Monaco-Matin

Coupe de France 1978 : quand Nice éliminait l’ASM en demi-finale

Adversaire­s dans deux jours, le Gym et l’ASM ont déjà ferraillé dans une demi-finale de légende il y a 43 ans. Une double confrontat­ion où les Niçois avaient éliminé les néo-champions de France.

- CHRISTOPHE­R ROUX

ANice, la Coupe de France 78 est un bonheur et un déchiremen­t. Un espoir puis une désillusio­n. Le Gym a passé la saison 77-78 dans une position inconforta­ble, ballotté entre le talent d’un effectif merveilleu­x (Baratelli, Katalinski, Jouve, Huck, Bjekovic…) et la fatalité du destin. L’une des plus belles équipes de l’histoire du club n’a rien gagné cette saison-là, une fois de plus, et l’amertume reste intacte aujourd’hui encore. Le 13 mai 78, au Parc des Princes, Platini douchait les ambitions azuréennes. Avec l’aide du montant, il offrait la Coupe aux Nancéiens (1-0) et plongeait Nice dans la peine.

Nice, dos au mur, prive l’ASM du doublé

Avant ça, en D1, ce Gym avait été champion d’automne, comme en 1972 et 1975. Il pointait encore en pole mifévrier avant de s’effondrer dans la dernière ligne droite et d’échouer à la 8e place, puni par sept revers sur ses douze dernières sorties. Sa déroute au Ray en match en retard contre Nancy (3-7), sous un déluge de janvier, l’a plombé. Comme sa défaite à Monaco mi-février (2-0). « C’était psychologi­que. L’histoire se répétait. Une fois de plus, on cédait sur la phase retour, rembobine l’ailier Daniel Sanchez. Il y a eu de la panique, la sinistrose et on a fini en queue de poisson. » « L’hiver, sur des terrains gras, avec le froid, la neige ou la glace, on avait du mal à mettre le bleu de chauffe , acquiesce son partenaire Roger Jouve. Là où l’on se régalait, avec notre technique, c’était sur les belles pelouses. » C’est donc dos au mur que les Niçois abordent les demifinale­s de la Coupe de France, début mai et trois jours après la fin du championna­t. Avant de passer « complèteme­nt à côté (Jouve) » de leur finale, les hommes de Léon Rossi éliminent Monaco, néo-champion de France (1-0, 1-1). Malgré leur crise de confiance, ils privent l’ASM du doublé. Le symbole d’un exercice traversé sur des montagnes russes, par une équipe impossible à cerner. « La Coupe était le seul moyen de faire encore parler de nous », rappelle Jouve.

« On en était conscients et Léon Rossi l’avait évoqué. Ce match était un événement », ajoute Sanchez. La bande à Jean-Marc Guillou, unique buteur à l’aller au Ray, attend un titre d’envergure depuis 1959 et un quatrième sacre en D1. « On avait été éliminés un an plus tôt en demie par Reims (1-2, 0-1, NDLR) et ça nous avait marqués. On était motivés pour soulever un trophée. Après l’aller, notre avance était maigre », note Sanchez.

Ettori : « Avec le recul, c’est un regret »

Trois jours plus tard, au Louis-II, Raul Noguès n’a besoin que de vingt-trois minutes pour remettre les équipes à égalité. Dalger est au coup franc, Onnis à la remise. « On ne s’est pas affolés et on a continué à jouer », souligne Sanchez. La récompense intervient à la 71e. A la limite du hors-jeu (lire cicontre), Bjekovic fusille Ettori et envoie le Gym en finale, sa première depuis vingt-quatre ans. Le Serbe vient de gagner son duel de tueurs avec le Monégasque Onnis. « Bjekovic était un buteur né. Avec Courbis, Gardon, Correa et Vitalis, je ne pensais pas qu’il ferait le fou, mais c’était toujours compliqué face à lui », salue Ettori. Qualifiés, les Aiglons privent de doublé Lucien Leduc, son football offensif et la belle équipe de copains sous ses ordres. « Sur le moment, on est déçus mais pas plus que ça. On ne s’est pas mordus la langue en se disant : ‘‘Put…, on aurait pu être sur un nuage’’. Remporter la D1 en étant promus, c’était déjà énorme. Mais avec le recul, c’est un regret », lâche Ettori, héroïque à l’aller où « son équipe s’était fait bouger en première période » et qui n’a jamais décroché un doublé. Pour expliquer la sortie de route du club princier, l’ex-internatio­nal évoque une décompress­ion après le titre de champion. « Nice en voulait peut-être plus que nous. On avait fait une belle fête, sans rester focalisés sur nos objectifs. Les anciens attendaien­t le titre depuis tellement longtemps. » Rolland Courbis nuance. « Ce n’est pas seulement ça, confie l’ex-défenseur du Rocher. Nice avait fini le championna­t tranquille quand nous étions dans un sprint en gagnant nos cinq derniers matchs. Il y a eu de la fatigue nerveuse. »

Côté niçois, le bonheur était immense. « C’était fort, relate Sanchez. La satisfacti­on, ce n’était pas d’avoir battu Monaco mais d’aller en finale. Nous étions favoris contre Nancy. »

Favoris mais défaits, piégés par Platini et sa classe.

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(Reproducti­on « OGC Nice, la fabuleuse décennie  ») C’est à l’aller que les Niçois de Dominique Baratelli, vainqueurs 1-0, avaient construit leur qualificat­ion. Ils échoueront en finale face à Nancy quelques jours plus tard (1-0).
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