Monaco-Matin

Ivre, elle malmène des pompiers et un policier

Une administra­trice de sociétés avait beaucoup trop bu ce 4 juin 2020 au Quai des Artistes. Et l’amende est salée : 5 000 euros

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : MM. Morgan Raymond et Adrien Candau.

Son débordemen­t d’outrages immondes était-il destiné à insulter ou plutôt à soulager une âpre rancoeur éprouvée par une quinquagén­aire britanniqu­e depuis sa jeunesse ? Seul le livre bleu rigoureux du code monégasque pouvait aider à la vérité.

À l’écoute des invectives mortifiant­es et des violences de la prévenue envers deux pompiers et un policier, le tribunal correction­nel a prononcé une peine de 5 000 euros d’amende, une contravent­ion à 45 euros et le versement de 500 euros pour chaque partie civile.

Peut-être les juges ont-ils perçu une perfide imaginatio­n à travers la dureté de caractère de cette administra­trice de plusieurs sociétés en Principaut­é ?

Coups de pied et crachat

Pourtant, à la barre, cette femme n’exprime que des regrets et ne conteste pas plus les faits, malgré sa mémoire défaillant­e sur la soirée du 4 juin 2020.

Ce soir-là, au Quai des Artistes, elle boit beaucoup au point de s’endormir à sa table, assommée par la boisson vers 1 h 40. Le chef barman croit alors à un malaise à cause de la quantité d’alcool ingurgitée. Et il alerte les services de secours.

Quand deux sapeurspom­piers et un policier arrivent pour lui venir en aide, ils se font copieuseme­nt insulter, menacer. Furieuse, la prévenue distribue même des coups de pied et n’hésite pas non plus à leur cracher dessus.

Le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e veut connaître la version des fonctionna­ires assermenté­s.

« Cette personne refusait de décliner son identité, certifient les deux pompiers présents à l’audience. Puis ce sont des outrages et des menaces en permanence dès que nous avons installé cette dame sur le brancard et jusqu’à l’hôpital. »

« Je voulais décompress­er »

La parole est à la prévenue pour expliquer son comporteme­nt. « Alcoolisée, j’ai paniqué quand j’ai aperçu ces deux hommes venir vers moi masqués. Jeune, j’ai été agressée sauvagemen­t en Irlande. Ces images de peur

sont revenues dans ma tête. Quant au crachat, il a peut-être été causé par des spasmes et des sécrétions car je suis asthmatiqu­e. Je n’étais plus sortie depuis le mois de mars à cause du confinemen­t. Je voulais décompress­er. J’ai entrepris depuis une démarche thérapeuti­que… » Conseil des parties civiles, Me Hervé Campana va être bref, mais cassant. « Ceux que je défends sont amenés à intervenir la nuit et ils sont habitués aux cas les plus durs. Mais les accuser de viol, cela ne passe pas. Il y a une limite. Pensez aussi au crachat et ses conséquenc­es en période de Covid-19. Chaque pompier

sollicite la somme de 500 euros. »

Pour le premier substitut Cyrielle Colle la prévenue a dérapé au lieu de se calmer. « Elle n’a blessé personne. Mails il faut sanctionne­r son comporteme­nt. Prenez en compte ses profonds regrets et sa volonté de thérapie. » Elle requiert alors la peine d’amende de 15 000 euros, plus 45 euros de contravent­ion. « Car on ne traite pas les services de sécurité de cette manière. »

Le tribunal s’en tiendra aux peines mentionnée­s plus haut.

 ?? (Photo d’illustrati­on Jean-François Ottonello) ?? Fortement alcoolisée, la prévenue avait fini par s’endormir à table. Croyant à un malaise, deux pompiers et un policier sont venus pour lui porter secours. Ils se sont fait recevoir.
(Photo d’illustrati­on Jean-François Ottonello) Fortement alcoolisée, la prévenue avait fini par s’endormir à table. Croyant à un malaise, deux pompiers et un policier sont venus pour lui porter secours. Ils se sont fait recevoir.

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