« Un discours de politique intérieure »
Les voeux de Macron aux armées Le Président a présenté, hier, à Brest ses voeux aux armées, en évoquant un « ajustement » des forces françaises au Sahel et en appelant les Etats-Unis à se réengager au Moyen-Orient
Accompagné de la ministre des Armées Florence Parly, de la ministre déléguée Geneviève Darrieussecq et des principaux gradés, dont le chef d’étatmajor François Lecointre, Emmanuel Macron a débuté sa visite par l’Ecole des mousses de Brest, qui forme chaque année quelque 200 jeunes de 16 à 18 ans souhaitant s’engager dans la Marine dès la troisième ou la seconde.
Après cette visite, le président Macron est monté sur le ponton de la frégate Bretagne. Il y a rencontré en particulier la première femme plongeuse de la marine.
Vers un allègement au Sahel
Alors que des voix de plus en plus nombreuses s’interrogent en France sur la poursuite de l’opération Barkhane, huit ans après le début de l’intervention antidjihadistes dans la région, Emmanuel Macron a évoqué un possible redimensionnement des troupes françaises sur place en affirmant que d’ores et déjà « les résultats sont là ».
« Les résultats obtenus par nos forces au Sahel, conjugués à l’intervention plus importante de nos partenaires européens, vont nous permettre d’ajuster notre effort », a-t-il dit, en rappelant que les renforts de 600 hommes décidés l’an dernier étaient « temporaires » et que depuis est entrée en oeuvre la force « Takuba » qui réunit plusieurs pays européens.
L’exécutif réfléchit à alléger le nombre de soldats engagés, actuellement autour de 5 100, un sujet qui sera sur la table en février à N’Djaména au sommet du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad). « Je serai présent à N’Djaména pour un nouveau sommet et des décisions structurantes, avec un cap inchangé, la stabilité et la victoire contre le terrorisme » , at-il dit. Le chef de l’Etat a salué l’engagement des armées sur plusieurs théâtres d’opérations à l’international et rendu hommages aux onze soldats morts au combat.
Il a aussi espéré que l’arrivée du président américaine Joe Biden marquera un « réengagement » des Etats-Unis au Moyen-Orient et «des décisions structurantes » avec « une prise de conscience de la nature de la lutte contre le terrorisme », notamment en Syrie et en Irak. La France craint une possible résurgence de l’EI en Irak et Syrie. Le chef de l’Etat a aussi rassuré les militaires sur la hausse des engagements budgétaires, malgré les dépenses liées à la crise sanitaire, alors qu’une clause de « revoyure » est prévue cette année.
« L’indispensable remontée en puissance de nos armées, que j’ai décidée en 2017, doit se poursuivre résolument dans le cadre de la loi de programmation militaire. Je l’ai dit et répété, je le réaffirme solennellement aujourd’hui, les engagements que j’ai pris seront tenus », a-t-il affirmé.
Le budget 2021 des Armées s’élève à 39,2 milliards d’euros, en hausse pour la troisième année consécutive (+4,5% sur un an).
Anciens officiers généraux, mais toujours très impliqués dans les questions de défense, l’amiral Pascal Ausseur et le général de corps aérien Patrick Lefebvre, respectivement directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques et directeur des sessions méditerranéennes des hautes études stratégiques, ont écouté les voeux aux armées du Président avec attention. Leur analyse.
Que retenez-vous du discours du chef des Armées ?
Pascal Ausseur : Dire que c’est un discours de campagne serait un peu fort, mais j’ai perçu les mots du président comme un discours de politique intérieure. Les morts en opérations extérieures, la dissuasion, le rôle des armées dans la gestion de la crise sanitaire, mais aussi comme acteur clé de la relance économique (...) les armées, véritable creuset des valeurs républicaines, rien n’a été oublié. Patrick Lefebvre : Le Président de la République a également souligné la conflictualité qui évolue et la nécessité de réactualiser la revue stratégique de . Et pour revenir sur les valeurs républicaines incarnées par les armées, au moment où on a vu ressurgir le populisme, c’est un message fort envoyé aux militaires.
Avec la crise économique qui frappe le pays, les militaires pouvaient craindre des coupes budgétaires. Ce n’est pas le cas ?
P. A. Il a été très clair sur la loi de programmation militaire qui sera « respectée à l’euro près ». Mais il a bien expliqué que l’argent destiné aux armées, c’est bon pour l’emploi, pour l’économie et pour l’innovation. De la même façon, face aux angoisses générées par l’épidémie de Covid, il a rappelé que les armées avaient été là pour participer à la protection de la population.