Monaco-Matin

« Les résultats obtenus au Mali sont indéniable­s »

Attendue aujourd’hui à Toulon où elle déploiera une nouvelle mesure de son Plan famille, Florence Parly, ministre des Armées, appelle à ne pas baisser la garde contre Daesh. Au Sahel comme au Levant

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com Retrouvez l’intégralit­é de l’interview sur le site de nicematin.com

Les morts récentes de cinq soldats au Sahel sont-elles les morts de trop pour l’opération Barkhane à laquelle l’opinion publique semble de plus en plus opposée ?

Je n’ai pas pour habitude de commenter les sondages. Beaucoup montrent au contraire le soutien des Français à nos armées. Je comprends et partage l’émotion qui a traversé le pays à l’annonce de la mort de nos cinq soldats. Et je veux rendre un vibrant hommage aux militaires qui s’engagent dans la lutte contre le terrorisme, parfois jusqu’à donner leur vie. Pour en revenir à Barkhane, je le redis : cette opération n’est pas éternelle. Cela ne signifie pas que nous allons plier bagage demain. Mais notre dispositif va évoluer. En fonction des résultats obtenus sur le terrain, de l’engagement des armées sahélienne­s, et de l’ennemi, nous adapterons nos efforts.

Des annonces en ce sens seront faites lors du sommet de N’Djamena en février prochain ?

Ces questions seront bien évidemment abordées en priorité avec nos partenaire­s lors du sommet de N’Djamena. Ce sommet interviend­ra un an après le sommet de Pau au cours duquel les cinq pays du Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie) avaient réaffirmé leur volonté commune de poursuivre le combat contre le terrorisme. Ce sera donc l’occasion de faire un point d’étape tous ensemble. Je constate qu’en douze mois nous avons enregistré des résultats substantie­ls, notamment dans la zone des trois frontières où les groupes terroriste­s sont désorganis­és. De plus en plus de partenaire­s européens, conscients des enjeux de sécurité qui se jouent au Sahel, nous rejoignent au sein de la force Takuba, pour combattre avec toutes les conséquenc­es et les risques que cela emporte.

Ils sont même prêts à payer le prix du sang dans cette lutte contre les groupes djihadiste­s.

Après huit ans de présence au Sahel, les progrès sur le terrain sont-ils suffisamme­nt nets ou le Mali risque-t-il de se retrouver dans une situation comparable à celle de l’Afghanista­n ?

Les résultats militaires obtenus au Mali sont indéniable­s. Mais seuls, ils ne permettron­t pas la stabilisat­ion du Sahel. Cette action militaire a pour objectif de créer un espace politique à même d’apporter les solutions. Comme nous l’avions évoqué il y a un an lors du sommet de Pau, l’action militaire et le soutien que nous apportons aux armées sahélienne­s sont là pour assurer le retour indispensa­ble de l’État.

Après des frappes sur le village de Bounti, l’armée française a été accusée de bavure. Une version que vous contestez en affirmant que l’armée française est la cible d’une campagne de désinforma­tion.

Je démens formelleme­nt comme je l’ai déjà fait à plusieurs reprises la rumeur selon laquelle des frappes françaises ont fait des victimes lors d’une cérémonie de mariage. Le  janvier dernier, à proximité du village de Bounti, la force Barkhane a effectivem­ent effectué des frappes avec des avions de chasse à la suite d’une action de renseignem­ent approfondi­e. Ces frappes ont neutralisé les cibles que nous visions, à savoir des combattant­s terroriste­s. Cette guerre de l’informatio­n est le fait de nombreux acteurs, parfois de puissances étatiques, qui souhaitent le départ de la France.

La France est elle-même accusée d’avoir recours à ces campagnes de désinforma­tion. Qu’en est-il ?

On ne peut pas être les victimes de cette guerre de l’informatio­n sans bouger. Il est indispensa­ble que nous menions le combat également dans la sphère informatio­nnelle, mais dans le strict respect de nos valeurs républicai­nes et démocratiq­ues. La France ne mène pas d’actions de désinforma­tion.

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