Monaco-Matin

Julie Zenatti « Un univers qui fait du bien »

Désormais indépendan­te, la chanteuse s’aventure dans un nouveau registre de la variété. Refaire danser les fleurs est teinté de sonorités 70’s-80’s, mais son propos reste actuel.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr PHOTO SLAM

Son huitième album solo devait arriver en mai dernier, avant que l’épidémie de coronaviru­s n’en décide autrement. Finalement, Julie Zenatti aura dû patienter un peu plus longtemps pour faire ses premiers pas hors du giron des maisons de disques. Un grand saut dans l’inconnu ? Sans doute encore plus que d’habitude. « À chaque album, j’ai l’impression de prendre un nouveau départ. Même si j’ai la chance d’avoir un public qui m’a toujours suivie, aussi bien dans mes succès que mes échecs, ce n’est jamais acquis. Et le fait d’être totalement indépendan­te augmente un peu l’angoisse. J’ai impliqué plein de gens autour de moi », nous explique la chanteuse, après avoir déposé sa fille à l’école. Sur Refaire danser les fleurs, le ton reste toujours optimiste. Même si celle qui fêtera ses quarante ans le 5 février prochain apporte quelques bémols, ou plutôt quelques nuances.

Julie Zenatti laisse toujours de la place aux grandes balades, surplombée­s de sa voix de soprano. Mais on la retrouve aussi dans un autre registre, plus pétillant, qui lui va pas mal.

Quelles étaient vos intentions pendant l’enregistre­ment de cet album ?

J’avais envie de faire quelque chose de rassurant. En quittant les grosses structures, dans lesquelles j’ai grandi et évolué, j’avais besoin d’aller dans un univers qui fait du bien. Cet univers, c’est la musique qu’écoutaient mes parents dans mon enfance. France Gall, Michel Berger, Véronique Sanson... Je ne vais pas me comparer à ces genslà, parce que je n’ai pas le quart de leur talent. Mais ce genre d’harmonies, de constructi­ons de chansons où on prend le temps de développer, me parle beaucoup.

Très tôt, vous avez décidé de vous orienter vers des rythmiques rappelant les années - ?

En fait, quand j’ai composé les premiers titres, Comme un pirate en mer et Tout est plus pop, avec mon équipe, on s’est rendu compte qu’il y avait un petit goût -. On a décidé de dérouler un peu le fil...

Dans cette équipe, le musicien Da Silva est toujours fidèle au poste...

On a beaucoup bossé ensemble. À chaque fois que je me lance dans un projet, je suis assez fébrile. Du coup, je me suis de nouveau tournée vers Manu [Da Silva, ndlr] et son bras droit, Fred Fortuny.

Comment choisissez-vous votre entourage artistique ?

Je travaille souvent en faisant des rencontres. Je ne planifie rien, j’échange avec des copains de copains. À l’époque, on prenait des cafés, c’était encore possible ! Puis d’un coup, on se rendait compte qu’on avait des points communs et on se disait qu’on pourrait se lancer.

Cela s’est passé comme ça avec la Niçoise Rose ?

Rose, c’est une amie de longue date. On avait bossé ensemble sur Méditerran­éennes, mon précédent projet. Là, on a chanté en duo sur Rien de spécial et on a conçu Plein phare ensemble. Rien de spécial, elle ne pouvait marcher que si on mettait nos deux énergies en commun.

Les duos féminins sont assez rares dans la chanson française...

C’est vrai que la nouvelle génération le fait plus facilement, comme Dua Lipa et Angèle récemment. On sent qu’elles se serrent les coudes et font beaucoup de trucs entre elles. Dans ma génération, ça s’est rarement fait. Dommage parce que moi, j’aime être entourée. Je suis quand même ‘‘née’’ dans une troupe, avec Notre-Dame de Paris.

Pour évoquer les rapports hommes-femmes sur Et pourquoi pas, vous avez misé sur la légèreté ?

Oui, l’idée, c’est de dédramatis­er un peu les choses. Cette chanson, que j’interprète avec Alban Lico, n’est pas un doigt pointé vers la gent masculine. Elle rappelle juste aux hommes que toute une époque, peut-être celle de nos parents ou de nos grands-parents, est révolue. C’est fini d’avoir ces petites réflexions, comme “femme au volant, mort au tournant”, etc. C’est du sexisme ordinaire. De manière très insidieuse, ça dévalorise la position de la femme.

Avec Paisibleme­nt fou ,ilest question d’un amour, peut-être pas aussi intense que dans les films...

C’est peut-être le privilège de l’âge ! Au bout d’un moment, on voit les choses de manière beaucoup moins enfantine. Tout n’est pas tout rose ou tout noir. Le couple, c’est comme une amitié, ça se nourrit. Certains jours, avec mon mari, on n’a pas envie de se voir, c’est comme ça. Ce n’est pas pour autant que le lendemain, on ne s’aime pas passionném­ent.

Quand on se dit que Tout est plus pop, l’un de vos titres, qu’est-ce ça change ?

On peut décider de recommence­r, de se tromper... C’est une chose qui dit un peu : “Même pas peur.” Peu importe le regard qu’on peut porter sur nous. Peu importent les expérience­s qu’on a vécues. Les premières fois, on les connaît. Maintenant, on peut se demander comment on peut rendre un peu plus funky la suite.

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Refaire danser les fleurs.  titres. (Victo)

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