Retraité trop généreux : l’auxiliaire de vie niçoise relaxée
Corinne est restée plus de dix ans au service de Paul, un nonagénaire de Nice, isolé, veuf, sans enfant.
Les derniers mois ont été conflictuels au point que l’auxiliaire de vie a engagé une procédure aux prud’hommes pour réclamer 17 000 euros au retraité. C’est à cette occasion qu’un mandataire, chargé de gérer les biens du retraité a alerté la justice. Corinne était rétribuée 33 euros de l’heure net. Une rémunération très au-dessus des tarifs habituels alors même que le retraité ne roulait pas sur l’or. L’auxiliaire de vie a-t-elle abusé de la faiblesse du vieux monsieur à la très mauvaise vue et à la démarche chancelante ?
Telle était la question que devait trancher le tribunal correctionnel hier matin.
« J’aime les gens. Ce monsieur m’apportait énormément, je n’ai jamais abusé de lui », affirme, Corinne. À la lecture de l’enquête aussi lente que la démarche du vieux monsieur affaibli -, il n’apparaît pas qu’il souffrait de problème cognitif. « Ne pensez-vous pas que cet homme était capable de vous surpayer parce qu’il souhaitait vous garder à son service ? », interroge le président Marc Jean-Talon. La prévenue n’en disconvient pas.
Elle « ne comptait pas ses heures »
Clotilde Ledru-Tinseau, procureure, observe que l’épargne du retraité avait dangereusement diminué. Pour le parquet, « sa vulnérabilité » est attestée par plusieurs médecins.
Me Florian Lastelle, avocat depuis peu de la prévenue, admet que la procédure aux prud’hommes était pour le moins « indélicate ». Quant au taux horaire, la défense rappelle que c’est le retraité qu’il l’a fixé et que Corinne, en contrepartie, « ne comptait pas ses heures ». Me Lastelle demande au tribunal de relaxer Corinne, l’abus de faiblesse ne pouvant être caractérisé.
Des arguments entendus par le tribunal qui n’a pas retenu la vulnérabilité du retraité. « Vous avez fait preuve d’indélicatesse, ce qui ne constitue pas une infraction pénale », a souligné à l’adresse de Corinne, le magistrat en rendant sa décision. Autrement dit, un comportement moralement blâmable n’est pas forcément punissable par la loi.