Au cimetière des réformes
C’était une des grandes promesses d’Emmanuel Macron. Un marqueur social de son action. La loi grand âge et autonomie censée venir en aide aux millions de Français qui s’occupent d’un proche en situation de dépendance est à nouveau reportée sine die. Annoncée avant l’été , repoussée fin , espérée courant , cette réforme majeure ne verra pas le jour en , au grand dam des fédérations de l’aide à domicile qui ont crié leur révolte cette semaine. En , année d’élection, la loi grand âge et autonomie qui, selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal qui n’y croit pas lui-même « reste à l’agenda du quinquennat », risque fort de rejoindre la réforme des retraites au cimetière des grands chantiers du quinquennat. Asphyxié par la crise sanitaire, pris en tenailles par un calendrier parlementaire contraint, l’exécutif ne dispose déjà quasiment plus de marge de manoeuvre jusqu’à la présidentielle. Le risque est aujourd’hui grand pour Emmanuel Macron de sortir de cinq ans d’exercice du pouvoir sans bilan. Une perspective qui préoccupe certains de ses ministres. « Nous devons nous battre contre l’idée que la Covid va tout emporter, que la France est foutue, et ne surtout pas laisser penser que nous n’avons pas réformé », analyse un membre du gouvernement en écho aux saillies récentes des oppositions. «Peu de choses auront été faites dans ce quinquennat », pilonne le président LR du Sénat Gérard Larcher. « Rien n’a changé en mieux », balance Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris. En réunissant mercredi dernier un séminaire gouvernemental pour fixer le cap des six mois à venir, le chef de l’Etat a clairement marqué sa volonté de continuer à faire avancer le pays coûte que coûte. Au même moment, le gouvernement mettait en ligne le « baromètre des promesses tenues ». Cette photographie de l’avancée de réformes concrètes vise à convaincre les Français que le bilan du quinquennat Macron ne se limite pas aux gilets jaunes et à la crise sanitaire. Une opération de com aux faux airs d’instrument de campagne qui ne suffira sans doute pas à faire oublier les réformes enterrées.
« Le risque est grand pour Emmanuel Macron de sortir de cinq ans d’exercice du pouvoir sans bilan »