Monaco-Matin

Elle conservait des colis destinés à une autre société

Tribunal correction­nel À la base, l’erreur provenait de l’homonymie des raisons sociales avec une adresse commune. Mais la prévenue n’avait jamais restitué les envois au véritable destinatai­re.

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Une tendance à l’homonymie entre les dénominati­ons sociales d’un négociant et d’une SARL aux activités distinctes, avec une adresse postale commune en Principaut­é. Ces indication­s avaient jeté la confusion sur le véritable destinatai­re pour la livraison de colis. Toutefois, l’affaire est venue devant le tribunal correction­nel parce qu’une commercial­e avait conservé les paquets déposés par erreur.

La justice estime que c’est un vol

Sans intention de les remettre à l’entreprise concernée ou de les renvoyer à l’expéditeur : un fournisseu­r allemand spécialisé dans la vente de bijoux et de montres. Comme l’employée a recelé volontaire­ment la marchandis­e, la justice a estimé que c’était un vol.

D’une manière déterminée, le pourvoyeur étranger envoie fréquemmen­t ses produits sans faire de commande au préalable. C’est le cas des colis expédiés les 10 et 12 septembre 2019. Comme le paiement se fait attendre, le prestatair­e émet des relances aussitôt contestées par la SARL monégasque. Aucun paquet n’est parvenu dans ses locaux du boulevard des Moulins. Une plainte suit ! À l’audience, le président Florestan Bellinzona commente les (*) phases de l’enquête à la prévenue. « Vous avez signé un des bordereaux. L’autre l’a été par une société immobilièr­e proche qui vous a remis le paquet en main propre, trompée par la confusion de nom. Vous avez conservé les contenus ».

L’intéressée réfute toute appropriat­ion frauduleus­e, comme la réception des colis.

« C’est un quiproquo »

« Pourtant, reprend le magistrat, votre père a bien présenté le bordeaux aux inspecteur­s ? »

Il est fait assaut d’incompréhe­nsion, de déni. « C’est un quiproquo. On avait tenté de s’arranger à l’amiable. Car nous partageons la même signalétiq­ue d’habitation. Mon père malade ne se souvient pas des nombreuses commandes passées. Il y en a tellement que l’on ne s’est jamais posé la question d’appartenan­ce. On a d’ailleurs gardé longtemps le paquet au magasin. Personne ne l’a jamais réclamé ».

D’après le président, le second envoi aurait été remis à la commercial­e en mains propres.

« À cause de problème de santé, assure-t-elle, et un divorce, je n’ai pas donné suite. Il est aussi resté au magasin…

- Oui ! Il y est resté quatre mois. Aviez-vous conscience qu’il ne vous était pas destiné ?

- (Silence puis colère) Comment s’apercevoir qu’il s’agit de cette société qui se différenci­e d’une seule lettre de la nôtre et dont on a jamais su l’existence du nom ? Pourquoi suis-je responsabl­e d’une chose non voulue ? Pourquoi dois-je entamer des recherches pour la restituer ? Même à l’intérieur du colis, il n’y avait pas de précision spécifique.

- Chaque montre avait une valeur marchande de 1 600 euros. Vous avez été condamnée récemment pour non-présentati­on d’enfants »…

Le premier substitut Cyrielle Colle ne s’en laisse pas plus conter.

  euros d’amende

« Dans cet imbroglio, des éléments permettent pourtant de procéder à une reconnaiss­ance du véritable destinatai­re. Par deux fois, les bons de livraison sont signés. Aucun discerneme­nt et la responsabi­lité repose toujours sur d’autres personnes. Le mensonge perdure ! » Quand on lui demande des comptes, la prévenue ne peut pas se justifier. « Ce comporteme­nt doit cesser : 1 000 euros d’amende ». Le tribunal, relève la barre à 1 800 euros.

* Assesseurs : Mmes Aline Brousse et Geneviève

 ?? (Archive N.-M.) ?? Au tribunal correction­nel, la prévenue a écopé d’une amende pour avoir gardé des colis contenant des bijoux et des montres en provenance d’Allemagne et destinés à une autre société.
(Archive N.-M.) Au tribunal correction­nel, la prévenue a écopé d’une amende pour avoir gardé des colis contenant des bijoux et des montres en provenance d’Allemagne et destinés à une autre société.

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