Monaco-Matin

Au Cannet, prison avec sursis pour un amour interdit

- JEAN STIERLÉ (1) - Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infraction­s sexuelles ou violentes

C’est une liaison dangereuse qui a conduit Vanessa, une jeune femme de 33 ans, native d’Agen (Lot-et-Garonne), devant le tribunal correction­nel de Grasse, vendredi dernier. Un amour interdit, en tout cas devant la loi, puisque la prévenue était poursuivie pour atteinte sexuelle sur un mineur de plus de 15 ans en abusant de l’autorité de sa personne. Cette mère de famille avait accueilli à son domicile A., un mineur étranger isolé, âgé de 16 ans, de nationalit­é tunisienne. Placé auprès d’elle par le départemen­t et le juge pour enfant, après avis favorable notamment sur les conditions d’hébergemen­t, elle avait de fait le statut « de tiers digne de confiance ». Salariée dans un salon de coiffure, Vanessa avait d’abord pris en charge le jeune A. pour effectuer un stage dans le cadre d’un apprentiss­age avant de l’accueillir à son domicile qu’elle partageait avec son fils et son compagnon. Peu à peu une liaison amoureuse s’est nouée.

Tout semblait se dérouler en bonne harmonie, durant cette période de septembre 2019 à l’été 2020 entre cette famille d’accueil et le jeune homme « en grande fragilité sociale et vulnérable psychologi­quement, avec de nombreuses déficience­s » comme le précisera Me William Hoenig à la partie civile.

Une jeune femme en souffrance

Mais la situation va se dégrader et la relation ambiguë entre Vanessa et son protégé qu’elle trouve « irrespectu­eux et sorti du cadre éducatif ». Le juge place le mineur à nouveau en foyer. Des confidence­s auprès du directeur, relatant des relations sexuelles, « dans la forêt aux alentours » et des messages sur le portable de Vanessa permettent de mieux cerner cette relation entre deux êtres qui ont en commun des « situations de désespoir ».

« J’étais en souffrance, j’ai eu un moment de faiblesse. C’est vrai qu’a sa majorité il était prévu d’officialis­er cette relation, même de se marier et ce n’était pas pour lui donner des papiers en règle ! » avouera timidement la jeune femme à la barre, menue et élégante, s’exprimant calmement.

Pour le procureur de la République Caroline Blasco : « On est dans une relation d’autorité du début à la fin, avec un contexte amoureux. Il y a mélange des genres ». Elle requiert six mois de prison avec un sursis simple. Pour Me David Verany à la défense de sa cliente « On n’est pas dans un tribunal de la morale. Il n’y a pas de caractéris­ation de l’abus d’autorité » car pour l’avocat la chronologi­e des faits a de l’importance, ils se sont déroulés hors du domicile alors que A. était en foyer. Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public et condamnera Vanessa à 6 mois avec sursis simple et inscriptio­n au FIGAIS (1).

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