De l’estomac... au dos
Soins Oui au sens propre : car bosser depuis son domicile peut certes présenter des avantages (le calme, l’absence de trajets) mais aussi des inconvénients physiques douloureux Le stress engendre des tensions au niveau thoracique
Toutes les personnes qui pratiquent assidûment le télétravail le savent : le risque est grand de souffrir de maux de dos. Particulièrement en cette interminable période d’incertitude sanitaire. Car le stress peut majorer ces douleurs engendrées par une mauvaise position.
En mars dernier, nombreux sommes-nous à avoir précipitamment quitté les bureaux pour installer nos ordinateurs à domicile. Sauf que nous ne sommes pas tous équipés. Sans parler d’une pièce dédiée au calme (le grand luxe pour beaucoup), beaucoup ont squatté la table de la salle à manger et les chaises basiques du grand fabricant suédois. Sauf que si ce mobilier convient parfaitement pour les déjeuners en famille, il n’est pas du tout approprié lorsqu’il s’agit de rester toute la journée face à un écran. Enzo Sarzotti, ostéopathe niçois, a vu arriver nombre de télébosseurs dans son cabinet en proie au mal du siècle. Cervicales, lombaires, chacun sa zone douloureuse (parfois les deux en même temps pour les moins chanceux). Pour lui, cela ne fait aucun doute : « Les personnes qui travaillent à domicile ne sont pas toujours bien équipées, souvent faute d’avoir pu anticiper. Beaucoup me racontent avoir dû s’organiser en quelques jours au mois de mars pour poursuivre leur activité professionnelle chez eux. Or ils ne disposent pas de mobilier de bureau adapté et sont mal installés. Si cela peut convenir pour
Sur les schémas : les muscles à étirer. Il est nécessaire, comme sur la photo, d’avoir l’écran à hauteur du regard et d’être suffisamment près de la table pour pouvoir y poser les avant-bras.
un jour ou deux, au bout de plusieurs mois, les conséquences sont catastrophiques et beaucoup se plaignent d’importants maux de dos. Et ce n’est pas tout, le stress psychologique va lui aussi majorer ces problèmes en provoquant des tensions au niveau thoracique. Typiquement, on retrouve là des personnes qui se plaignent de douleurs dans les cervicales ou entre les omoplates. »
Un matériel adéquat
Il est possible de prendre du paracétamol pour calmer la douleur. Mais surtout, ne pas en abuser, au risque d’abîmer le foie. Alors, lorsque l’on est bloqué, que le simple fait de se lever de sa chaise ou de se baisser pour ramasser un objet par terre est insupportable, ce type de traitement médicamenteux d’appoint ne suffit pas. Il faut consulter un spécialiste. Bonne nouvelle, en une ou deux séances (selon le degré d’atteinte), un ostéopathe peut remettre de l’ordre dans les corps malmenés. Avec des manipulations ciblées, il va aider la ou les zone(s) concernées à se relâcher. Et pour ne pas renouer trop rapidement avec le mal de dos, il faut prendre des mesures, changer ses habitudes, et s’y astreindre.
D’abord le poste de travail. Sachant que le télétravail a tendance à se généraliser et que l’on n’est pas à l’abri d’un autre confinement, cela vaut vraiment la peine. « Il faut que l’écran d’ordinateur soit à hauteur du regard. Si vous baissez les yeux, vous sollicitez constamment vos cervicales. N’hésitez donc pas à le poser sur une pile de livres pour le rehausser », conseille Enzo Sarzotti.
Pieds au sol et dos au dossier
La chaise maintenant. Vaste sujet. L’assise est elle aussi fondamentale, à l’instar du dossier. L’idéal, c’est le fauteuil de bureau. Mais si on n’en dispose pas, on peut toujours s’accommoder de ce que l’on a. Première chose : on ne croise pas les jambes (cela crée des tensions sur le bassin et les hanches) : le conseil s’adresse surtout aux femmes qui le font presque automatiquement. « Les pieds doivent être posés sur le sol ou sur un repose-pieds qui a le mérite de
Enzo Sarzotti limiter les tensions au niveau des chevilles », précise l’ostéopathe. La chaise doit être rapprochée de la table – mais pas trop, c’est utile de pouvoir respirer – de manière à ce que les avant-bras puissent y être « Le stress crée une oppression thoracique. Des tensions peuvent apparaître au niveau du diaphragme et du thorax. Cellesci vont se répercuter sur les courbures secondaires : cervicales et lombaires », résume Enzo Sarzotti. En résumé, plus on est stressé, plus on risque d’avoir mal au dos. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de « mal du siècle ». Aujourd’hui, beaucoup de personnes souffrent du stress, or l’impact somatique est réel. D’ailleurs, l’expression « en avoir plein le dos » n’est encore une fois pas anodine : elle montre véritablement les liens entre la psyché et le corps. L’ostéopathe note également une hausse des consultations après les agapes de fin d’année. Là encore, l’explication est rationnelle : « Pendant cette période, on a tendance à manger plus, notamment des aliments gras, sucrés et salés, et à consommer davantage d’alcool. Or ces produits vont libérer des toxines qui ont tendance à se fixer sur les muscles posturaux, psoas et pyramidal en particulier. D’où le fait qu’il n’est pas rare que l’on souffre de sciatique après les fêtes. »
posés. Le dos quant à lui est collé au dossier (on oublie donc le tabouret de la cuisine).
S’il y a un investissement financier qui vaut le coup, c’est un casque ou des écouteurs lorsque l’on passe du temps au téléphone. Si vous n’en avez pas, alternez de bras pour tenir l’appareil. Le pire, c’est de coincer le combiné entre son oreille et son épaule. Manifestement, il va falloir modifier quelques habitudes et les conserver, y compris de retour au bureau.
Ostéopathe