: « Pourquoi changer les choses qui marchent ? »
Clotilde
Clotilde et Nicolas Noël sont parents adoptifs de trois enfants handicapés et fondateurs de l’association francilienne Tombée du nid, suivie par 60 000 familles.
« Pour adopter Marie, nous sommes passés par un OAA (organisme autorisé pour l’adoption), qui nous a mis en relation avec le département d’origine de notre fille, porteuse de trisomie 21 », détaille Clotilde Noël. Les OAA sont des associations autorisées par les départements et habilitées par le ministère des Affaires étrangères à intervenir comme intermédiaires pour l’adoption d’enfants. Ils accompagnent les adoptants tout au long de la procédure d’adoption et après l’arrivée de l’enfant.
En 2016, le couple décide d’adopter un deuxième enfant dit « à particularités », sans passer par un OAA cette fois.
« Nous avons contacté nousmêmes tous les départements de métropole et d’outre-mer. On a passé des nuits à remplir des papiers, tout agrafer. Nous n’avons eu que des réponses négatives. Vous ne faites pas partie du département. Nous privilégions les familles du département, nous a-t-on répondu. »
« On ne va pas laisser tomber »
Le couple s’étonne, car sa notice spécifiait « un enfant de tout handicap et de toute origine ». Or « il est très rare que les familles fassent des demandes pour des enfants handicapés. Mon mari a alors appelé chaque département un à un, en insistant. L’un d’eux, le premier à avoir envoyé une réponse négative, lui a répondu qu’une petite fille âgée de 16 mois était proposée à l’adoption, mais qu’elle était handicapée. “C’est ce que nous recherchons !” s’est exclamé mon mari. »
Les départements sont débordés. Les OAA sont là pour pallier les carences et mettre en relation les familles et les départements. La suppression de leur activité en France, comme le veut la proposition de loi, serait catastrophique. Pourquoi changer les choses qui marchent ? Si le nombre d’enfants adoptés en France via les OAA est faible ce n’est pas parce que ces organisations ne sont pas utiles, mais parce qu’elles sont en nombre insuffisant. Le texte doit passer au Sénat. On ne va pas laisser tomber », prévient la maman, auteure notamment de Petit à petit ,et Risquer l’infini, aux éditions Salvator, où elle raconte leur parcours.
En 2019, le couple a adopté Frédéric-Moïse, atteint d’une pathologie au cervelet. Ils sont également parents de six enfants biologiques.
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