« J’ai encore ma chance »
Cinquième des Jeux de Rio, Elodie Ravera-Scaramozzino vise la médaille à Tokyo. Mais sa place dans la coque qualifiée pour le Japon n’est pas encore assurée.
En terminant sixième des championnats du monde à Linz en 2019 en deux de couple avec Hélène Lefebvre, Elodie Ravera-Scaramozzino avait composté son ticket pour les JO de Tokyo. « La coque est qualifiée », prenaitelle soin de préciser à chaque fois. Une précaution d’usage car le duo, 5e des Jeux de Rio et champion d’Europe 2018, semblait inséparable. Seulement, la crise sanitaire est passée par là, le report d’un an de la compétition a rebattu les cartes. La Niçoise de 25 ans est désormais en ballottage avec Margaux Bailleul, pour ramer aux côtés d’Hélène Lefebvre. Les prochaines semaines seront décisives pour la licenciée du club de Nogent-surMarne, qui compte tout donner pour gagner sa place dans une coque médaillable au Japon.
Vous participerez aux championnats d’Europe (- avril à Varese) en quatre de couple et non en deux de couple. Pour quelle raison ?
En décembre dernier, il y a eu une course individuelle en interne et j’ai fini e, battue d’une seconde par Margaux Bailleul (Hélène Lefebvre s’est imposée). Du coup, les deux premières ont été retenues pour disputer les championnats d’Europe en deux de couple et moi je les ferai en quatre de couple.
Est-ce un choix momentané ?
Cela dépendra de nos résultats. J’aurai ma chance sur la Coupe du monde de Zagreb ( avril- mai) avec Hélène, où je devrai faire mieux ou aussi bien que le résultat fait par le double LefebvreBailleul aux championnats d’Europe.
Votre expérience commune avec Hélène Lefebvre devrait parler pour vous ?
Je l’espère. Ma situation n’est pas confortable, mais elle n’est pas désespérée. Si Margaux est plus forte que moi, ce sera la loi du sport. En , elles avaient déjà fait une coupe du monde ensemble et le résultat n’avait pas été concluant (éliminée en demi-finale à Poznan). Cette fois, elles auront une préparation ensemble plus longue...
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Ma situation n’est pas confortable, mais elle n’est pas désespérée ”
Quel sentiment vous anime ?
J’ai encore ma chance, j’ai envie de montrer que je suis toujours présente. Ce week-end, on a encore des courses individuelles entre nous à Libourne, j’espère le démontrer. En décembre, je me suis fait surprendre. Mon niveau de l’hiver n’est pas le même qu’au printemps ou en été, mais je ne pensais pas qu’il y aurait de telles conséquences. Les places pour monter dans le double vaudront chères, mais j’ai à coeur de montrer que je suis la meilleure.
Vous devez gérer des pics de forme pour arriver au top cet été ?
Exactement. En décembre, je me suis donnée à fond, mais j’avais de la fatigue de l’entraînement. Je n’avais pas du tout la préparation optimale comme avant une compétition importante.
Vous allez renforcer le quatre de couple pour essayer de le qualifier pour Tokyo. Est-ce possi ble ?
Sur les résultats de , ce sera compliqué mais nous pourrons mesurer notre progression sur ces championnats d’Europe . Mais mon but ultime, après avoir fini e à Rio, c’est d’aller chercher une médaille aux JO, avec le deux de couple. Se qualifier juste pour y participer, même si c’est un super bel événement à vivre, ne me suffira pas.
L’adaptation est-elle facile entre les deux bateaux ?
Mon rôle est le même. Je suis devant et je donne le rythme. La vitesse change, mais ça se fait à l’instinct.
Le report d’un an des Jeux a-t-il été facile à accepter ?
Déjà, je suis contente qu’ils aient été reportés et non annulés. Mais ce report a changé pas mal de choses pour moi. Sportivement, s’ils avaient eu lieu en , j’étais sûre d’y être. On avait montré, avec Hélène, qu’on était les deux plus fortes, il n’y avait aucune ambiguïté. Et à titre personnel, j’avais prévu de faire mon année de Master en finance internationale à l’Edhec à Nice. Je voulais faire un break avec l’aviron, me ressourcer à la maison. Finalement, je suis repartie pour une année où je suis entre Vincennes (là où elle habite), l’Insep et les stages. L’éloignement avec ma famille à Nice me pèse, mais je fais ces sacrifices, je donne tout à l’entraînement justement parce qu’il y a un événement sportif fort. Depuis Rio, ça aura été une préparation de cinq ans pour Tokyo, et si je n’y vais pas, ça sera un gros coup dur.
Quels sont les souvenirs des JO qui vous ont marqué, donné envie d’y aller ?
Depuis toute petite, j’ai toujours aimé suivre les grands événements sportifs à la télé. Je supporte la France sur la Coupe du monde de foot, les championnats du monde d’athlétisme... mais il n’y a pas un événement en particulier aux JO. Ou alors plutôt l’absence de bateau féminin français aux JO de Londres. J’avais ans, je préparais les championnats du monde Juniors et je ne trouvais pas ça normal. Je me disais qu’il n’y avait pas une rameuse à laquelle m’identifier, mais je ne m’attendais pas à faire les Jeux quatre plus tard.
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Mon but ultime, après avoir fini
à Rio, c’est d’aller chercher une médaille ”