Monaco-Matin

« On ne peut plus rien laisser passer »

Fabienne Langoureau, secrétaire académique du SNES-FSU

- PROPOS RECUEILLIS PAR C.C.

Que vous inspire le type d’incident survenu dans un collège à Menton ?

On a connaissan­ce d’incidents de cette sorte dans les établissem­ents scolaires. À Nice, juste avant les vacances encore, une arme a été introduite dans un collège, et des menaces de mort ont visé un enseignant. L’enquête est en cours. Ces épisodes à répétition ne sont pas nouveaux. Mais après ce qui est arrivé à Samuel Paty, on y est peut-être doublement attentifs.

En tant que syndicat, que pouvezvous faire ?

J’ai demandé la protection juridique au rectorat pour cet enseignant à Nice, comme pour celui de Guillaume-Apollinair­e [menacé de mort en novembre dernier, N.D.L.R.]. Les enseignant­s sont encore sous le choc. Aujourd’hui, une menace de mort écrite sur un cahier prend une tout autre ampleur. On se dit qu’on ne peut plus rien laisser passer, car le danger est au bout de la rue...

Le contexte actuel est particuliè­rement anxiogène ?

Alors qu’on a vu ces bagarres entre bandes rivales [en région parisienne, N.D.L.R.], on voit bien la réponse du gouverneme­nt à ce malaise : nous supprimer des postes ! Pas seulement des enseignant­s, mais tous ces adultes qui sont là pour empêcher une montée de la violence, dans un contexte anxiogène. Dans les Alpes-Maritimes, il y aura  postes supprimés à la rentrée, pour   élèves de plus. On arrive à des situations difficiles.

Comment répondre à ces incidents en milieu scolaire ?

Quand il y a menace de mort contre un enseignant, il est hors de question de laisser l’élève dans cet établissem­ent. Mais le déplacer n’est pas non plus la seule solution. Il faut un vrai travail d’accompagne­ment, alors qu’on veut supprimer les CIO [conseiller­s d’orientatio­n, N.D.L.R.]. Et nous ne sommes pas formés face à ce genre de menace. Il faut un suivi post-traumatiqu­e.

Un enseignant confronté à un incident peut rechigner à l’ébruiter, de peur que cela ne prenne de l’ampleur. Que conseillez-vous ?

De libérer la parole. Il faut parler ! Il ne faut pas que les collègues confrontés à ce type de menace se renferment.

Il faut prévoir des heures de concertati­on avec toute l’équipe pédagogiqu­e. Car cela peut arriver à n’importe qui.

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