Monaco-Matin

La visite de Charles Quint à Monaco (1)

Retrouvez, comme chaque mois, notre chronique Monégasque des traditions Monégasque­s. Quand Augustin Grimaldi s’allia avec le souverain le plus puissant de la chrétienté au XVIe siècle

- (lire ci-dessous).

Dans une précédente chronique on a vu que Monaco sort affaibli du long siège du Rocher conduit par les Génois en 1506-1507 et révèle la fragilité de la Seigneurie de Monaco face à la convoitise de ses voisins. C’est ainsi qu’après l’assassinat de Lucien Grimaldi en 1523, son frère Augustin, tuteur du futur Honoré Ier, choisira le camp du roi d’Espagne et empereur du Saint-Empire Charles Quint, souverain le plus puissant de la chrétienté et donc le plus apte à préserver l’indépendan­ce de la Seigneurie de Monaco. La ratificati­on du traité de Burgos, en 1525 par Augustin, place ainsi Monaco sous protectora­t espagnol. Il durera plus d’un siècle de 1525 à 1641. Et c’est ainsi que, honneur suprême, Charles Quint en personne, sur le chemin de Bologne pour recevoir la couronne impériale des mains du pape Clément VII, fit une visite officielle à Monaco du 5 au 9 août 1529.

Une escadre commandée par l’amiral André Doria et escortée par deux galères envoyées à Barcelone par Augustin débarqua dans la soirée du 5 août 1529 dans le port. D’après une chronique de l’époque Charles Quint, pour éviter de mettre en présence le frère de Lucien et André Doria, «etpourmont­rer combien il avait confiance en lui, entra dans Monaco avec 6 trompettes, 6 hallebardi­ers et un duc » (2). Son séjour dans le Palais des Grimaldi dura 3 jours et donna lieu à de somptueuse­s cérémonies. Il repartit le 9 août au matin escorté jusqu’à Gênes par Augustin luimême, accompagné de son jeune neveu le futur Honoré Ier.

Des tensions avec les Espagnols

Emmanuel Gonzalès (3), romancier français né en 1815 d’une famille aux lointaines origines monégasque­s, prétendait descendre de l'une des douze familles de Monaco

anoblies par Charles Quint lors de sa visite officielle à Monaco. Il écrira « Des douze familles anoblies par Charles Quint, il ne reste guère, outre la nôtre, que les Lancharès et les Brun ».

Par la suite les relations ne furent pas aussi idylliques et Étienne Grimaldi, tuteur d’Honoré à la mort d’Augustin en 1532, se montrera de plus en plus réservé vis-à-vis de la chanceller­ie espagnole. En 1538, il refusera d’héberger Charles Quint venu à Nice pour établir la paix avec François 1er, alors qu’il y accueiller­a quelques jours le pape Paul III. Ces tensions devaient aboutir à l’expulsion des Espagnols en 1641 et au traité de Péronne qui plaça Monaco sous la protection de la France.

1. Chronique sur un des huit épisodes de l’Histoire de Monaco : l’arrivée de l’empereur Charles Quint à Monaco en 1529 et sa réception par le clergé devant l’église Saint-Nicolas du Rocher (série de 8 panneaux à fresque sur la façade de la Chapelle palatine Saint-Jean-Baptiste par les artistes Fröschle et Deschler datée de 1872-1873 - Réf : Les Annales Monégasque­s N°31 APP Photo G. Luci).

2. On peut comprendre les ressentime­nts d’Augustin envers André Doria, instigateu­r de l’assassinat de son frère Lucien par son cousin Barthélémy en 1523.

3. En se promenant dans les Jardins Saint-Martin sur le Rocher on peut apercevoir au milieu de ce « délicieux paysage » un buste sur un socle en pierre portant l’inscriptio­n « Emmanuel Gonzalès Romancier 1815-1887 ». On ne pouvait choisir meilleur endroit pour placer le buste dans ces « Bosquets de Saint-Martin » aménagés sous le règne du prince Honoré V qu’il a si bien décrits dans « Mes Jardins de Monaco »

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(DR) Panneaux à fresque sur la façade de la chapelle palatine Saint-Jean-Baptiste.

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