Un verger expérimental dans la plaine de l’Argens
Différentes variétés d’arbres fruitiers plantées dans le Var pour vérifier leur adaptation au climat, leur résilience aux inondations.
Depuis vingt ans, les agriculteurs ne cultivent plus d’abricotiers ou de cerisiers dans la basse vallée de l’Argens et dans la plaine du Reyran pour la commercialisation. Les arbres meurent, à cause des multiples inondations ou du scolyte, un insecte qui se nourrit du bois tendre situé juste sous l’écorce. Pourtant, la demande des consommateurs est importante, notamment en circuit court.
La chambre d’agriculture du Var (CA 83) a décidé de s’attaquer au problème en expérimentant diverses combinaisons de porte-greffes et variétés de fruits, avec le soutien de la communauté d’agglomération Var Est Méditerranée.
Deux exploitants se sont portés candidats pour cette expérience. La première plantation vient d’avoir lieu chez Jean-Pierre Coulet et son fils Thomas, encore élève au lycée agricole des Arcs, qui attend de passer son bac professionnel pour s’installer dans la foulée. Guy Sigari a choisi de planter un peu plus tard sur un terrain de 6 700 m2 à Fréjus.
Travaux en famille
En cette matinée ensoleillée, toute la famille est réunie pour l’opération autour de
Thomas Coulet : ses deux grands-pères, Claude et Raymond, ses cousins, Baptiste, Damien et Maxime, et M. Boyer un voisin. Sébastien Perrin, secrétaire général de la CA 83, participe et coordonne les travaux.
La parcelle de 3 000 m2 a été soigneusement préparée, la terre est belle et souple, les trous sont déjà creusés pour accueillir les 110 plants, deux-tiers d’abricotiers, un tiers de cerisiers. Chacun a un rôle : «Onrafraîchit les racines, on taille le fruitier pour éviter le nombre d’yeux à nourrir, on praline (trempage des racines dans un mélange boueux composé d’argile, de bouse et d’eau) et on plante » détaillent Sébastien et Thomas. Les arbres sont espacés de quatre mètres et doivent être bien alignés.
« Ce projet, destiné à trouver des variétés adaptées à nos terroirs a été lancé il y a trois ans », rappelle le secrétaire général de la CA83. « Une stagiaire de la chambre a fait des recherches bibliographiques sur les variétés, la vigueur des portegreffes et les plants de pollinisation, et étudié toutes les conditions d’implantation qui ont un potentiel pour ici, ajoute Julie Hars, responsable d’équipe maraîchage et arboriculture à la CA 83. Il a fallu aussi trouver un pépiniériste pour nous faire les plants » .Il s’agit de Lafond, à Valréas (Vaucluse).
Quinze ans de suivi
La chambre assurera le suivi technique de ce verger expérimental (et de celui de Fréjus) sur quinze ans. Les quatre premières années il n’y aura pas de production, puis de la cinquième à la quinzième, «on va vérifier la longévité de chaque fruitier, son adaptation au climat, sa résilience aux inondations. Un verger d’abricotiers et de cerisiers se met en place pour 2025 ans » précise M. Perrin. Le scolyte s’attaquant à des végétaux fragilisés, s’il n’y a pas de stress hydrique, et avec une fertilisation raisonnée, les fruitiers devraient opposer une bonne résistance au ravageur. «Onva aussi expérimenter des process : parquer des poules, des prédateurs naturels » souligne-t-il. « L’exploitant a mis sa parcelle à disposition et devra suivre les préconisations. Il pourra vendre la production ». Si production il y a. Rendez-vous dans quelques années pour le vérifier…