Monaco-Matin

À Cannes, Aline la couturière ne craint pas une rupture du marché

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

La polémique actuelle sur l’efficacité des masques en tissu faits maison face aux nouveaux variants du coronaviru­s va-t-elle mettre un terme à un marché qui, depuis le début de la crise, apparaissa­it comme plutôt florissant ? Franchemen­t, Aline Buffet, connue à Cannes comme la couturière du Festival, n’y croit pas. En mars dernier, cette créatrice de mode avait été parmi les premières à prendre le train en marche, en s’inscrivant dans la synergie cannoise de « Mmerci », la manufactur­e de masques en réseau initiée par David Lisnard, et en imaginant une ligne devenue au fil des mois très prisée en France et à l’étranger.

« Je défends le masque en tissu »

« On endoctrine facilement les gens et ceux-ci se laissent d’ailleurs endoctrine­r tout aussi facilement, commente-t-elle à propos des nouvelles préconisat­ions du Haut conseil de la santé publique. Mais les masques en tissu, s’ils sont de qualité, ne posent vraiment pas de problèmes. Le souci, c’est que l’on trouve un peu de tout dans la production. Certains ne respectent pas le poids des matériaux, les trois épaisseurs, etc. Mais si la fabricatio­n est faite dans les règles de l’art, le masque en tissu est plus couvrant, plus protecteur. Les miens en plus, supportent un lavage illimité à 30 ou 60 degrés. Ce qui revient à dire que la personne qui en achète trois ou quatre va bénéficier d’une durée de vie incroyable. Alors oui, je défends le masque en tissu que je trouve plus hygiénique, plus écologique, à condition qu’il y ait un respect des normes. »

Et si elle pense que le marché ne va pas fléchir malgré les attaques dont il fait aujourd’hui l’objet, c’est parce que cet objet est aussi devenu un accessoire de mode. « Dans mon atelier, on le travaille sur-mesure, détaille-t-elle, en tenant compte de la forme du visage, de la position des oreilles – nous ne sommes pas tous faits de la même façon – et en le dotant d’élastiques d’une extrême qualité. Ceux-ci ont d’ailleurs été très difficiles à trouver pendant le confinemen­t et je me

Pour Aline Buffet, le marché du masque en tissu a encore de beaux jours devant lui.

suis servie de mon stock. Nous avons aussi étudié la forme des lunettes pour éviter la buée. Bref, si on peut associer l’hygiène, le médical et l’esthétique, pourquoi s’en priver ? Moi, en tout cas, j’y tiens. » Elle l’affirme : « J’ai toujours beaucoup de demandes parce que je réactualis­e mes tissus. Et j’ai beaucoup vendu au Québec parce que là-bas, les masques sont trop épais. Les gens suffoquent en les portant et ils m’en ont acheté pour cette raison. Je pense donc que cette tendance va continuer, d’autant que dans certaines régions comme la nôtre, à Monaco, à Cannes où une certaine élégance est de mise, les dames veulent être masquées joliment. Quant à la polémique sur l’efficacité des masques en tissu, elle n’est pas nouvelle en fait. Elle a démarré dès le début de la crise, tout simplement parce qu’en raison de la pénurie, tout le monde s’est mis à fabriquer des masques et cela a constitué un marché parallèle en contrarian­t les profession­nels du secteur. » C’est dit !

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(Photo doc. N.-M.)

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