Berger en ville et fier de l’être
La ferme de René Viale ne date pas d’hier. Voilà 150 ans qu’elle se dresse fièrement dans la partie basse du village de La Roquettesur-Siagne, sur la route qui relie Cannes à Pégomas. Avec le temps, bien sûr, elle n’est plus vraiment isolée... Des maisons, petites et grandes, sont venues s’agglutiner tout autour de son domaine, de sorte qu’aujourd’hui, dans le quartier, la ville a quasiment supplanté la campagne. Pour autant, René n’a jamais tourné le dos à sa passion des animaux. Et le berger de La Roquette en a parfois payé le prix.
Le coq, les moutons et les odeurs...
« On m’a tout reproché, sourit-il. Le coq, les moutons, les odeurs, les bêlements, les mouches. Les gens, depuis leur salon, disent que la ferme c’est magnifique. Mais lorsqu’ils vivent à proximité, leur discours change. »
Des démêlés avec ses voisins, René Viale en a souvent connus. « À cause des moutons notamment. Il y a quelques années, le camping tout proche m’envoyait régulièrement les gendarmes. Et un jour, j’ai pété les plombs. Lors d’une de leurs visites, je leur ai rappelé que j’avais été dans la police militaire et qu’ils n’avaient pas de remontrances à me faire. Et dans la foulée, j’ai appelé le cabinet du député de l’époque, Pierre Bachelet, pour lui demander d’intervenir. Étrangement, plus personne n’est venu me chercher des poux dans la tête. Du jour au lendemain, les mouches ne gênaient plus personne, ni le chant du coq, ni le bêlement des moutons. Depuis des années, on ne m’a plus ennuyé avec ces histoires. Pourtant, je n’ai rien changé à mes habitudes et j’ai toujours des bêtes. Ça prouve bien que ceux qui se plaignaient abusaient, non ? » Outre les moutons qui sont pour lui de vrais compagnons de vie, René Viale possède de nombreuses poules... « J’en ai de toutes les couleurs et les gens qui se promènent le long du Béal aiment les regarder. Ça leur plaît. Mais c’est sûr que si quatre Parisiens (sic) viennent s’installer ici demain, ils vont me faire la misère. Pourtant, certains ont des roquets qui aboient sans arrêt. Et croyez-moi, ça c’est pire que le coq qui chante ! »