait contractée en novembre. Sa sortie avant la fin du match en est la preuve. « On a eu tendance à négliger l’importance de ce virus pourri parce que le gars qui l’a attrapé est jeune, mais son organisme a pris une drôle de droite dans la gueule, rembobinai­t Rolland Courbis, jeudi sur RMC. Je ne serais d’ailleurs pas surpris qu’il ne joue pas obligatoir­ement 90 minutes dans les prochaines semaines. »

Le consultant conseillai­t aux supporters de l’ASM de ne pas bloquer sur le mutisme de ‘‘WBY’’ mais de regarder son apport global. « Il n’est pas seulement talentueux pour finir les actions. Il l’est aussi pour amener la dernière ou l’avant-dernière passe qui fait la décision. Ben Yedder dans les 25 derniers mètres, quand tu es l’adversaire, tu as mal à la tête. » Golovin de nouveau apte, l’internatio­nal français va « accélérer son retour en forme » prophétisa­it encore l’ex-Toulonnais.

Mais le premier supporter de Ben Yedder reste Niko Kovac. Le technicien monégasque n’a jamais livré son capitaine en pâture ou disjoncté devant l’insistance des questions sur le vague à l’âme de son leader. Il a usé du même flegme après le match à la Mosson, sans fanfaronne­r. Même s’il n’avait eu de cesse de répéter que son buteur marquerait rapidement. « Les débats sur son rendement ne m’ont pas fatigué, a-t-il exposé. Ce sont les mêmes en France, en Angleterre ou en Allemagne. Les questions arrivent dès qu’un buteur ne marque plus. C’est normal. Je lui avais dit : ‘‘Wissam, ne t’inquiète pas, je sais que tu veux marquer et la chance viendra. Les occasions, tu les as eues lors des matchs précédents.’’ Les dernières passes n’arrivaient pas jusqu’à lui, mais il n’y avait pas de discussion sur sa qualité. C’est un attaquant de haut niveau qui marquera même s’il n’a qu’une petite chance de le faire. » Le Croate s’attelle pour accroître son apport défensif. « Marquer ne fait pas tout. Je ne suis pas là seulement pour développer les jeunes, je me consacre aussi aux joueurs de classe mondiale, y compris ceux de 30 ans », a-t-il ajouté.

Vollander ou Yedderland ?

Le nuage de négativité ne plane plus sur la tête du trentenair­e et sa réussite est étroitemen­t liée à Kevin Volland. Et vice versa. Impossible de faire référence à l’un sans évoquer l’autre.

De quoi faire naître un petit jeu sur les réseaux sociaux de l’ASM. Cette dernière a demandé à ses supporters de voter pour gratifier d’un surnom l’insatiable doublette. Entre Vollander et Yedderland, le premier avait la faveur des votes, hier. Ce sondage dit beaucoup de l’impact du duo sur les résultats de l’équipe. Ils vampirisen­t les défenses et portent l’ASM à bout de bras (19 buts, 8 passes). Les voilà désormais impliqués sur 69,2 % des buts asémistes cette saison (27/39). « On repart comme en 2020, mais bon, ça fait plaisir aussi de marquer », s’est encore marré Ben Yedder, cette fois sur son compte Twitter, en légendant une photo de lui avec l’Allemand. Leur complicité se veut un phare pour toute l’équipe. «Ence moment, Kevin marche sur l’eau et il nous aide énormément. On a une attaque prolifique et ça nous fait du bien », insistait Badiashile récemment.

Avec ses ‘‘serial buteurs’’, le club princier doit maintenant colmater les dernières fuites défensives qui lui restent. Dans l’Hérault, Lecomte a encore ramassé deux ballons dans son but et Monaco ne parvient toujours pas à signer deux clean-sheets d’affilée cette saison. Ben Yedder a chassé ses doutes et c’est à l’arrièregar­de, désormais, d’enterrer ceux qui l’accompagne­nt.

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