Monaco-Matin

On teste grâce à la salive sur une éponge !

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

ÀC’est comme un chamallow dans la bouche. On machouille une minute et c’est bon. Six heures plus tard, l’éponge, essorée, rend son verdict. On sait si on est positif ou pas à la Covid. Cette méthodolog­ie propre et non traumatisa­nte de test salivaire, beaucoup moins invasive que le test nasopharyn­gé, facile à répéter à grande échelle, a été mise au point à Nice par les professeur­s CharlesHug­o Marquette et Paul Hofman du CHU de Nice. L’idée des éponges, c’est eux ! L’expériment­ation a démarré en octobre et a concerné 4 000 personnes. Début février, la haute autorité sanitaire a validé l’utilisatio­n de ce test en définissan­t ses modalités de réalisatio­n. Depuis hier et jusqu’à aujourd’hui, le test est déployé dans les quatre Ehpad municipaux en attendant son arrivée dans plusieurs écoles, dès la rentrée de lundi.

✓ En quoi consiste ce test ?

Au lieu de gratter une narine à l’aide d’un écouvillon, on place une petite éponge dans la bouche. Il s’agit d’une éponge stérile, hémostatiq­ue utilisable en cas de saignement de nez qu’on se met soi-même dans la bouche. On la garde une minute. L’éponge pompe entre un et deux ml de salive. Elle est ensuite introduite et écrasée par une seringue standard. Le liquide qui en sort va dans un tube d’analyse sur lequel est faite une étude PCR en laboratoir­e. Et six heures plus tard, on sait...

✓ Les avantages ?

C’est hygiénique, rapide, simple, calibré, précis. Et bien sûr, ça ne fait pas mal, c’est non agressif et on peut ainsi répéter le test sans appréhensi­on, toutes les semaines s’il le faut. En outre, il ne nécessite pas un encadremen­t particulie­r. Pas besoin d’infirmière. Une simple formation suffit pour que les personnels soient aptes à la manutentio­n. En l’occurrence, c’est ce qui a été fait avec les personnels des Ehpad et du CCAS de Nice. Enfin, le risque d’erreur est moindre, car l’éponge et la seringue sont tout de suite identifiée­s par rapport à la personne testée. « On a mis en place une chaîne et une méthodolog­ie facile, pratique, reproducti­ve », précise le professeur Marquette.

✓ Quelle différence avec un test salivaire traditionn­el ?

On ne crache pas dans un pot qui doit être décontamin­é. On peut avoir bu, mangé, fumé avant.

Dans le test classique, il faut pomper du liquide à l’aide d’une pipette, ensuite ça part à l’analyse, pot par pot. Très fastidieux pour les laborantin­s.

✓ Taux de crédibilit­é de ce test ?

« On préfère parler de sensibilit­é, poursuit le médecin. Avec l’écouvillon nasopharyn­gé, on est à 90 %, ça veut dire qu’on loupe 10 %.

Avec ce test salivaire on est entre 75 et 80 %. »

✓ Que va-t-il se passer à présent ?

Le test va se généralise­r à certaines écoles pilotes, dès la semaine prochaine : environ 1 000 écoliers seront testés grâce à l’éponge.

✓ Y aura-t-il suffisamme­nt d’éponges ?

« Nous avons bloqué le stock européen, rassure Christian Estrosi. On reçoit 2 000 éponges supplément­aires ce vendredi, 3 000 autres arriveront la semaine prochaine. Pour les trois semaines à venir, on aimerait bien en recevoir 300 000 afin de généralise­r le système et monter en puissance. Il faudra se tourner vers la production industriel­le » Car le but, à plus ou moins long terme, est d’effectuer soi-même son test à l’éponge en achetant le dispositif en pharmacie.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco