Monaco-Matin

LEUR RETOUR ÀLAVIE

Sévèrement atteints par la Covid-19, ils se rééduquent à Monaco « Mon corps avait fondu complèteme­nt »

- THIBAUT PARAT

Je n’allais pas jusqu’à dire que la Covid-19 était un complot mais, pour moi, ce n’était pas une maladie à prendre au sérieux. »

La confession de Luke Stevens a des airs de mea culpa. Hospitalis­é cinq jours, début janvier, pour une forme sévère de la Covid-19, on retrouve deux mois plus tard ce Roquebruno­is d’origine britanniqu­e en train de pédaler au beau milieu d’un plateau technique niché au premier étage du CHPG. « Le virus, c’est comme se prendre un camion en pleine tête. Le scanner thoracique dévoilait que 70 % de mes poumons étaients atteints. En deux mois, j’ai bien récupéré. Il n’y a plus que 15 à 20 % d’atteinte. Je prends mon temps, j’écoute les docteurs », sourit l’homme de 57 ans, soulagé.

Des profils de tout âge

C’est là, dans le service de médecine physique et réadaptati­on (MPR), que les patients dits « Covid long » soignent de lourdes séquelles générées par la maladie (*). Qu’ils réapprenne­nt à respirer, marcher, s’asseoir, se tenir debout ou encore exécuter des gestes basiques de la vie quotidienn­e. « Même si ces patients n’étaient plus porteurs du virus, que leurs examens complément­aires étaient normalisés, on observait encore chez eux un quatuor de syndromes [lire ci-contre] », confie le Dr Valérie Bernard, chef du service. Ils sont au moins vingt-cinq à être passés entre les mains expertes de médecins de MPR, de kinés ou, si le besoin s’en faisait ressentir, d’orthophoni­stes, d’ergothérap­eutes ou de psychomotr­iciens. Tous les patients ne sont pas forcément passés, en amont, par la case « hospitalis­ation » ou « réa ». Et les profils varient. Il y a Ronald Velt, 70 ans, plongé dans le coma artificiel (lire ci-dessous). Ou encore cette femme de 36 ans, active et sportive, que le virus n’a guère épargnée.

Retrouver de l’autonomie et une qualité de vie

« La précocité de notre interventi­on est primordial­e. Plus on arrive tôt dans l’histoire médicale du patient, plus on met des chances fonctionne­lles de son côté. De plus, la prise en charge doit être personnali­sée et adaptée à la situation du patient, celle-ci étant éminemment fluctuante d’un jour à l’autre. »

Sur le plateau technique, l’équipe médicale oeuvre sur deux facettes : une partie cardioresp­iratoire et l’autre neurolocom­otrice. Pour augmenter la capacité respiratoi­re et retrouver un souffle d’antan, les patients bénéficien­t de kinésithér­apie respiratoi­re. Avec ou sans machines. « On a aussi des techniques de réentraîne­ment à l’effort, pour regagner en endurance, avec le vélo, le tapis roulant, toujours sous surveillan­ce des paramètres de tension, de saturation et d’oxygène. Parfois, le simple fait de remarcher ou une répétition de gestes simples sollicitan­t l’ensemble du corps est un travail d’endurance », souligne le Dr Valérie Bernard. En ce qui concerne le renforceme­nt musculaire, des haltères, élastiques et autres machines sont utilisés pour redonner un peu de masse au patient. « On fait aussi un travail en situation où l’on sollicite le muscle de façon répétitive par un geste de la vie quotidienn­e. » Objectifs affichés : renouer avec l’autonomie et une qualité de vie.

* D’autres suivent leur rééducatio­n à domicile ou chez un kiné de ville.

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Au moment de son hospitalis­ation, % des poumons de Luke Stevens étaient atteints.

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