La politique, les dictateurs et l’amour
Une BD reportage sur l’Assemblée, un récit réaliste et un autre de fiction sur le thème de la dictature... La politique est au coeur de trois albums publiés en janvier. PACIFIC PALACE LE SPIROU
PALAIS BOURBON - LES COULISSES DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Kokopello. Éditions Dargaud. 136 pages. 18 €. ces député(e)s (Ruffin, Villani, Autain, Depuis tout temps les hommes et les de Courson et d’autres...) qui lieux de pouvoir fascinent le commun composent la représentation nationale. des mortels... et les auteurs de bandes Il les retrouve aussi dans leurs dessinées ces dernières années. Dans le circonscriptions. genre BD reportage, la référence C’est l’occasion, parfois, de petits hexagonale se nomme Mathieu Sapin. instants de poésie très terre à terre et Ce dernier a croqué la Campagne populaire lorsque le député Jean présidentielle de Hollande, sa Lassalle, debout sur une table, entonne présidence à l’Élysée – Le Château – ou à tue-tête l’hymne du club du Pays encore s’est interrogé, cet automne, sur basque : “Allez, Allez, les bleu et blanc de l’exercice du pouvoir avec Comédie l’aviron bayonnais”... C’est aussi cela, la française dans une composition un peu fête de la transhumance dans la vallée moins journalistique que les d’Aspe. précédentes. Comme Mathieu Sapin, La gravité s’invite également quand le Kokopello (alias Antoine Angé) se met reportage coïncide avec le séisme de en scène pour décrypter et raconter l’affaire Benalla ou encore le
Palais Bourbon - Les coulisses de mouvement l’Assemblée nationale qui sort en des Gilets librairie aujourd’hui. À quoi servent les jaunes. députés ? Voilà le fil rouge de ce Pas rébarbatif, reportage dessiné dans les méandres le reportage d’une Assemblée nationale trop dessiné de souvent résumée à l’hémicycle et à la Kokopello se salle des Quatre Colonnes ouverte à la révèle très presse... instructif et
Alors que Kokopello, lui, s’est fait ouvrir parfois toutes les portes du Palais Bourbon. inattendu.
De droite où de gauche, le dessinateur soumet à la question, et aux crayons,
€. Spirou lui non plus n’a pas échappé au confinement... Pas de Covid- entre les murs du célèbre Pacific Palace ni de cordon sanitaire, mais un dictateur déchu d’un petit pays des Balkans pour lequel il a été nécessaire de vider les lieux de leur clientèle. Poursuivi par la vindicte populaire et la justice de son pays, le Karajan, il négocie un exil doré et discret avec le gouvernement français. Théâtre de ces palabres politiques, le palace qui a vu passer Marilyn Monroe et Michael Jackson est coupé du monde et bunkérisé.
Son énigmatique directeur, M. Paul, l’insupportable gaffeur Fantasio, qui s’y est fait engager, et Spirou se retrouvent bien malgré eux au service de l’exprésident Korda, alias « le boucher », de sa femme et de sa fille Elena. Charmé par son regard bleu pacifique, Spirou en tombe instantanément amoureux... ce qu’a remarqué la belle. Intrigues politique et sentimentale s’entremêlent dans ce huis clos chargé d’une tension presque palpable entre les murs d’un palace, personnage à part entière de l’album. Si le récit interpelle et soulève un certain nombre de questions (« ce qui n’est pas normal c’est qu’un pays comme le nôtre accueille un type pareil », pour citer Fantasio), ce Spirou de Christian Durieux est un album séduisant et délicat... une sorte de bulle un peu hors du temps.