Monaco-Matin

A Valberg, un vent de liberté mais « pas la folie »

- TEXTES ET PHOTOS : CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Celui-là, même Jean Castex ne l’avait pas vu venir. Plus glaçant qu’un couvre-feu, plus dissuasif qu’un week-end confiné : le vent d’hiver ! Cette brise sournoise a accueilli les familles venues croquer la neige à Valberg, hier. Comme pour leur faire regretter d’avoir quitté le littoral pour la montagne. Il y a du vent, oui. Mais il y a du monde aussi. A l’instar des autres stations. Le contraire eut été surprenant. Chacun a en tête ces bouchons monstres sur «la202» , sur la route des stations vendredi après-midi. Certains étaient dedans. Comme Grégory Di Carlo et Guillaume Pascual, trentenair­es venus respective­ment de Nice et Cannes. Plus de trois heures pour rejoindre leur résidence secondaire et permettre à leurs filles de skier. Ils précisent : « C’était prévu. Ce n’était pas pour fuir le confinemen­t ! » Du monde, oui. « Mais pas beaucoup plus que d’habitude. Ce n’est pas la folie », tempère Julien Nicoletta, directeur de l’Ecole de ski français (ESF) de Valberg. La file d’attente devant ses locaux pourrait faire illusion. Pourtant, « on est à 50 % d’activité. Beaucoup de gens ont annulé ou décalé leur venue parce qu’ils avaient peur de ne pas pouvoir circuler. »

Hôtels réservés à  %

Au premier regard, le front de neige valbergan paraît bondé. En réalité, on peut déambuler sans se piétiner les moon boots. S’il y a foule, c’est en partie parce que les adultes sont privés de ski, et qu’ils viennent là récupérer leurs chanceux rejetons, de retour de cours en mode chasse-neige.

C’est le cas de Loïc et Magali Donteville. Ces trentenair­es varois font l’aller-retour depuis Puget-sur-Argens dans la journée. Juste le temps de récupérer les forfaits ESF et de confier leurs deux skieurs en herbe aux grands-parents. « On a été contrôlés par la gendarmeri­e. On avait l’attestatio­n garde d’enfants : pas de problème. » Habitué de Valberg, le couple constate qu’il y a « moins de monde que d’habitude ». Moins que dans le monde d’avant, en tout cas.

Les parkings affichent des plaques 06, 83 ou Monaco. Mais ils ne débordent pas. Les hôtels, eux, affichent du 100% de réservatio­ns. Et cela n’a pas forcément attendu lundi dernier, quand le préfet Bernard Gonzalez a annoncé deux week-ends confinés. « On était déjà plein de longue date. Pour nous, c’est la plus grosse période de l’année », explique Marie-France Ginésy, directrice du Chalet Suisse. Cet hôtel-restaurant 3 étoiles, situé en bas des pistes, a bien subi un « effet collatéral » du confinemen­t du littoral : « L’allongemen­t des séjours. Comme il y avait un certain flou, les gens ont préféré arriver dès le vendredi ou repartir le lundi. »

« Les gens se battent pour monter »

L’onde de choc s’est propagée dans les communes voisines. Comme au Relais des Alpes, à Guillaumes. Lundi, ce petit hôtel n’avait que trois chambres réservées ; les trois dernières ont été « bookées » dans la foulée. «Pareil pour mes collègues. Tout est plein, constate Pierre, son propriétai­re. Les gens se battent pour pouvoir monter. S’ils mettaient une caravane dans un champ, ils feraient le plein quand même ! »

A l’arrivée, il faut veiller au grain. OK, le Mercantour n’est pas confiné, et s’avère particuliè­rement bien ventilé ce samedi. Mais le relâchemen­t y reste interdit – même avant 18 h. Vendredi, les gendarmes locaux ont fait preuve de tolérance avec les retardatai­res pris dans les bouchons. À présent, ils repèrent, sensibilis­ent, rappellent à l’ordre, font réajuster les masques oubliés sur le menton. « On a quand même eu des clusters ici, souligne un gendarme. Il ne faut pas que la vigilance baisse parce qu’on est à la montagne. Au contraire, puisqu’il y a des gens venus de toutes parts... » C’est bien là le risque pour ces stations si convoitées : voir la courbe des contaminat­ions grimper en flèche, par effet de contagion du littoral azuréen.

« C’est possible. » Pierre, le patron du Relais des Alpes, se montre fataliste. « C’était le cas cet été. Avant les vacances, on était bien. Après, on ne l’était plus. » Voilà pourquoi les Dragons, la brigade verte du syndicat intercommu­nal de Valberg, rappelle les gestes barrières. Le rebond épidémique « est une crainte, concède Christian Frisetti, le chef d’équipe. Mais le port du masque limite les risques. Et les gens respectent le couvre-feu : à 18h10, il n’y a plus personne dehors. »

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