Course contre la montre
La formule est du Premier ministre, Jean Castex, lors de son intervention hebdomadaire hier soir : nous sommes désormais engagés dans une course contre la montre contre le virus qui progresse encore, sans heureusement connaître une croissance exponentielle, c’est-à-dire incontrôlable. Néanmoins, le chef du gouvernement redoute de toute évidence que l’épidémie s’emballe et se garde bien d’exclure un recours à des mesures plus dures pour tout le pays. Pour l’heure, le confinement du week-end reste réservé au département du Pas-de-Calais, à Dunkerque et à la région niçoise, sans oublier la vingtaine de départements dans le rouge placés sous surveillance renforcée.
Course contre la montre donc qui nécessite évidemment d’accélérer la vaccination. Sans doute le pouvoir se mord-til les doigts d’avoir été si réservé sur le vaccin AstraZenecca à vecteur adénovirus. Le chef de l’Etat n’a-t-il pas dit, il y a quelques semaines, qu’on ne pouvait y recourir pour les personnes de plus de ans. Or tout indique, à présent, que son niveau d’efficacité est au moins comparable à celui des vaccins ARN Pfizer-Biontech et Moderna pour toutes les tranches d’âge. Mais le doute est semé et éclaire les réticences de certains. Hier, Jean Castex a donc voulu rassurer les Français sur un vaccin qui, n’exigeant pas des mesures lourdes de conservation, est déjà administré par les médecins et le sera aussi dès le mars dans les pharmacies. Bref, il accélère en espérant que seront résolus de réels problèmes de logistique.
Il faut, évidemment, s’interroger sur cette situation et sur la prudence dont le pouvoir a fait preuve. Les Anglais et les Israéliens, dans l’urgence face à la pandémie galopante chez eux, n’ont pas pris tant de précautions. On peut les remercier d’avoir assumé le risque de se lancer plus tôt et plus vite dans une vaccination de masse qui permet aujourd’hui de constater l’efficacité de vaccins produits en des temps records, de constater qu’ils ne présentent pas de risques et d’accélérer notre propre plan de vaccination en rassurant les Français.
Certains se réjouiront de cette vigilance gouvernementale mais elle soulève une question. La France a inscrit dans sa constitution un principe de précaution qui éclaire et impose cette lenteur. Il crée une peur a priori ou une inquiétude récurrente devant les innovations et pousse nos dirigeants à multiplier les précautions pour être sûrs de ne pas être mis en cause. L’audace a quitté notre pays. Il le paye cher en vies perdues. Le bon comportement des Français, leur respect des gestes barrières a permis d’éviter bien des morts. Néanmoins, si nous avions parié sur les vaccins plus tôt, il est probable que nous n’enregistrerions pas le nombre de décès que nous connaissons aujourd’hui. Nous comptions hier victimes de la Covid-. Ce chiffre-là, Jean Castex a oublié de le donner aux Français hier soir.. Vendredi 5 mars 2021
« Mais le doute est semé et éclaire les réticences de certains »