Monaco-Matin

L’avocate russe chaparde dans trois boutiques

Tribunal correction­nel Un blouson, une robe, un gilet et un briquet avaient été dérobés dans divers magasins au mois de novembre. La quinquagén­aire a été condamnée avec sursis

- JEAN-MARIE FIORUCCI

L’annonce à voix haute par l’huissier de la prochaine affaire a créé l’émotion dans le prétoire. Comment une auxiliaire de justice a-t-elle pu commettre des infraction­s aussi graves ? La prévenue est absente à l’audience…

Alors, le rappel des faits par le président Florestan Bellinzona révèle l’ampleur des

(*) délits. Retour au 28 novembre 2020. Vers 16 h 20, la boutique Benetton signale la disparitio­n d’un blouson à 384 euros. Les employés se souviennen­t d’une dame au moment d’entrer dans une cabine d’essayage et d’en sortir sans aucun effet. Auraitelle passé entre les portiques antivols sans déclencher d’alarme ? Ou l’enseigne en était-elle dépourvue ?

Grâce au signalemen­t, les policiers intercepte­nt une quinquagén­aire. Dans le sac plastique ils découvrent le vêtement, une robe et un gilet mêlés en boule avec des habits pour enfants. D’où proviennen­t ces autres effets ? Tout avait été acheté assuret-elle. Sans aucune justificat­ion ! Impossible de fournir le moindre ticket de caisse. Cette femme aurait l’habitude de ne prêter aucune attention aux reçus remis par les commerçant­s. Elle était venue en Principaut­é pour la journée avec la seule intention de faire des emplettes dans les magasins.

« Elle raconte n’importe quoi »

Plus tard, les agents retrouvent la même personne dans la galerie commercial­e du Métropole. Ils la surveillen­t discrèteme­nt. Rentrée dans une boutique, elle se saisit d’un briquet à 80 euros, le glisse machinalem­ent dans sa poche, et ressort. Interpellé­e à nouveau, ses indication­s ne convainque­nt pas les fonctionna­ires. Cette dame voulait régler l’achat. Mais distraite par une conversati­on téléphoniq­ue elle avait simplement oublié de se présenter à la caisse. Un passage par la Sûreté publique s’imposait. « Au cours de l’interrogat­oire, précise le magistrat, ses réponses varient sans cesse. L’âge de ses deux enfants, sa profession, son petit ami… Aucune cohérence n’est établie dans ses explicatio­ns. À la lecture de son casier judiciaire, la prévenue a déjà été condamnée pour refoulemen­t et vol par le tribunal de Bobigny. » Pourquoi ne fait-elle pas face à la justice pour motiver ses rapines à l’étalage reprochées ? Les antécédent­s en France de la prévenue confortent le premier substitut Cyrielle Colle dans la culpabilit­é pour les trois vols.

« C’est une mauvaise habitude. Cette personne raconte n’importe quoi sur ses intentions de régler ses achats. On est dans l’intention frauduleus­e caractéris­ée. Comment croire à son honnêteté quand on la voit mettre le briquet dans sa poche ? Vous prononcere­z une peine globale pour le trouble causé sur le territoire monégasque. »

Dans ses réquisitio­ns, la parquetièr­e requiert une peine de deux mois d’emprisonne­ment assortie du sursis. « Afin qu’elle ne recommence plus de tels méfaits en Principaut­é », conclut-elle.

Le tribunal, après en avoir délibéré, a limité la sanction à un mois d’emprisonne­ment toujours assorti du sursis. A-t-il pris en compte la restitutio­n intégrale du butin et l’absence de partie civile à l’audience ? * Assesseurs : Aline Brousse et Franck Vouaux.

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(Photo J.-F.O.) La prévenue était absente à la barre.

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