Cagnois tué en Guadeloupe : un gendarme condamné
Le capitaine de gendarmerie Romain Dobritz, 30 ans, a été écroué jeudi soir à Pointeà-Pitre. L’officier était jugé depuis lundi pour le meurtre de Yannick Locatelli, un délinquant cagnois de 35 ans, qu’il cherchait à interpeller. La cour d’assises de Guadeloupe a finalement requalifié les faits. Il a été reconnu coupable de violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il a été condamné à la peine de cinq années d’emprisonnement dont trois ans avec sursis. Jeudi matin, l’avocate générale avait requis quinze ans de réclusion criminelle.
Le 11 mars 2018, la victime, un Azuréen qui s’était réfugié aux Antilles, se sachant recherché par la justice grassoise dans le cadre d’une enquête pour trafic de stupéfiants, avait été abattu au volant d’une voiture dotée de fausses plaques. Dans la boîte à gants, les enquêteurs découvriront un pistolet approvisionné. L’officier avait vidé le chargeur de son arme de service et 2 balles de 9 mm avaient perforé la poitrine de la victime. Le tir, à un mètre de distance, avait eu lieu « en état de légitime défense », a toujours soutenu l’accusé. Le gendarme voulait arrêter Yannick Locatelli soupçonné d’une série de vols à Baie-Mahaut. La version de l’officier avait été infirmée par l’enregistrement de vidéosurveillance d’un supermarché.
Deux avocats azuréens
Me Bernard Sivan, avocat du barreau de Grasse, représentait les proches de la victime, parties civiles. Il a souligné que l’officier avait commis des fautes graves lors de cette intervention nocturne : «A aucun moment, on voit la voiture de M. Locatelli avancée sur le gendarme. Au contraire, elle recule. » Me Florian Lastelle, l’avocat niçois de l’accusé, a plaidé l’acquittement, expliquant que son client avait craint pour sa vie. « Il était très important pour mon client que l’intention de tuer soit écartée par les jurés », a réagi l’avocat de la défense. « Les réquisitions étaient excessives et l’accusation a brossé un portrait de M. Dobritz qui, à mon avis, n’est pas conforme à sa personnalité. »
Il est probable que ce verdict, très éloigné du réquisitoire et des attentes de la famille Locatelli, soit frappé d’appel, a confié Me Bernard Sivan.