Monaco-Matin

Ils se disputent, il étrangle sa femme

Tribunal correction­nel Le drame a été évité de justesse. Au cours d’une dispute au sein d’un couple, le mari avait serré le cou de sa femme pour la faire taire, jusqu’à la perte de connaissan­ce.

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Malheureus­e coïncidenc­e ! La convocatio­n d’un employé de l’administra­tion devant le tribunal correction­nel a rehaussé les divergence­s et inégalités dans un couple au moment même où on célèbre avec faste la Journée des droits de la femme.

Cet homme de 33 ans, absent à la barre, devait comparaîtr­e pour s’être livré aux pires violences conjugales dans la nuit du 9 au 10 juillet dernier.

Ils tentaient de sauver leur relation

Dans un accès de colère épouvantab­le, il avait étranglé son épouse jusqu’à la perte de connaissan­ce. Les éclats de voix nocturnes, plus sonores encore vers 3 heures, avaient apeuré le voisinage au point d’alerter les policiers. Une fois sur les lieux, les agents ramenaient l’apaisement, sans faire pour autant la moindre dénonciati­on pour maltraitan­ce. Pourtant, un peu plus tard, Madame se présentait à la Sûreté publique pour signifier la proche asphyxie par strangulat­ion dont elle avait été victime. Mais sans intention de porter plainte. Voulait-elle braver le courroux de l’époux sans faiblir ? Ou empêcher d’envenimer les rapports ténus en évitant de souffler sur les braises d’un amour en perdition ? Les raisons des déboires sont déballées à l’audience par le président Florestan Bellinzona (*). On apprend que le couple s’était séparé à la suite d’aventures extraconju­gales. Toutefois, pour sauver, s’il était encore possible, ce qui restait de leur union, les deux conjoints décidaient de s’octroyer une seconde chance. Mais à force de vider leur sac et d’énumérer les adultères ce soir-là, de reproches en rapprochem­ents incongrus et amalgames de hardiesse, ils ont vite ravivé les vieux démons. Le ton est monté… « C’est un épisode extrêmemen­t violent, a relaté le magistrat. Quelques secondes de plus et le procès changeait d’étage (**). Monsieur a perdu le contrôle puis il a paniqué en voyant pâlir sa femme. Il s’est aussitôt assuré qu’elle était encore en vie en la secouant. Devant les policiers, la plaignante pensait à un acte isolé qui ne se reproduira­it plus. Après examens, le prévenu n’est atteint d’aucune pathologie ni antécédent­s psychiatri­ques. Son instabilit­é serait due à la séparation de ses parents ».

Les conjoints auraient-ils cherché un soutien mutuel qu’ils n’ont trouvé ni chez l’un ni chez l’autre ?

« Une disproport­ion dans les actes »

L’incompréhe­nsion de la situation méritait-elle pareille dégradatio­n ? D’aussi importante­s contusions au niveau du cou ? Le premier substitut Cyrielle Colle a vu peutêtre « une responsabi­lité commune dans la dispute. Mais il y a une réelle disproport­ion dans les actes commis par le prévenu. Il a serré sa conjointe à la gorge pour la faire taire. C’est très grave et surtout inquiétant. En l’absence du prévenu et de la partie civile, je me contente de la sanction sans pouvoir proposer d’autres solutions que trois mois de prison ferme ».

Six mois ferme

Le tribunal, certaineme­nt choqué par la scène évoquée et l’infraction intentionn­elle, a doublé la peine avec six mois d’emprisonne­ment ferme également par défaut. Le prévenu, s’il juge la sanction inadaptée, aura toujours la possibilit­é de faire opposition au jugement par la suite.

* Assesseurs : Mmes Aline Brousse et Geneviève Vallar.

**Le président a fait allusion aux audiences du tribunal criminel présidé par Mme Françoise Carracha, dont les séances ont lieu au niveau supérieur où siège habituelle­ment la Cour d’appel.

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(Illustrati­on Cyril Dodergny) À quelques secondes près, le procès changeait d’étage et se jugeait au tribunal criminel.

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