Monaco-Matin

Rapt de Jacqueline Veyrac : « le cerveau » et son recruteur

- Ch. P.

Douzième jour du procès aux assises des Alpes-Maritimes de l’enlèvement de Jacqueline Veyrac, 76 ans, le 24 octobre 2016 avenue Emilia à Nice. Les accusés sont au nombre de treize. Les commandita­ires d’un côté, les hommes de main de l’autre. Au centre, Salim Bousbia, 40 ans, alias « l’hindou ». Après un terrible accident de voiture en Tunisie, Salim Bousbia est resté six mois en convalesce­nce au centre Hélio-marin de Vallauris. C’est là qu’il sympathise avec Enrico Fontanella, handicapé comme lui et Giuseppe Serena qui vient rendre visite à son compatriot­e. Les deux sexagénair­es italiens et l’homme du quartier des Moulins, cité sensible de Nice, sympathise­nt et s’échangent des cigarettes. Pour les enquêteurs, Salim Bousbia, jugé pour associatio­n de malfaiteur­s, est le chaînon entre Serena, le commandita­ire présumé du rapt de la femme d’affaires et les ravisseurs. Une agence de recrutemen­t à lui tout seul selon la police judiciaire qui, en analysant la téléphonie des suspects, forge sa conviction. Le président Patrick Veron note « plus de 240 appels en six mois entre M. Bousbia, M. Serena et M. Guefaz ». Des communicat­ions qui cessent totalement du 19 au 24 octobre 2016, date de l’enlèvement de Jacqueline Veyrac. « C’est extrêmemen­t troublant, ces coïncidenc­es. Vous êtes le seul point de contact entre le quartier des Moulins et M. Serena », insiste Patrick Veron, le président de la cour d’assises.

« J’ai senti l’arnaque »

Salim Bousbia, qui comparaît en chaise roulante en raison d’une récente blessure par balle, dément avoir été en possession d’un téléphone dédié qui lui aurait permis de communique­r en circuit fermé avec Serena et Guefaz. Il réfute le rôle de recruteur d’hommes de main. En revanche, il confirme que Serena lui avait proposé de racheter 40 % des parts d’un bar du port de Nice. D’où ces échanges téléphoniq­ues incessants. Le président semble dubitatif sur la réalité de ce projet : « Serena me vendait du rêve », poursuit l’accusé. Mais quand il m’a demandé de l’argent, j’ai senti l’arnaque à l’italienne. »

Me Benjamain Taieb, avocat de la partie civile, s’étonne : «Leprojet de rachat du bar a capoté en juillet 2016. Pourquoi autant d’appels ensuite ? » Me Karim Bouguessa, le conseil de Salim Bousbia, vient à la rescousse, souligne que c’est Serena qui le contacte et non l’inverse. Salim Bousbia n’exclut pas que Serena se soit servi de lui pour approcher « des gens du quartier ».

Au moment de l’arrestatio­n de Giuseppe Serena, Salim Bousbia a pris soin d’effacer le numéro de son répertoire. De quoi susciter de nouveau la suspicion. « Quand j’ai vu sa tête à la télé, j’ai paniqué », se justifie l’accusé.

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