Monaco-Matin

Une vague de travaux sur les digues

Après Roquebrune, les travaux ont commencé à Menton pour restaurer les protection­s de la promenade du Soleil. Objectif : livraison en juin. D’autres digues devraient voir le jour ensuite.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Bonjour. Je suis curieuse : vous allez agrandir ? » Une retraitée s’immisce dans l’interview, intriguée par le ballet des engins de chantier. C’est qu’ils ne passent pas inaperçus, sur la plage du Casino. Un camion déverse des blocs de trois tonnes avec fracas. Une pelle hydrauliqu­e les empile façon pyramide. Ensemble, ils donnent le coup d’envoi d’une nouvelle campagne de travaux à Menton.

Non, il ne s’agit pas là d’agrandir la plage. Mais de la mettre à l’abri des humeurs de la grande bleue. Après Roquebrune-Cap-Martin, le littoral mentonnais a entamé la restaurati­on des digues sous-marines qui protègent la promenade du Soleil. Ce chantier, confié à TP Spada et estimé à 700.000 euros, se jouera en grande partie en mer. Et doit s’étirer jusqu’à début juin, juste à temps pour la saison estivale. Tour d’horizon.

Casser la houle

29 octobre 2018. La tempête Adrian déverse sa colère sur le littoral mentonnais. Principale victime, le musée Cocteau est groggy. Mais les dégâts se jouent aussi sous la surface. En réalité, Adrian n’est qu’un épisode de plus dans l’histoire agitée des digues sous-marines créées au tournant des années 1990.

« Elles avaient subi les outrages du temps et des coups de mer. Ces ouvrages s’étaient délités. Il fallait les reprendre, reconstitu­er leur carapace, pour qu’ils puissent assurer correcteme­nt leur fonction de protection du littoral », explique Sylvain Michelet, directeur général des services techniques de la Carf. La communauté d’agglo a délégué au Smiage la réalisatio­n de ces travaux.

(1) Objectif : « Limiter la houle qui vient s’abattre sur la plage. Des phénomènes de plus en plus fréquents. » Les habitués confirment. Tels Mireille, 77 ans, aux premières loges depuis une quinzaine d’années. « Tous les ans, il y a des problèmes. Quand la mer est déchaînée, les vagues se cassent sur les rochers et l’eau se déverse sur les trottoirs ». Eliana Gatto, propriétai­re du Bistrot 58, est bien placée pour jauger les dégâts : « A chaque fois, ça casse les trottoirs, ça endommage les voitures, les gens ne peuvent pas se promener... Et ça fait des frais pour la mairie. Ça fait des années qu’ils en parlent et qu’ils n’agissent pas. »

, km à consolider

Pour le coup, ça bouge ! Et en mode costaud. Depuis hier, des roches de 2,5 à 3,5 tonnes, et un mètre sur deux, sont acheminées depuis la carrière de La Turbie. Déposées côté Roquebrune-Cap-Martin. Puis acheminées en camion sur la plage du Casino. Du calcaire – « ça tient bien, il y a une bonne densité », précise Sylvain Michelet. À Roquebrune-Cap-Martin, la digue en chantier s’étire sur 250 mètres, et restera atteignabl­e par des engins sur roues. À Menton, autre stratégie. La digue, invisible pour les piétons, s’étire à une centaine de mètres du trottoir, sur 1,2 km de long. Ancrée à 6-8 mètres de profondeur, elle peut culminer à 2,5 m de la surface. Du moins lorsque les assauts de la mer n’y ont pas créé des brèches. Plongeurs et sonars ont permis d’identifier ces faiblesses.

Pour atteindre cette digue, il faudra donc prendre la mer. Une barge est attendue le 20 mars. Elle embarquera une pelle mécanique et les roches destinées à finir de par le fond. En parallèle, il faudra consolider les épis rocheux perpendicu­laires à la plage. Sylvain Michelet résume : « La digue permet de casser la houle, les épis protègent les sections de plages ».

Deux autres fronts en vue

Les travaux sur les digues de Roquebrune doivent s’achever d’ici début mai. Ceux de Menton, un mois plus tard. Mais la Carf se prépare d’ores et déjà à deux autres fronts. Cette fois-ci, il ne s’agira plus de restaurer une digue fragilisée. Mais d’en créer une de toutes pièces. Cela passe par la « poursuite de la protection du littoral, notamment

entre le Borrigo et le Gorbio », explique Sylvain Michelet. Une digue sous-marine devrait donc y émerger si l’on peut dire. Idem plus à l’est. La Carf souhaite sécuriser la

plage des Sablettes. Objectif : « Casser la houle, draguer le sable pour le ramener sur les plages privées, et offrir de la profondeur à la baie, afin d’éviter la proliférat­ion d’algues colorées ».

Mais avant d’entamer ces deux fronts, il faudra d’abord le feu vert de l’Etat. Si tel est le cas, les travaux pourraient s’étaler de 2022 à 2024. (1) Syndicat mixte pour les inondation­s, l’aménagemen­t et la gestion de l’eau, sollicité dans le cadre de la compétence Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondation­s).

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(Photo Cyril Dodergny) Une pelle mécanique stocke des blocs de calcaire de trois tonnes, ce mercredi, sur la plage du Casino.
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(Document Carf) Les différents secteurs concernés par la restaurati­on ou la création de digues.
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Visite de chantier pour Sylvain Michelet, directeur général des services techniques de la Communauté d’agglo.

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